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Commentaires de livres faits par Nausicaa73

Extraits de livres par Nausicaa73

Commentaires de livres appréciés par Nausicaa73

Extraits de livres appréciés par Nausicaa73

Elle s’était préparée à user de tous les subterfuges possibles pour le convaincre mais, en définitive, cela avait été un jeu d’enfant.
Bon, le plus facile était fait. Restait la partie la plus difficile à mener à bien.En premier lieu, il lui fallait trouver un moyen de réparer les dégâts de son mariage. Peut-être avait-elle placé la barre de ses espérances trop haut. Elle avait attendu bien davantage que ce que Gabriel était capable de lui donner. Ses propres émotions comme son amour pour lui étaient intacts, et elle ne les cachait pas. Elle avait eu la chance d’être élevée dans l’amour, dans la sécurité d’une famille regorgeant d’affection et toujours prête à la protéger.
Mais Gabriel n’avait rien connu de tout cela.Dès son plus jeune âge, il avait souffert, il avait perdu des êtres chers et avait été livré à un oncle indigne, un personnage immonde qui, au lieu de lui donner de l’amour, l’avait accablé de cruauté et de haine.
Elle comprenait désormais pourquoi il se dissimulait derrière un personnage fabriqué de froide indifférence et n’autorisait personne à voir au-delà.
Pourtant, elle, elle voyait.
Elle savait que l’hédoniste cynique n’était qu’une façade. Mais, avec le temps, sans doute s’était-il persuadé qu’il était vraiment cet être-là.
Esme savait que c’était faux. Il y avait en lui une grande bonté, de la gentillesse. Si bien celées qu’il avait dû oublier qu’il en était doté.
Elle ne s’était pas laissé leurrer. La capacité d’amour qu’il cachait, il fallait la ramener au grand jour, et elle allait s’atteler à cette tâche.
Ensuite, elle lui apprendrait à vivre à deux, en harmonie, à aimer et être aimé sans crainte ni réticence.
Elle s’était rendu compte qu’en lui avouant ses sentiments, elle l’avait terrifié. Cette fois, elle agirait plus habilement. Elle lui laisserait la liberté dont il avait besoin pour se sentir à l’aise, et trouverait le moyen de lui montrer par petites touches combien elle tenait à lui. Elle avait soigné trop d’animaux sauvages pour ignorer que c’était à eux de venir vers elle, et non le contraire. Qu’ils s’apprivoisaient lentement, à leur rythme, et qu’elle devait s’adapter. Elle leur avait dispensé douceur, attention, tendresse, patience, et avait ainsi trouvé la clé de leur cœur. Il ne lui restait plus qu’à espérer trouver celle du cœur de Gabriel.
Et si enfin, miraculeusement, elle réussissait à gagner sa confiance, que se passerait-il ? Désirerait-il faire de leur mariage forcé la vraie union de deux âmes ? Aspirerait-il à être avec elle, de son plein gré, au lieu de tourner le dos à tout ce qu’ils pourraient vivre ensemble ?
Elle se devait, pour lui comme pour elle, d’essayer. Car quel autre choix avait-elle, alors qu’elle aimait tant cet homme ? Son bonheur, son avenir étaient entre ses mains.
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L’allée débouchait sur une petite place ombragée entourée de massifs. Bientôt, cet endroit, comme le reste de Hyde Park, regorgerait de riches oisifs londoniens effectuant leur promenade quotidienne. Mais pour l’instant, il était encore désert.
Dain arrêta le tilbury et enclencha le frein.
— Si vous ne voulez pas vous retrouver dans le Yorkshire à tirer des barges, je vous conseille de vous tenir tranquilles, ordonna-t-il aux chevaux.
Son ton dut suffire à leur faire comprendre la teneur de ses paroles, car ils s’immobilisèrent aussitôt, aussi dociles que des agneaux.
— Quant à vous, enchaîna-t-il en lui adressant un regard noir, mademoiselle J’ai-réponse-à-tout…
— J’adore ces petits noms, coupa-t-elle en plongeant les yeux dans les siens. Sotte, péronnelle, Mlle J’ai-réponse-à-tout. Ils me ravissent le cœur.
