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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-03-09T10:38:46+01:00

Sinon, non, rien à voir avec Petula, si ce n'est ce plaisir à prononcer à voix haute le mot downtown.

Mon plus ancien souvenir remonte à plus d'un demi-siècle, j'ai 3 ans, c'est l'heure de la sieste à la maternelle de la rue Clauzel, Paris 9e, les yeux grands ouverts dans un petit lit métallique, j'échoue à trouver le sommeil. Il semblerait que les fondamentaux se dessinent très tôt, et que les oreilles décollées prédestinent au son.

Je m'appelle Pascale Clark, on se connaît et on ne se connaît pas. J'ai parlé à la radio pendant plus de trente ans, si nous avons partagé quelques moments, vous le savez mieux que moi. Quand il arrive que nous nous croisions et que vous me remémoriez un souvenir commun, je me demande si vous ne me confondez pas avec une autre tant les vagues me paraissent avoir fait place nette sur la plage.

Les rouges ne s'allument plus dans mon champ de vision. Mon présent est encombré de trop de « replay », tous les futurs s'accordent pour s'écrire sans moi. Je navigue entre date de péremption et obsolescence programmée. Peut-être ai-je fait mon temps et qu'il n'y aura pas de rappel.

Je viens d'une époque révolue où les voix ne se filmaient pas et où les journalistes étaient crus. Je viens de l'avant-virtuel, quand les peaux avaient l'exclusivité des empreintes digitales. Condamnée à tourner en rond chez moi, inutile, je me heurte à des tas d'objets, témoins muets d'un passé dépassé que je ne me suis jamais résolue à jeter. J'ai bien fait : aujourd'hui, toutes ces choses entassées dans le moindre recoin de mon appartement reprennent vie, réincarnées en pièces à conviction. Les indices tendent à prouver que mes souvenirs ne datent pas d'hier.

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Extrait ajouté par dreamygirl 2023-03-09T10:38:39+01:00

J'ai commandé un earl grey, ça ne me ressemblait pas. Il était 17 h 05, café ou cocktail, rien n'allait, trop tard, trop tôt, la serveuse plantée là attendait, elle ne se laisserait pas repousser une seconde fois, telle une voyageuse irrésolue dont le doigt fige soudain la mappemonde et laisse au hasard le soin de choisir sa prochaine destination, j'ai posé mes yeux d'un coup sur la carte, la première boisson imprimée déchiffrée par ma rétine a fait l'affaire. Va pour un thé. Combien de temps suis-je restée à laisser infuser mes pensées, aucune idée, depuis que le temps s'écoulait hémophile, sa perception dilatée me jouait des tours, je n'avais plus l'heure chevillée au corps. Il me fallait l'admettre, cette journée ne se passait pas si mal, j'étais parvenue à endiguer les larmes qui affleuraient en quasi-permanence, me brouillant la vue pour un oui ou pour un non, il n'y avait donc aucune limite à ma réserve lacrymale, l'eau salée jaillissait en sanglots ou coulait en rigoles silencieuses depuis des mois et des mois, j'aurais pu sauver la mer Morte.

J'avais flâné depuis Odéon en sortant d'un déjeuner avec un ami, je recommençais à quitter ma tanière depuis peu et au compte-gouttes, jusqu'au dernier moment rien n'était certain, je devais encore m'inventer des excuses in extremis quand la perspective d'affronter le dehors me demandait un sursaut d'allant introuvable. L'hiver m'en fournissait de sévères, grippe, virus ou gastro, il s'agirait d'aviser une fois les beaux jours revenus.

Parvenue sur le pont, j'avais capturé dans mon téléphone portable Notre-Dame et sa flèche d'avant les flammes se dressant fièrement au loin, Seine et ciel se répondaient au premier plan en nuances menaçantes, aussitôt postée sur Instagram, la photo s'était enorgueillie de premières alertes affichant des like, je ne semblais pas être la seule à laisser les minutes s'évaporer.

La place du Châtelet était apparue, saturée de fureurs, voitures, scooters, vélos, trottinettes, chacun décidé à passer avant l'autre, j'avais repensé à l'époque où j'appartenais au trafic, ça m'avait donné soif, j'avais opté pour la grande brasserie aux fauteuils rouges où, à peine le cul moulé dans la banquette, j'avais dû repousser d'un mensonge le premier assaut de la serveuse un boîtier de commande à la main.

— Merci, mais j'attends quelqu'un.

— Un homme ou une femme ?

— Qu'est-ce que ça peut faire ?

— Parfois, des gens ont rendez-vous et ignorent que l'autre est arrivé.

Elle avait pointé son menton au loin derrière mon dos.

— De l'autre côté de la salle, un homme attend une femme, alors je demande.

Des multitudes de rencontres manquées étaient passées devant mes yeux ; la vie ces derniers temps me paraissait ne tenir qu'à un fil.

Des éclats de rire ont fusé de la table en biais, l'atmosphère semblait légère sur ma droite à midi et quart, je me suis demandé si mon extinction de voix allait encore durer longtemps, ma convalescence peinait à trouver le chemin de la résilience. Depuis que je ne parlais plus, je m'étais légèrement perdue de vue. La place, l'espace, une latitude, quelques repères temporels, l'attraction d'une boussole, tout ce qui n'allait plus de soi depuis que mes cordes vocales étaient au repos me condamnait à partir à ma propre recherche.

Où étais-je rendue, j'ai jeté un coup d'œil à l'écran muet de mon téléphone portable, il n'était pas exclu que les géolocalisations des applications affichées en façade en sachent plus que moi.

Je m'appelle Pascale Clark, il faut me croire sur parole, le nom figure sur mon passeport de la République française au-dessus d'une date de naissance qui ne me rajeunit pas.

Conçue fin septembre, je suis arrivée sur terre un dimanche d'été à Paris le jour où le pilote Jim Clark remporta le Grand Prix de l'Automobile Club de France de formule 1 sur une Lotus Climax à Reims.

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