Commentaires de livres faits par Nan-Chan
Extraits de livres par Nan-Chan
Commentaires de livres appréciés par Nan-Chan
Extraits de livres appréciés par Nan-Chan
L'élève ébahi entrevoyait alors que ce signe 1, qui avait jusque-là si peu d'importance, était tout-puissant et défiait l'infini.
Un constat à la limite du vertige qui le rendait plus fort et dont il tentait de communiquer le secret à ses petits copains.
J'ai pu remarquer que pour les plus jeunes de mes élèves, compter jusqu'à 3 ne causait pas de problèmes. Les complications arrivaient juste après, avec le passage du 5, cette étape particulière car ils n'avaient alors plus de doigts et devaient changer de main.
Passer le gué du 10 relevait du grand saut, il fallait faire preuve de prouesses, il s'agissait de continuer en revenant aux doigts de la première main, celles des origines, ainsi le doigt qui avait servi à marquer le 1 servait à nouveau mais se transformait, devenait par le passage du 10, un 11 bien mystérieux.
Certains ne comprenaient pas, avaient l'illusion de tout recommencer, d'autres préféraient se priver des doigts et continuer seuls, sans l'aide des mains, le front plissé, ceux-là avançaient en funambules sur le fil de l'abstraction. Se profilait devant eux la lumière de la beauté mathématique et dans leurs yeux l'émotion du plaisir vertigineux accordé par la compréhension (le sentiment?) de l'infini des choses.
-Tu ne décideras pas seule, l'Onee. Nous sommes tous en danger si un Gardien possède Ganès! Nous avons notre mot à dire!
-Veux-tu insinuer que je ne penserais pas d'abord à la communauté?
La menace durcissait ses traits. Sorgan recula. L'Onee se redressa de toute sa taille.
-Tu prétends qu'un Gardien s'introduit dans les rêves de ton frère, reprit-elle. Mais en as-tu la preuve?
-C'est lui qui nous l'apportera! Allez, Ganès, entre dans ta luze et décris-nous la Lumière!
Ganès ne chercha même pas à s'esquiver. Résigné, il écarta ses amis, s'assit à terre et plongea son regard dans sa luze.
Des détails qui sont pensés, chacun, l'un par rapport à l'autre et noués entre eux par un concept d'une grande rigueur.
Opalka exprime une émotion avec des nombres qui sont du temps. Le passage du temps est un constat commun qui nous concerne tous et que l'on peut tous comprendre, qu'on soit riche ou pauvre, d'un autre pays, d'une autre langue, grand connaisseur des arts ou non-initié.
Chez lui, pas de chefs-d'oeuvre, pas d'époques, de période. Pas de suspens ni de surprise. Sur ses toiles ni personnages ni décor, nulle figuration, uniquement des chiffres.
Quand il parle de son travail, il ne dit pas qu'il peint mais qu'il sculpte le temps. Une traduction par les nombres de ce que le temps fait à son visage. Pas de paysage, mais l'émotion de vivre.
Chaque nombre supplémentaire modifie l'ensemble de l'oeuvre. De la même manière, chaque jour qui passe change et érode son image. Des changements lents, infimes. Toute son oeuvre s'appuie sur cette construction mentale, laisse trace du commun destin, vie, jeunesse, vieillesse, mort. De cette idée somme toute assez banale découlent les questions essentielles.
Il appelle cela son concept et va le décliner sans faillir sa vie durant.