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PROLOGUE
Elle appuya longuement sur la sonnette et regarda la trace moite de son doigt disparaître avec lenteur. Poussant la lourde porte en bois massif, elle trébucha bêtement en entrant sous le grand porche.
« Oh, mais ce n’est pas vrai, je fais vraiment n’importe quoi ce matin », pensa-t-elle, agacée…
Les vieux pavés rendaient le sol inégal et traître, mais ce n’était pas la première fois qu’elle se rendait dans ce cabinet médical et elle aurait dû s’en souvenir. En fait, depuis son réveil ce matin, il lui semblait que tout allait de travers. Elle se sentait nerveuse, de mauvaise humeur sans trop bien savoir pourquoi.
Sans doute la fatigue du voyage et le début d’un « jet-lag » qui promettait d’être terrible…
Elle se dirigeait vers l’escalier, puis se ravisa et entra finalement dans le vieil ascenseur qui sentait un peu le renfermé, mais qui ne manquait pas de charme avec son style vieillot et désuet.
— Trop endormie pour l’escalier ce matin, tant pis ! murmura-t-elle comme pour excuser sa faiblesse. Les portes se refermèrent dans un craquement sinistre et l’ascenseur s’éleva lentement, grinçant et brinquebalant de façon peu rassurante. La montée lui parut étrangement interminable. Elle avait l’impression de manquer d’air, tant la chaleur était étouffante dans ce petit espace si réduit. Les portes se rouvrirent enfin, dans un ultime effort. Elle inspira une grande bouffée d’air frais en sortant précipitamment.
Elle fut soulagée d’ « Entrez sans sonner » chez son médecin comme le stipulait le petit écriteau cartonné suspendu à la porte d’entrée. Une secrétaire qu’elle ne connaissait pas l’accueillit un peu froidement, lui indiquant la salle d’attente.
— Le docteur va vous recevoir dans un instant, lui annonça-t-elle d’un ton laconique, en refermant la porte d’un claquement sec.
Presque aussitôt, elle entendit un bruit de pas précipités. Dans son dos, une autre porte s’ouvrit brusquement, et laissa place à un docteur nettement plus avenant que sa secrétaire.
— Bonjour, dit-il en souriant, mademoiselle Léna ROSE c’est bien ça ? Entrez, je vous en prie…
Léna, surprise de ne pas reconnaître sa doctoresse habituelle, marqua un temps d’arrêt, puis sourit à son tour, en expliquant un peu contrariée :
— Mais en fait, j’avais pris rendez-vous avec le docteur Ravik.
— Mais oui, bien certainement je comprends, mais il se trouve que le docteur est en congé ces jours-ci. Je la remplace pendant quelque temps… Mais si vous souhaitez repousser votre rendez-vous…
— Non, pas de problème, le coupa presque Léna, je la verrai la prochaine fois, ce n’est pas gênant du tout.
Elle entra dans le cabinet en essayant de faire bonne figure, malgré sa légère déception…
Le docteur lui, avait retrouvé sa bonne humeur et commença à l’examiner avec un professionnalisme qui finit par la rassurer.
Elle aimait beaucoup le docteur Ravik et l’aurait revue avec plaisir après ces longs mois passés aux Etats-Unis. Les examens gynécologiques n’étaient déjà pas vraiment une partie de plaisir, alors autant les « subir » avec une femme compétente, qui la connaissait bien et avec qui s’était nouée, au fil des années, une certaine complicité féminine.
— Bien, tout semble être tout à fait normal. Comment vous sentez vous ces derniers temps ? Pas de fatigue anormale ? Vous n’êtes pas bien épaisse vous savez, ajouta-t-il en fronçant légèrement les sourcils.
— C’est vrai que je n’ai pas un appétit d’ogre en ce moment, mais ça va, pas de soucis particuliers. Mais en revanche, je vais avoir besoin de renouveler mon ordonnance de contraceptifs…
— Entendu, rien ne s’y oppose dans votre dossier médical, répondit-il en s’installant à son bureau, afin de remplir une ordonnance.
Pendant ce temps-là, Léna s’était rhabillée rapidement, puis assise à nouveau en face du docteur, attendant tranquillement la fin de l’entretien.
Relevant lentement les yeux vers elle, tout en continuant à sourire paisiblement, le médecin lui tendit l’ordonnance remplie, puis reposa son stylo devant lui.
C’est alors qu’il lui posa une question qui la figea sur place, en la glaçant littéralement de peur :
— VOTRE ACCOUCHEMENT S’EST-IL BIEN PASSE MADEMOISELLE, ET COMMENT SE PORTE VOTRE BEBE ?
Sentant sa peau se hérisser lentement, Léna plongea un regard plein d’effroi et d’incompréhension dans les yeux gris, impassibles et bienveillants du médecin.
Afficher en entierLa promenade devenait un pur délice. Elle aimait le sentir proche d'elle, et aurait même souhaité qu'il le soit encore plus. Fusionner, voilà, c'était ça. Elle voulait ne faire qu'un avec cet homme, tellement son contact lui était intimement plaisant. Elle se sentait glisser lentement dans une douce et voluptueuse torpeur.
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