— Tant mieux, car j’en ai encore beaucoup d’autres à votre service. Comment pouvez-vous être aussi stupide ? À moins que vous ne l’ayez fait à dessein ? À ce rythme, il ne restera plus rien de vous le jour du mariage. Quand avez-vous avalé un vrai repas pour la dernière fois ? s’enquit-il.
Chez lui, une telle demande correspondait sans doute à un intérêt incommensurable, estima-t-elle.
— Je n’ai rien fait à dessein, se défendit-elle. Vous n’imaginez pas ce que c’est de vivre chez tante Louisa. Elle dirige les préparatifs du mariage comme un général une guerre. Tous les domestiques sont sur le pont depuis notre arrivée. Je pourrais la laisser faire, mais je crains que le résultat ne vous plaise encore moins qu’à moi. Ma tante a un goût déplorable. Je n’ai donc d’autre choix que de me lancer dans la bataille nuit et jour. Résultat, je n’ai plus le temps ni l’envie de m’asseoir pour manger convenablement – sans compter que les domestiques sont eux-mêmes trop épuisés pour préparer des repas dignes de ce nom.Il y eut un bref silence. Dain s’agita sur son siège comme s’il était inconfortable.
— Bien sûr, je pourrais en engager de nouveaux, comme vous me l’avez conseillé. Mais cela ne servirait à rien : tante Louisa les prendrait sous sa coupe à leur tour, et je serais encore obligée d’intervenir.
— Oui, oui, je comprends, dit-il. Elle vous ennuie. Je vais m’en occuper. Vous auriez dû m’en parler plus tôt.Elle lissa ses gants.
— Jusqu’ici, je ne vous sentais pas vraiment prêt à terrasser les dragons pour me sauver.
— Je ne le suis pas. Mais il faut être pragmatique. Vous aurez besoin de toutes vos forces pour la nuit de noces.
— Je ne vois pas pourquoi, répliqua-t-elle en ignorant les images torrides qui s’imposaient à elle. À part m’allonger, je n’aurai rien à faire.
— Vous allonger nue, précisa-t-il.
— Vraiment ? fit-elle, moqueuse. Eh bien, si vous le dites. Après tout, c’est vous l’expert en la matière. Dommage tout de même que vous ne me l’ayez pas précisé plus tôt, je n’aurais pas embêté ma modiste à propos de ce négligé.
— Ce quoi ?
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Christina s’adossa au torse de Tor, le volume en cuir posé sur son ventre nu et les draps enroulés autour de ses jambes. Le soleil matinal qui se déversait par la fenêtre lui offrait toute la lumière nécessaire pour lire. Ou du moins, pour essayer de lire malgré les interruptions constantes de son exaspérant mari. Elle en était au passage où Lancelot acceptait l’humiliation suprême de monter sur une charrette pour sauver sa dame. Il émit un ricanement de dédain. Elle abaissa son livre et se tourna vers lui avec un regard noir.
— Je ne vois pas l’intérêt de te lire cette histoire si tu vas la gâcher de bout en bout.
— Ces chevaliers et leurs codes ridicules ! s’exclama-t-il avec une moue écœurée. Monsieur consent à grimper dans une charrette en considérant que c’est le plus grand déshonneur ? Peuh ! Moi je ramperais dans un tas de fumier pour te sauver.
Christina ne put s’empêcher de sourire. Comment rester fâchée contre lui quand il lui sortait de telles phrases ? Qui aurait cru qu’un tas de fumier pouvait être aussi romantique ? Elle se redressa légèrement pour lui donner un petit baiser.
— C’est gentil, dit-elle.
— Gentil ? s’indigna-t-il.
Je n’ai pas une once de gentillesse en moi. Pour le lui prouver, il la tira vers lui et l’embrassa fougueusement. Le livre tomba entre eux. Elle le délogea et profita de leur position, ainsi que de son érection considérable, pour venir s’asseoir à califourchon sur lui.
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date : 09-04-2020
En théorie, il n’était pas venu non plus pour avoir une aventure torride avec la voisine. Après chaque étreinte passionnée, il se promettait que cette fois serait la dernière. Cela ne pouvait pas continuer, le risque était trop grand pour Penny.
