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Bref, je commence à prendre mes marques et, pour continuer à progresser, mon amie Keiko m’a expliqué les cinq règles d’or de la conduite « à la parisienne ». Évidemment, je ne pourrai jamais en appliquer une seule mais je les ai quand même apprises par cœur.
Règle n° 1 : je dois toujours essayer de doubler les autres voitures, par la droite ou par la gauche, l’important c’est d’être devant. Donc, je ne dois pas hésiter à faire des appels de phares car l’automobiliste devant moi va finir par prendre peur et se rabattre sur le côté à toute vitesse pour me dégager la route.
Règle n° 2 : lorsque je suis sur le point de quitter un axe à plusieurs voies et que la voie de sortie est surchargée, ne surtout pas faire la queue comme tout le monde. Je dois rester sur la file de gauche le plus longtemps possible et forcer le passage à la dernière seconde même si je dois pour cela arracher un rétroviseur ou perdre un clignotant.
Règle n° 3 (elle est un peu plus dangereuse mais le Parisien aime prendre des risques en voiture) : je ne dois jamais m’arrêter à un feu orange, d’ailleurs le feu orange pour le Parisien commence dès que le feu rouge vient de s’allumer.
Règle n° 4 : lorsque je commence mon créneau, je dois donner un grand coup de pare-chocs à la voiture qui est derrière moi. Ensuite, un grand coup de pare-chocs à la voiture de devant. Cette technique, dite du « bulldozer » a évidemment pour objectif de me faire une place plus grande car tout le monde sait que les places sont rares à Paris...
Règle n° 5 : prendre à la lettre cette citation de Michel Audiard : « Conduire à Paris est une question de vocabulaire. » Dans les embouteillages, je dois donc ouvrir ma fenêtre pour insulter un piéton, un cycliste, un chauffeur de bus, un automobiliste..., bref celui qui passe à proximité. Il paraît que ça fait du bien.
Afficher en entierMais celui qui a le plus stupéfié Charles-san est celui où les candidats étaient tirés sur les fesses par un tracteur sur un terrain recouvert de gravillons... À la fin, leur derrière ressemblait à un steak haché ! Quand Charles-san a découvert ce programme, il m’a regardée d’un air désolé : « Mon amour, les Japonais sont fous. »
Afficher en entierLa première fois où j’ai entendu le mot « grève », j’avais dix ans. J’allais partir à l’école et nous avons reçu un coup de fil de la maman de l’un de mes camarades (quand la maîtresse a un message urgent à faire passer, elle appelle deux parents qui à leur tour doivent prévenir deux parents, etc.) nous prévenant que le métro était en grève, et que je devais rester chez moi en attendant des nouvelles. J’étais tout excitée à l’idée de rater l’école. Mais à 7 heures pile, un nouveau coup de fil nous a appris que les grilles du métro venaient d’ouvrir et que le métro fonctionnait normalement. Quelle déception ! Sans le savoir, je rêvais d’une grève à la française, et je venais de découvrir la grève à la japonaise. Le soir, ma mère m’a expliqué que les conducteurs japonais font grève de 5 heures à 7 heures et ensuite, pour montrer qu’ils sont en grève, ils portent un brassard noir. Le principe est de perturber le moins possible les usagers et de ne surtout pas mettre en danger l’entreprise.
Afficher en entierTokyo a lancé la campagne « S’il vous plaît, faites-le à la maison » avec des affiches, placardées dans le métro, qui incitent les usagers à mettre un terme à certaines nouvelles habitudes. Les femmes sont invitées à ne pas se maquiller pendant les trajets, et les hommes à ne pas exercer leur swing de golf dans les rames ou à ne pas avoir de conversations érotiques au téléphone !
Afficher en entierJe me souviens d’un chef d’entreprise avec qui j’avais eu un entretien très agréable. Comme les choses se passaient bien, et sans doute pour me mettre à l’aise, il m’a reproposé de l’eau. J’ai cru qu’il allait appeler sa secrétaire pour qu’elle m’apporte un autre verre mais non, il a pris la bouteille d’Évian dans laquelle il buvait et m’a reservi. Nââândé !?
Afficher en entierJe me rappelle qu’un collègue de Charles-san avait insisté pendant six mois pour qu’on vienne dîner chez lui et nous avons fini par y aller. Pendant tout le repas, je suis restée très japonaise, c’est-à-dire que je ne parlais pas, j’écoutais très poliment ce que je pouvais comprendre mais j’ai fini par décrocher. Chacun parlait de son travail, de ses soucis, de politique et même de foot... Après ce repas impossible à digérer – ma première raclette – je tombais de sommeil. Nous sommes enfin passés au café et le couple qui nous invitait est allé voir si leur bébé dormait bien. Au bout de quelques instants nous avons entendu distinctement la voix de la maîtresse de maison dans le petit haut-parleur du baby-phone : « Quand est-ce qu’ils se cassent tous ces cons ? J’ai qu’une envie c’est d’aller me coucher... » Je vous laisse imaginer la fin de la soirée...
Afficher en entierUn jour où nous faisions des courses avec Charles-san, dans un supermarché à Tokyo, alors que nous poussions notre Caddie au milieu des rayons, Charles-san, qui avait faim, a commencé à ouvrir un des paquets de gâteaux que nous avions pris et à en manger. Nââândé !? Je lui ai arraché le paquet de gâteaux et, le brandissant bien haut, j’ai couru vers les caisses. « Pourquoi tu cours à la caisse ? On n’a pas fini les courses », s’est étonné Charles-san. Mais il fallait que j’aille payer au plus vite ce paquet de gâteaux pour laver cet affront. Dans ces moments-là, Charles-san pense que les Japonais sont coincés et ma réaction le fait rire. Mais moi je me dis : pourquoi les Français se conduisent au supermarché comme s’ils étaient chez eux ?
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