n'oublie pas que je t'aime

« Ça alors… Quel endroit magnifique ! m’exclamai-je abasourdie. Et cette piscine qui surgit comme cela, on dirait une vision de paradis… »

Paul nous entraîna et déboucha sur une petite clairière encombrée de bois coupé et de pots de peinture.

Un vieil homme sciait une planche avec une scie électrique. Il coupa le moteur de son engin dès qu’il nous aperçut : « Bonjour ! s’écria-t-il cordialement. Content de vous voir ! » Il tendit vers nous une main ridée, veinée de bleu. Ma mère la serra chaleureusement et lui rendit son sourire. Je faillis crier quand il prit la mienne tant il la secoua violemment, mais il continuait de sourire de sa bouche édentée.

« Jim habite la petite maison que vous voyez derrière ces arbres, expliqua Paul. Trudy, la femme de chambre, est en vacances jusqu’en septembre, ainsi que Rachel, la cuisinière. Mais Jim a décidé de passer l’été avec nous.

— Et où est-ce que j’irais ? Je ne connais pas de meilleur endroit que celui-là ! s’écria le père Jim en riant.

— C’est une chance pour nous ! » lui répondit ma mère. Son sourire s’élargit encore dans son vieux visage ridé, comiquement surmonté de six cheveux grisonnants. Je l’aimai sur-le-champ.

« Nous préparons une surprise à Mme Abbott, dit Paul en désignant les planches et les outils dans la clairière. Toute sa vie elle a rêvé d’un kiosque, vous savez ces petites tonnelles, entourées de végétation, dans lesquelles on vient prendre le thé, en admirant les fleurs. Alors son mari nous a demandé de lui en construire un pendant leur absence.