Puis elle murmurait son prénom, ou lui adressait un sourire coquin, ou bien respirait quelque part, ici ou de l’autre côté de la rue, et toutes ses belles résolutions s’envolaient comme des poussières dans le vent.
— Comme vous voudrez, Monsieur Duke, répondit Mme Burns. Je ferai enlever ces tableaux dès aujourd’hui.
Hammond la fixait entre ses paupières plissées.
— Encore une chose, Burns. Comment est-il mort ? demanda-t-il.
— De qui parlez-vous, monsieur Hammond ?
— De M. Burns, votre mari. Vous êtes veuve, je suppose ?
— Il est d’usage de s’adresser aux gouvernantes en les appelant « madame », qu’elles soient mariées ou pas. Il n’y a jamais eu de M. Burns.
À cet instant, la cloche de la porte d’entrée retentit. La gouvernante inclina la tête.
— Si vous voulez bien m’excuser, je vais aller répondre.
Après son départ, Hammond s’approcha de Gabe et chuchota :
— Pas de M. Burns ? Je n’en crois pas un mot. Elle a caché le corps quelque part. Dans un cagibi, sans doute.
Gabe fronça soudain le nez.
— Quelle est cette odeur ?
Hammond sortit une petite gousse blanche de la poche de sa veste.
— De l’ail, monsieur. J’en ai toujours sur moi maintenant, et vous devriez en faire autant. Vous savez, cela les fait fuir.
— Les gouvernantes ?
— Les vampires.
— Oh, pour l’amour du Ciel, Mme Burns n’est pas un vampire !
— Elle a le teint blafard. Il est vrai qu’elle supporte la lumière du jour, mais peut-être est-elle un esprit malin incarné dans le corps d’une beauté vierge.
Hammond fourragea des deux mains dans ses cheveux argentés, avant de s’éloigner sous le regard perplexe de Gabe.
Une beauté vierge… Burns ?
Si l’on faisait abstraction de son uniforme strict et de son manque d’expression, peut-être n’était-elle pas si laide, effectivement. Mais de là à la qualifier de « beauté »…
Peut-être avait-elle bel et bien ensorcelé Hammond, finalement.
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date : 08-03-2020
Alessandro ignora le pincement de jalousie qui le gagna alors qu’il regardait Cara danser et sourire à son partenaire, visiblement conquis. N’était-ce pas exactement ce qu’il voulait ? Lui trouver un époux et souder une alliance pacifique dans la région ?
Le jeune homme avec qui elle dansait était indéniablement très beau, et visiblement plein d’assurance. Il souriait à Cara comme s’il rêvait de la manger toute crue. La moitié des hommes présents dans la salle la regardaient aussi. Alessandro dut faire un effort pour éviter de retrousser les babines sur un grognement.
Cara était trop naïve pour avoir conscience de sa propre beauté, et cela créait un contraste rafraîchissant auprès de la coquetterie aguerrie des dames de cour. Sa robe scintillait au gré de ses mouvements gracieux et la parure qui ornait son cou capturait la lumière.
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date : 07-03-2020
Kotori tournait en rond, anxieux. Hayley le regardait déambuler de long en large et sentait une légère irritation l’envahir. Elle aussi était très inquiète pour Hakan, mais elle préférait penser à autre chose, ce qui n’était pas facile avec le vieil homme qui ne tenait pas en place. Il marmonnait des choses incompréhensibles et semblait sur le point d’exploser.
— Kotori ? Calmez-vous, ça va aller. Hakan ne devrait plus tarder maintenant.
— Je sais, je sais... mais je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il est en danger.
— Le Phœnix est son totem ! Il ne lui fera pas de mal.
— Oui, mais les mauvais esprits rôdent. Je les sens. Ils pourraient l’attaquer. J’attends encore une heure et je le rejoins.
— En cas d’attaque, son totem le protégera ? Kotori ?
— Il peut le défendre des démons, bien sûr. Mais dès l’instant où Hakan sera seul, il sera vulnérable. Oh non ! Je ne lui ai pas indiqué comment revenir ! Il faut que je reparte tout de suite !
— Kotori ?
