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Il découvrit que le vrai but de l'art n'était pas de créer de beaux-objets. C'était une méthode de réflexion, un moyen d'appréhender l'univers et d'y trouver sa place, et les éventuelles qualités esthétiques que pouvait offrir une toile individuelle n'étaient que le sous-produit presque accidentel de l'effort accompli pour s'engager dans cette quête, pour pénétrer au coeur des choses.
Afficher en entierJe voulais vivre dangereusement, me pousser aussi loin que je pourrais aller, et voir ce qui se passerait une fois que j'y serais parvenu.
Afficher en entierJ'avais sauté du haut d'une falaise, et puis, juste au moment où j'allais m'écraser en bas, il s'est passé un évènement extraordinaire : j'ai appris que des gens m'aimaient. D'être aimé ainsi, cela fait toute la différence. Cela ne diminue pas la terreur de la chute, mais cela donne une perspective nouvelle à la signification de cette terreur. J'avais sauté de la falaise, et puis, au tout dernier moment, quelque chose s'est interposé et m'a rattrapé en plein vol. Quelque chose que je définis comme l'amour. C'est la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute, la seule qui soit assez puissante pour nier les lois de la gravité.
Afficher en entierOn ne peut pas savoir où l'on est sur cette terre, sinon par rapport à la Lune ou à une étoile. L'astronomie vient d'abord ; les cartes du territoire en découlent. Juste le contraire de ce qu'on attendrait. Si on y pense assez longtemps, on en a l'esprit chamboulé. Ici n'existe qu'en fonction de là ; si nous ne regardons pas en haut, ne ne saurons jamais ce qui se trouve en bas. Méditez ça, mon garçon. Nous ne nous découvrons qu'en nous tournant vers ce que nous ne sommes pas. On ne peut poser les pieds sur le sol tant qu'on n'a pas touché le ciel.
Afficher en entierNos vies sont déterminées pas de multiples contingences, déclarai-je, en essayant d'être aussi succinct que possible, et nous luttons chaque jour contre ces chocs, ces accidents, afin de conserver notre équilibre. Il y a deux ans, pour des raisons philosophiques et personnelles, j'ai décidé de renoncer à cette lutte. Ce n'était pas par envie de me tuer - n'allez pas croire ça - mais parce qu'il me semblait que si je m'abandonnais au chaos de l'univers, l'univers me révèlerait peut-être en dernier ressort une harmonie secrète, une forme, un plan, qui m'aideraient à pénétrer en moi-même. La condition était d'accepter les choses telles qu'elles se présentaient, de se laisser flotter dans le courant de l'univers. Je ne prétends pas y avoir très bien réussi. En fait, j'ai échoué lamentablement.
Afficher en entierI was seventeen years old, and all of a sudden, without the slightest flicker of a doubt, I understood that my life was my own, that it belonged to me and no one else.
Afficher en entierComme me l'avait un jour lointain expliqué oncle Victor, une conversation ressemble à un échange de balles. Un bon partenaire vous envoie la balle droite avec le gant, de sorte qu'il vous est presque impossible de la rater ; quand c'est à lui de recevoir, il rattrape tout ce qui arrive de son côté, même les coups les plus erratiques et les plus incompétents. (...) Mieux encore, son talent était tel qu'elle me donnait toujours l'impression que j'avais fait exprès de mal lancer, comme si mon seul objectif avait été de rendre la partie plus amusante. Elle me faisait paraître meilleur que je n'étais et cela me donnait confiance, et m'aidait ensuite à lui envoyer des balles moins difficiles à recevoir.
Afficher en entierUn vernis particulier ternis les yeux des New-Yorkais, une forme naturelle peut-être nécessaire d'indifférence à autrui. Par exemple l'apparence ne compte pas. Tenues extravagantes ,coiffures bizarres, T-shirt imprimés de slogans obscènes- personne n'y fait attention. En revanche quelque accoutrement qu'on arbore la façon dont on se comporte est capitale. Le moindre geste étrange est immédiatement senti comme une menace. Parler seul à voix haute, se gratter le corps, fixer quelqu'un droit dans les yeux: de tels écarts de conduite peuvent déclencher dans l'entourage des réactions hostiles et parfois violentes...
Afficher en entier"Une voix transmise électriquement n'est pas réelle affirmai-je . Nous nous tous habitués à ces simulacres de nous mêmes, mais si on veut bien y réfléchir, le téléphone est un instrument de distorsion et de fabulation. C'est la communication entre des fantômes, la sécrétion verbale d'esprits dépourvus de corps. J'ai envie de voir la personne à qui je parle. Si je ne peux pas, je préfère ne pas parler".
Afficher en entierA partir de ce moment en fait, je ne levais plus le petit doigt, je ne fis plus rien pour m'en sortir. Dieu sait pourquoi j'agissais ainsi. A l'époque je me suis inventé d'innombrables raisons, mais en somme cela se réduisait sans doute au désespoir. J'étais désespéré, et face à une telle tourmente une attitude drastique me paraissait en quelque sorte indispensable. Je voulais cracher sur le monde, accomplir l'acte le plus extravagant qui fût. Avec toute la ferveur et l'idéalisme d'un jeune homme qui a trop pensé et lu trop de livres, je décidai ainsi que cet acte serait rien: mon action consisterait en un refus militant de toute action. C'était du nihilisme haussé au niveau d'une proposition esthétique. Je ferais de ma vie une oeuvre d'art, me sacrifiant à ce paradoxe raffiné: chaque souffle de vie me préparerait à mieux savourer ma propre fin. Tous les signes convergeaient vers une éclipse totale, et en dépit de mes tentatives de les interpréter différemment, l'image de cette obscurité peu à peu me fascinait, j'étais séduit par la simplicité de son dessein.(...) L'éclipse totale, la bête avait été immolé, ses entrailles déchiffrées. La Lune cacherait le Soleil, et alors je disparaîtrais. Je serais complètement fauché, un débris de chair et d'os sans un centime à revendiquer.
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