« Aimer et être heureux, c'est pas la même chose, et souvent ça n'a rien à voir. »

« Il avait un objectif. Il voulait le réaliser. Il possédait tout ce qui était nécessaire : un calme glacial. Pas celui du chirurgien qui opère, le chirurgien peut se tromper. Lui, il était le bistouri. Même détachement, même indifférence. »

"Je savais que je n'étais plus un enfant, mais j'avais le sentiment d'être encore un petit garçon. En revanche, mes états d'âme devenaient ceux d'un homme. La solitude d'un homme est plus grande que celle d'un enfant."

"Et puis, on n'avait jamais prononcé le mot tabou : "amour". Je l'ai écrit dans mon livre mais je me rends compte que je n'y connais pas grand chose. J'aborde tout ça avec beaucoup de sincérité mais aussi beaucoup d'ignorance."

- Où est-il ? demanda Conall d'une voix glaciale. Je lui arracherai la moelle épinière et l'étranglerai avec.
- Oh, c'est mignon. (Elle se blottit contre lui, encore une première, mais ce n'était pas le moment d'y réfléchir.) Quand j'ai récupéré l'antre, ma première tâche a été de le supprimer.

- La confiance n'existe pas, Ahsford. C'est une invention. Déjà que croire en soi est assez dur, alors en un autre être humain, c'est impossible.

Je frissonnais et mes mains tremblaient dans les poches de ma veste. Mais le froid que je ressentais venait de l'intérieur. En moi, c'était toujours l'hiver. Toujours la neige et la tempête. Le blizzard et les avalanches. Ma météo interne n'avait jamais été clémente. J'étais frigorifié. Mon cœur congelé, en hibernation depuis plus de dix ans. Mes larmes s'étaient figées derrière mes paupières, petites stalactites qui ne glisseraient jamais sur mes joues. Quand je mourrais, mes lèvres bleues n'auraient jamais appris à sourire.

- A quoi penses-tu, Sully ?
- A rien.
- Vraiment ?
- D'accord, je pense à toi.
- C'est mieux.

Son souffle chaud, écho de son désir. Son regard ambré, miroir de son âme. Ses mains habiles, reflet de son ardeur.

Balloté entre l'envie d'être amoureux et la crainte de ne plus être libre, je n'arrivais pas à me faire une idée claire de ce que je voulais vraiment.

- Tu n'as pas à avoir honte. C'est tout à fait normal, au bout d'un moment d'éprouver des sentiments pour son voisin. Pourquoi devrais-tu trouver cela ridicule ?
Elle écarta brusquement mes mains des siennes.
Je dus faire un effort colossal pour ne pas éclater de rire en la voyant devenir écarlate.
- Pourquoi ? Tu veux vraiment savoir pourquoi ? Eh bien, pour commencer, tu ne t'es pas rasé dernièrement et tu ressembles à un bûcheron, ce qui est repoussant. Avec ton bonnet de laine et ta grosse barbe, je suis à moitié surprise que ne portes pas une chemise à carreaux. Tu te douches, au moins ?
- Je me douche. Si tu veux, on peut aller chez moi et prendre une douche ensemble, pour économiser de l'eau.
- Voilà que tu joues les militants écolos, maintenant.
- Pas vraiment. C'est juste que j'adore quand tu es mouillée grâce à moi.

- Que dirais-tu de me retrouver ici à 14h30 ? me demande Dev.
- Parfait. Tant que que tu n'as pas une arme sur toi que tu projettes d'utiliser contre moi.
Il sourit.
- Je ne promets rien.
Je ne sourcille pas.
- D'accord. Moi non plus, d'ailleurs.
(...)
- Ne t'en fais pas, Thibault. Tu sais ce qu'on dit des types comme lui.
Je désigne Dev d'un coup de menton. Les yeux de Thibault rayonnent presque de joie.
- Non, qu'est-ce qu'on dit ?
- Plus ils sont grands et plus ils tombent de haut.
Même Ozzie rit lorsque Dev répond :
- Oh, pari tenu, Bo Peep. On verra ça, tu peux y compter maintenant.

