Extraits

En ouvrant ma valise, je découvre une enveloppe posée sur mes vêtements. Mon prénom est écrit dessus, je reconnais l'écriture de Daniel. Lettre de rupture ? Confidences ? Je tremble, j'ai le coeur qui bat vite. A l'intérieur de l'enveloppe, il y a un billet d'avion pour Paris en date du 25 juillet et quelques mots griffonés sur un bristol :

<< Les choses sont arrangées avec Monsieur Guttierez.

D.W >>

- Dis-moi, cet homme ne mâche pas ses mots !

D'un geste vif, mon visage se tourne vers Vincent. Il sourit jusqu'aux oreilles. Je le fixe d'un air à la fois interrogateur et éberlué.

- Pardon Julia. Je ne voulais pas êtres indiscret.

- Non, non... Dis-moi ce qui te fait dire ça ?

- Eh bien... le message est plutôt... explicite... sans détour... Un peu chaud pour tout dire.

- << Chaud >> ? C'est plutôt gentillet, limite un peu mièvre...

- Oh... ?! Tu ne vois pas ?

- Voir quoi ?

- Lis une phrase sur deux, tu vas comprendre...

<< Je voulais vous dire, vous assurer, avant que vous ne preniez l'avion tout à l'heure, de ma hâte, de mon envie de vous revoir et déposer, sur votre fraîche joue, un baiser. Et soyez certaine que je vous attendrai à l'aéroport, je m'y engage.

D.W >>

-Ah oui ! Effectivement...

Une fois la voiture hors de vue, Daniel m’embrasse avec fougue.

– Tu m’as manqué, hier soir.

– Tu m’as manqué ce matin, rétorqué-je en souriant

– Il faudra y remédier…

– Quand ?

– Pourquoi pas tout de suite ? me demande-t-il en glissant ses mains sur mon dos.

Comme à chaque fois, les mains de Daniel sur moi suffisent à m’enflammer. Je lui rends son baiser, que je prolonge, juste pour le plaisir de le sentir tout contre moi. Mais Daniel n’entend pas en rester là : Il me prend par la main et m’entraîne en courant de l’autre côté du parc. Je ne me suis jamais promenée par ici. Totalement en retrait par rapport au manoir, j’y découvre une alcôve de verdure. Il fait chaud, mais dans ce lieu hors du monde, abrité des regards par un toit de feuilles et de branches, la température est étrangement fraîche. Les arbres laissent filtrer une douce lumière. Daniel me couche délicatement sur le sol et entreprend de me déshabiller lentement. Un à un, il ôte mes vêtements et laisse le temps à la brise de caresser ma peau. Bientôt, je ne porte plus que ma culotte. Quand il aperçoit la chair de poule qui recouvre mes seins, il laisse ses doigts se promener de mon cou à mon ventre. Il me masse longuement. C’est un pur délice de se sentir ainsi à la merci de cet homme. Je pourrais passer des heures ainsi.

Daniel me retourne sur le ventre. Mes seins et mon ventre sont pressés contre l’herbe tendre. La joue posée sur mes mains, je soupire d’aise. Les doigts de Daniel parcourent mon dos avec plus d’impatience que précédemment. Il n’a plus envie d’attendre. Il glisse une de ses paumes sous le tissu de mon sous vêtement, palpe mes fesses d’un geste rapide et assuré, puis tire brusquement. Le voile se déchire et me fait sursauter. Il achève de me débarrasser du lambeau d’étoffe en le jetant loin de moi. Je suis nue.

Daniel sourit.

– Touché. Je le reconnais, j'aurais dû te prévenir avant et te donner plus de nouvelles. T'aurais-je manqué ?

Je me frotte contre lui, telle une chatte qui ronronne :

– Peut-être...

Il m'assène une tape sur les fesses.

–Vilaine fille ! Je ne suis pas sûr que tu mérites le cadeau que je t'ai ramené !

– J'ai un cadeau ?

Daniel éclate de rire : mon sourire ravi lui fait plaisir. Il se lève et sort de la chambre, pour revenir avec une boîte longue et plate enveloppée d'un papier brillant.

Je ne l'ai pas en main depuis trente secondes que j'ai déjà déchiré l'emballage pour découvrir une pochette en satin noir. À l'intérieur, alors que je pense trouver un bijou Tercari, je découvre... un sex toy.

Noir mat, très doux au toucher, cet objet pourrait passer pour un gadget de design à la mode. Il est même plutôt joli. Il n'a pas la forme phallique attendue. En fait, on dirait plutôt un œuf.

– C'est pour faire quoi ?, j’ose demander un peu perdue.

– Pour jouer ! me répond-il en riant. Tu n'en as jamais utilisé ?

– Non...

– Alors laisse-toi faire.

