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Kay est comme beaucoup d'autres : il pense que les sentiments sont l'apanage des femmes et que les hommes doivent étouffer les leurs. Comme si le cœur avait un genre, il y que l'empêcher de battre le rendait plus fort.
Afficher en entierJe me place à côté de la tombe. Me voilà au seuil de mon destin. L’épée est bien banale, vue d’aussi près. Sur son pommeau est enroulé un dragon. Je l’agrippe à deux mains tout en détaillant le gisant. J’ai l’impression qu’Uther va se réveiller, qu’il va entrouvrir les yeux pour les plonger dans les miens, et que son sourire n’affiche plus du dédain mais de la satisfaction. L’instant passe et le voilà à nouveau endormi.
Je tire sur l’épée, qui n’offre aucune résistance, à tel point que je suis déséquilibrée d’avoir mis trop de force dans mon geste. Je contemple la lame, encore surprise par la facilité avec laquelle j’ai réussi à la déloger. Je savais pourtant que c’était moi qui étais destinée à la délivrer de la pierre, car je suis la fille d’Ygerne et Uther Pendragon. C’est pour cela que Merlin m’a cachée, pour éviter que l’on découvre trop tôt l’existence de l’héritière de Logres. Les prophètes se sont trompés : ce n’est pas un roi, mais une reine qui vient de naître.
(Prologue - Morgane)
Afficher en entierLes légendes sont écrites à l'image des hommes, aussi comment pourrais-je en être l'héroïne ?
Afficher en entierIl n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de révéler la vérité, Morgane. Elle est toujours cruelle.
Afficher en entierSi les personnes qui entendront mon histoire doutent de sa véracité, puissent-elles au moins ne pas oublier mon nom : Morgane Pendragon.
Afficher en entierLe silence revient. Le barde a-t-il fait appel à ses pouvoirs ou est-ce que cette voix métallique est réellement la sienne ? Pour beaucoup, cette dernière possibilité serait la plus terrifiante. Même moi qui connais Merlin depuis des années, je ne sais toujours pas s’il est un être humain ou s’il y a en lui une part de monstre. Sans doute un peu des deux.
(Arthur)
Afficher en entierJ’ouvre les yeux avec l’esprit encore plus confus que la veille. Je me racle les paumes des mains sur le sol gelé en m’extrayant de ma tente. L’air est moins froid qu’hier, mais il parvient quand même à me réveiller. Mes compagnons ont déjà presque fini de démonter notre campement installé en lisière de la forêt de Camelot. Je scrute au loin les hautes murailles de bois de la cité et le bosquet de la Déesse à proximité.
(Morgane)
Afficher en entierLancelot peut finalement se montrer plaisant quand il abandonne sa suffisance.
– Un choix judicieux. Lancelot de l’Étang aurait été en effet moins séduisant.
La fille de Leodagan est une beauté. Je ne suis pas le seul à le penser : j’ai remarqué le regard de Morgane. La jalousie me mord quand je songe qu’elle pourrait faire de Guenièvre sa reine. Heureusement, c’est moi qu’elle aime.
(Arthur)
Afficher en entierMorgane me relève et scelle mon serment par un baiser de paix, plus long qu’exigé. Nos âmes soudées, nos corps se séparent.
Les Épées se succèdent jusqu’à Guenièvre. Puis Morgane se redresse, lève le fourreau d’une main et place l’autre au-dessus.
– À mon tour de vous rendre ce serment que vous m’avez prêté. Je promets de régner sur Logres avec honneur, justice et équité.
L’assemblée bruisse de surprise, car la cérémonie des hommages ne prévoit pas qu’un ou une suzeraine jure fidélité à ses vassaux. Par ce geste, Morgane vient de gagner un peu plus leur estime.
– Je ne sais plus ce qu’il me faut faire. Veuillez m’excuser, c’est la première fois que je suis reine.
La solennité du moment cède la place aux rires.
– Merlin, éclaire-nous sur ce qu’exige la tradition.
(Arthur)
Afficher en entierCette satisfaction est de courte durée.
Car un second cortège, mené par Bademagu et son fils Méléagant, franchit les portes pour s’immobiliser devant le nôtre. Morgause, Lot et leur fils Gauvain s’en extraient pour s’avancer jusqu’à moi. Le roi d’Orcanie me dévisage quelques secondes avant de prendre la parole :
– Nous ne reconnaissons aucun roi au royaume de Logres.
La colère me gagne immédiatement, ravivée par le souvenir des armes dressées quelques instants plus tôt.
– Voilà qui est une bonne chose, messire Lot, puisqu’il n’est pas ici question de reconnaître un roi mais une reine.
(Morgane)
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