- Que se passe-t-il ?
(...)
Tandis que j'attends sa réponse, je détourne mon cerveau de ces pensées épuisantes, et j'essaie silencieusement quelques phrases désinvoltes d'entrée en matière.
Tu as l'air d'avoir chaud avec ta chemise. Peut-être que tu devrais la retirer ?
Est-ce que tu as une petite amie ? Tu en voudrais une ?
Je me suis trompée, Ozzie. Terriblement trompée. Emmène-moi au lit maintenant.
Est-ce que tu viens souvent ici ?
Sexe. J'ai besoin de faire l'amour !
- Rien de bien particulier, me répond-il finalement, sans se douter de mes élucubrations.

- Miss Time ! Juste à temps, nous allions commencer les prélèvements.
Mon regard flou attiré par le timbre slave de mon ravisseur se posa directement sur sa chemise disco, et là, comme ça, au réveil, j'eus un haut le cœur
- Essayez de prélever un peu de mon bon goût aussi, s'il vous plaît, ça soulagera mes rétines.

- Je t'aime beaucoup, Ian McFarland.
Un sourire lui plissa les yeux.
- Et tu as de l'affection pour moi, bien sûr.
- Absolument. Tu es drôle à regarder.
- Comme un singe sur une piste de cirque ?
- Voilà. Tout à fait.

Si Muriel portait ce cycliste, elle aurait l'air mince et sportive. Quant à moi... Je donnais surtout l'impression d'avoir passé le cap du premier trimestre. A part que je n'étais pas enceinte, hélas. Pas d'un enfant, en tout cas. Mais de crème glacée à la vanille. Voilà. C'était tout à fait ça. J'avais un bébé-bouffe dans le ventre.

- Je sais que tu n'en es pas encore au même chapitre que moi, Cora, et pour le moment je suis déjà content qu'on lise le même livre. Mais à un moment il faudra que tu tournes la page, tu comprends ?

- Tu dois la laisser suivre son chemin, poursuit-elle. Cependant, je dois te dire, Maggie, que ton aura me semble vraiment très sombre. Tu devrais passer à mon bureau un jour de la semaine pour qu'on lui fasse un petit nettoyage.
- Je n'y peux rien, Grand-mère. Mon aura se trouve grosse quand elle n'est pas en noir.

A l'époque où j'avais encore du temps pour les bouquins, j'ai lu un poème qui comparait les souvenirs à de l'argile : faciles à modeler en fonction de nos besoins. Avec le temps, les gens sculptent leurs mauvaises expériences en quelque chose de plus satisfaisant sur le plan esthétique, étirent les moments les plus intéressants, malaxent les faits gênants pour les faire disparaître. Ce qu'ils obtiennent au bout du compte n'est plus un souvenir mais une histoire, et les deux se ressemblent rarement.

- Je sais que tu as un bon cœur, repris-je en soupirant, avant d'ouvrir la porte d'entrée, car à la seconde où je t'ai rencontrée, j'ai eu envie de me battre pour lui.
Elle resta silencieuse.
- C'est à ça qu'on reconnaît un bon cœur.

- Ça se passe comment, les entraînements ?
- Il parle de foot, murmura Lisa. Chut, on dirait un bébé tortue qui essaie de gagner l'océan. Soit il se fait manger parce qu'il n'y connaît que dalle en sport, soit il se met à nager dans le grand océan et découvre qu'il est un vrai mec.

Il a une façon de prononcer mon nom qui me donne envie de me vautrer dans sa voix pour m'en enduire le corps.

- Il a une dent contre toi ?
- La mâchoire entière.

Les incertitudes n'étaient-elles pas les prémices de toutes les convictions ? Les doutes, les prologues de chacun de nos espoirs ?

- Trouve un homme qui a des couilles, Reese.
Je range mon téléphone.
- Les hommes qui ont des couilles me font peur.
- Pas un vrai. Un vrai homme te les confie.