D'où Daniel sort-il le foulard de soie avec lequel il m'attache les poignets ?

Nue, les mains au-dessus de la tête, liées aux barreaux du lit, je suis offerte aux désirs de mon amant. Il allume le jouet qui se met à vibrer. À mesure qu'il augmente l'intensité, dans le creux de sa main, j'entends à quel point l'objet est puissant. Sous le bandeau, je suis un peu inquiète. Daniel pose sa main sur l'intérieur de mes cuisses pour m'inciter à écarter les jambes.

Je sens tout d'abord ses doigts, qui me pénètrent longuement, comme s'il avait oublié le sex toy. Je ne tarde pas à me sentir dégouliner. J'ai rarement été aussi excitée : je suis en transe.

Sans que je comprenne pourquoi, Daniel délaisse mon sexe.

Pourquoi ? Qu'il revienne ! Je le veux !

Mais Daniel décide de s'occuper de ma poitrine : il les embrasse, les lèche, les mord...

Je n'en peux plus. Je ne sais pas où Daniel veut en venir, mais surtout, qu'il ne s'arrête pas.

Pourtant, il s'interrompt encore. Je suis au comble de la frustration, quand il dépose le sex toy sur mon clitoris. Bien qu'il ait réglé l'intensité au minimum, la sensation est étonnante. Rien n'a jamais stimulé mon bouton de cette manière. Je ne sais plus d'où viennent les multiples stimuli qui m'assaillent. Rien ne semble pouvoir arrêter la lente progression du plaisir nouveau qui monte en moi et qui me stupéfie : je n'imaginais pas pouvoir jouir comme ça. C'est finalement une sorte de feulement quasi animal qui s'échappe de mes lèvres.

Contrairement à d'autres orgasmes, celui-ci est loin de m'apaiser : au contraire, je me sens bouillante. Quand Daniel dénoue le bandeau, il semble lire mon désir dans mes yeux et y répond d'un sourire. Il détache mes poignets et entreprend de les masser.

Mais je n'ai pas mal, j'ai envie de lui. C'est bien ce que je veux lui faire comprendre en passant au dessus de lui, le chevauchant en amazone. Je frotte mon sexe encore humide de plaisir contre son pubis. Il me tend un préservatif. Je m'applique à le mettre en place, avec un regard gourmand. J'ai hâte de le sentir de nouveau en moi.

Daniel attrape mes hanches et me place au dessus de son sexe bandé. Il se glisse en moi en gémissant de plaisir. Assise sur lui, je savoure la sensation de sentir son sexe au fond de moi, puis commence un très lent déhanché. Pour la première fois, Daniel me laisse mener la danse. J'apprécie ce privilège à sa juste valeur. Je peux lire le plaisir sur le visage de cet homme d'habitude si maître de ses émotions. Si mon propre plaisir n'était pas aussi intense, je pourrais passer ma nuit à le contempler.

– Tu es envoûtante, Julia..." me murmure-t-il, au bord de la jouissance.

Je ne sais pas si ce sont ces mots, mais l'orgasme qui suit me semble extraordinairement puissant. Nous jouissons en même temps. Rompue, je m'effondre sur le torse de Daniel.

Nous restons un long moment à écouter le silence dans les bras l'un de l'autre. Du bout des doigts, Daniel me caresse les cheveux. Lorsqu'il se glisse à côté de moi, ses mains descendent sur mes épaules, puis sur mon dos. Ses doigts tracent des arabesques compliquées entre mes omoplates, puis se laissent glisser vers la cambrure de mes reins. Ils remontent ensuite lentement, non sans s'être égarés à faire frissonner mes fesses, l'espace de quelques effleurements. Mais il n'est plus question de sexe, juste de bien-être. Je m'endors sous les caresses voluptueuses de mon amant, sereine et apaisée.

Mr Fire est revenu.

Où suis-je tombée ?

Il m'aura fallu du temps pour comprendre ce que Vincent me confirme de son haleine chargée:

- J'espère que le style de la soirée ne te choque pas ? On est entre nous... Bien sûr, tu n'es pas obligée de participer, ajoute-t-il en me poussante du coude.

Une soirée libertine ?

Je comprends maintenant la raison de tous ces regards appuyés.

Je commence à réfléchir à un prétexte pour m'éclipser de ce dîner quand je sens quelque chose remonter le long de ma jambe. Je me fige instantanément et lève les yeux vers Daniel. Visiblement, c'est ce qu'il voulait : attirer mon attention. Il me sourit et tourne presque aussitôt la tête vers Richard qui réclame son avis sur un article à propos de la collection qui vient de paraître dans le New Yorker. Mais il ne retire pas son pied, qui continue de caresser mon mollet, vient se blottir au creux de mon genou, glisse à l'intérieur de ma cuisse, se pose contre ma culotte...