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Il vit à Amorea depuis très longtemps.
En fait, il ne se souvient pas d’un temps où il ne vivait pas à Amorea.
Il est en sécurité ici.
Il est heureux ici.
Il adore tout dans cet endroit parce que c’est chez lui. Les gens ici sont sa famille.
Mike Frazier inspire un grand coup l’air de la ville qu’il aime tant et oublie aussitôt tous les moments passés hors d’Amorea. Comme dans un rêve qui s’efface à l’heure du réveil.
Afficher en entierIl rêve d’un beau garçon.
Je ne suis pas très doué pour ça.
Pour quoi ?
Toi.
Tu es très doué pour moi. Peut-être même le meilleur de tous.
Comme son cœur saigne.
Afficher en entierJe le suis aussi, pense Mike d’un ton atone. Je suis réel. Tout ce que je suis est réel. Tout ce que j’ai jamais ressenti est réel.
Afficher en entier— Quelle coïncidence amusante ! s’exclame Sean.
Ils sont arrivés au parc. Mike porte d’une main leur panier de pique-nique, assez lourd, son bras libre droit à l’horizontale avec Sean suspendu à son coude.
Mike regarde furieusement le spectacle sous ses yeux.
Il semble que tout Amorea ait décidé qu’aujourd’hui était le jour idéal pour aller pique-niquer au parc.
Assis près de la fontaine au centre du parc, il voit Happy, Donald et Calvin, qui devraient tous tenir leurs boutiques à cette heure-là, éviter consciencieusement le regard de Mike.
Il y a le Club des femmes d’Amorea, parfaitement installé sur une grande couverture à carreaux, sirotant de grands verres de limonade.
Walter est là, et Mike sait qu’il devrait être au diner. Il vérifie par-dessus son épaule. En effet, le diner est vide, les lumières éteintes. Il peut voir une pancarte sur la porte, mais n’arrive pas à la déchiffrer. Il n’en a pas vraiment besoin de toute façon, sachant qu’elle doit probablement afficher une version ou une autre de PARTI METTRE MON NEZ DANS LES AFFAIRES DES AUTRES. JE REVIENS VITE !!!
Il imagine une pancarte identique sur toutes les boutiques d’Amorea en ce moment.
Il va avoir quelques explications avec certaines personnes par la suite.
— Tiens donc, dit Mike.
Sean lui tapote le bras.
— Ils ne pensent pas à mal.
— Ils s’incrustent, répond-il.
— C’est pour notre bien.
— C’est envahissant.
— Oui. Mais il fallait s’y attendre.
Le regard de Mike s’adoucit en se tournant vers Sean.
— Ah oui ?
Sean hausse les épaules.
— Comme tu as pris tout ton temps. Ils veulent juste vérifier que ça valait le coup d’attendre.
Afficher en entierIl aime la façon dont cette phrase résonne, comme s'ils vivaient ensemble, comme s'il pouvait peut-être se réveiller tous les jours aux côtés de Sean, enlacés en hiver pour se tenir chaud, l'un contre l'autre en été, leurs mains jointes sous un draps léger posé sur leurs ventres nus.
Afficher en entierC'est juste la façon d'être à Amorea. Tout le monde connaît les affaires de tout le monde. Et pour aggraver encore les choses, les habitants de la ville prennent très à cœur le fait que le propriétaire de la librairie et le serveur du diner finissent ensemble.
Sean trouve ça amusant.
Mike beaucoup moins.
Afficher en entierElles sont cinq, toutes autour de la quarantaine, toutes portant de belles robes très colorées (verte, rouge, bleue, jaune et orange) avec des gants et des chapeaux assortis, leurs sacs serrés à leurs côtés. Elles sont très apprêtées, à la pointe de la mode. Mais pas à l’extrême pointe, lui a un jour assuré Mme Richardson, parce qu’elles ne portent pas de pantalons, oh doux Jésus non, pouvez-vous imaginer des femmes portant des pantalons ? Quelle dépravée peut porter des pantalons ? On les appelle des corsaires, et elle l’a dit avec tant de dédain que Mike s’était senti presque désolé d’être aussi libéral d’esprit.
Afficher en entier— Ce n’est pas mon bon ami, dit Mike alors qu’il se sent rougir comme une pivoine.
La malédiction irlandaise, qui le rattrape toujours aux pires moments.
— Oui, on le sait tous, soupire Happy. Tu prends tout ton temps. Cela me rappelle quand je faisais ma cour aux dames, quand nous jouions tous aux innocents à ce sujet. Vous deux, z’êtes plus lents que des tortues.
— C’est juste… commence-t-il. Ça marche. Pour nous. On a le temps. Lentement mais sûrement.
— C’est vrai ? Tu m’en vois ravi. Si vous allez encore plus lentement, vous irez à reculons.
Afficher en entierC’est à ce moment-là que Mike Frazier comprend qu’il ne peut rien faire pour stopper ces événements.
Alors il ne fait rien.
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