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Il sourit comme un dément.
Je plissai les yeux avec méfiance.
- Est-ce que tu comprends les règles, au moins ?
Je ne l’aurais pas cru incapable de regarder le match uniquement pour mater les gars en pantalons moulants.
- Bien sûr que oui ! C’est tout comme le Quidditch, mais sans les balais.
Je méritai bien cette réponse, ça m’apprendrait à demander. Je secouai la tête et me réfugiai dans ma bière. Faisant remuer le liquide amer dans ma bouche, j’inspectai l’étiquette sur la bouteille.
- Pourquoi tu dépenses ton fric sur des trucs aussi chers ? T’obtiendras le même résultat avec une bière bon marché.
- T’es sûr ?
Son sourire se transforma en ce que n’importe qui d’autre aurait qualifié d’espiègle. Mais pas moi.
Je regardai l’étiquette de plus près.
- Quoi, 9% d’alcool par volume ? T’essaierais pas de me saouler ? Désolé, mais tu vas avoir besoin d’un truc plus corsé.
J’étais pourtant déjà bien joyeux. Juste assez pour sombrer dans le bleu de ses yeux.
- Je garderai ça à l’esprit.
Il sourit tandis qu’il se penchait en avant, le bol de popcorn à moitié vide dans les mains.
Son tee-shirt à manches courtes était noir, et le fin coton qui lui seyait bien était en parfait contraste avec le blanc laiteux de sa peau et le duvet blondinet sur ses bras. Ils invitaient au contact, et je le touchai donc. J’effleurai avec le dos de mes doigts la peau nue dans un geste presque innocent, un acte de curiosité. Je caressai le duvet soyeux. Le bol fit un bruit sur la table, et Léandre se tourna vers moi. Son visage était si proche du mien que ses yeux devinrent flous. Je sentais l’odeur de bière, de savon, et une légère trace de transpiration. Si réel, si vivant, que j’en eus le souffle coupé. Nous bougeâmes par intermittence, l’inclinaison de la tête, les paupières papillonnant, les lèvres s’approchant les unes des autres par la force magnétique du désir. Il avait un goût amer et salé, une réponse idéale à mes envies soudaines.
À sa façon d’embrasser, on aurait pu croire qu’il était aussi affamé que moi.
Afficher en entierTandis qu’il s’affairait, je frottai le dos de ma main et me demandai quand j’étais devenu une telle mauviette. J’allais devoir reprendre le contrôle.
Il déposa un mug fumant en face de moi.
— Grog à la camomille. La recette de mamou.
— Mamou ?
— Ma grand-mère. C’est elle qui m’a élevé à la mort de mes parents. Attention, c’est chaud.
J’avais l’impression qu’il ne voulait pas s’épancher sur ses morts plus que moi. Par-dessus tout, je n’avais pas envie de connaître les détails intimes de sa vie. Ne pas fréquenter d’autres personnes et m’immiscer dans leur vie faisait partie de ma politique « sans complications ».
— Et toi, alors, tu étudies quoi ? m’enquis-je avant de prendre une gorgée précautionneuse.
Ça avait un goût affreux, avec pour salut le brûlant du rhum.
— Oh. Rien. Je suis pas étudiant.
Cette nouvelle me surprit : je ne m’étais pas imaginé qu’il puisse être autre chose.
— Tu fais quoi, alors ?
Il se mordit à nouveau la lèvre. S’il n’arrêtait pas, elles allaient finir par gercer.
— Je suis… hum… voyant.
Oh, génial, un taré. Je fis de mon mieux pour garder une expression neutre.
— Tu lis la bonne aventure ? demandai-je poliment.
La meilleure manière d’affronter des dérangés, c’est encore de leur faire croire qu’on les prend au sérieux.
— Non. Rien à voir. Je retrouve des choses.
L’intrigue se corsait.
— Quel genre ?
— Le genre que les gens égarent. Des chats, des chiens, des clés, des babioles.
Ça m’avait l’air bien louche, tout ça.
— T’arrives à gagner ta vie avec ça ? Il haussa les épaules.
— En fait, je ne fais ça professionnellement que depuis peu de temps. Je fais aussi spectateur.
— Spectateur de quoi ?
— Je m’assieds dans le public pour les émissions télé, tu vois.
— Je pensais que les gens devaient faire des files monstres pour y participer.
— Pour les populaires, bien sûr, mais même celles-là ont tendance à engager quelques professionnels. Un public payé rira même si les blagues ne sont pas drôles. J’ai signé dans une agence de casting en tant que figurant, et c’est eux qui m’y envoient. Ça ne rapporte pas des masses, mais c’est toujours mieux que rien.
Je commençais à me douter qu’il allait me causer plus d’ennuis que je n’aurais cru. Il avait plutôt intérêt à payer sa moitié du loyer à temps. Je ne tenais pas une œuvre de charité pour les orphelins adultes, peu importe si leurs yeux sont très grands et très bleus.
Afficher en entierAndy gigota pour mieux se pelotonner.
Il emmêla ses doigts aux miens et, ensemble, nous fixâmes le ciel. Ensuite, Andy leva nos mains jointes vers les étoiles et frotta du pouce la base de mon annulaire.
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