—…
— Kotori ? Le vieil homme ne répondit plus. Il s’était installé autour du feu et il tentait d’entrer à nouveau en transe. Hayley vit la panique s’inscrire sur son visage. Elle ne comprenait pas ce qui se passait. Il semblait sur le point de s’évanouir. Il parvint à lui faire saisir qu’il n’arrivait pas à communiquer avec Hakan, puis il perdit connaissance un instant. Lorsqu’il revint à lui, Kotori était furieux.
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Au début, Dom crut être victime d’une hallucination. Vu tout ce qu’il avait bu et le peu qu’il avait mangé ces cinq derniers jours, ça ne l’aurait pas surpris. Parfois, s’il s’affamait et buvait assez d’alcool, Dalena venait à lui. Pas dans ses derniers moments, avec du sang dégoulinant de sa bouche, mais une Dalena souriante, aux yeux crépusculaires et aux cheveux comme le tissu de la nuit. Il aurait aimé avoir la force de simplement… partir et la suivre. Pendant ces trois dernières années, il avait tenté de trouver le courage de le faire. Le monde réel semblait éphémère à présent, et il était sur le point de se transformer une dernière fois et venir à la vie sauvage.
À l’aube de son dernier adieu, Pru Bristow avait le culot d’entrer par effraction dans son sanctuaire, se tenant devant lui comme si elle en avait le droit. Cela réveilla une telle vague de colère qu’il recula d’un pas, les poings serrés. Ce n’est pas sa faute. Baisse d’un ton. Contrôler ce genre de furie avait un prix, cependant. Il tangua un peu et se rattrapa au mur. Il jura intérieurement alors que Pru se précipitait à ses côtés, lui offrant son épaule. Dom la chassa d’un grognement.
— Tu ne m’as pas répondu.
Elle chancela légèrement, une petite femme ronde qui l’était encore plus avec la veste bouffante qu’elle portait. Dom aurait probablement dû se préoccuper de la teinte bleutée de ses lèvres et des petits morceaux de neige fondue dans ses cheveux auburn. Il s’en fichait. Il la regarda se défaire de son manteau et le suspendre à un crochet près de la porte d’entrée. Ses lourdes bottes étaient également trempées, donc elle s’en débarrassa. Dessous, elle portait des chaussettes rayées aux couleurs vives séparant chaque orteil. Dom tressaillit et lutta contre le désir de l’expulser par la force. Cependant, il n’était pas tombé bas au point de traiter un membre de la troupe de cette manière. Pas encore.
Enfin, elle répondit :
— Beren de Burnt Amber t’attend à la citadelle, et nous avons reçu un message de Pine Ridge juste avant mon départ. Raff doit être arrivé à présent.
— Et donc ?
Il ravala la question comme s’il ne savait pas pertinemment où elle souhaitait en venir.
Sa gorge recouverte de taches de rousseur déglutit difficilement avant qu’elle parvienne à répondre.
— Slay a tenu le fort en ton absence autant qu’il le pouvait. Il est temps que les affaires reprennent.
— Tu perds ton temps. Ash Valley aurait dû me destituer officiellement il y a deux ans, alors allons droit au but. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus pour abandonner et dire à Slay d’accepter son rôle de leader ?
Pru leva légèrement son menton.
— Je ne peux pas revenir sans toi.
— Alors je te suggère d’aller déblayer la chambre d’amis. Et ne t’attends pas à ce que je m’occupe de toi.
Dom claqua la porte du petit salon, et son ouïe aiguisée capta néanmoins sa faible réponse.
— Comment le ferais-tu ? Tu ne peux même pas t’occuper de toi. S’éloignant de cette compassion qui ressemblait beaucoup à de la pitié, il descendit l’alcool qu’il avait jusque-là siroté ; cependant, à cause de son métabolisme accéléré, il devait tellement en ingurgiter pour en ressentir les effets qu’il avait besoin de son propre alambic. Dom jeta violemment la bouteille vers le mur et sentit une légère satisfaction face au tas de verre qu’il avait créé. Si Dalena avait su comment il traitait la femme qui avait été comme une sœur pour elle, elle aurait été furieuse. Et c’était bien le problème. Elle n’était plus là. Néanmoins, revoir Pru après si longtemps ravivait une montée de bons souvenirs. Il ne pouvait pas compter le nombre de nuits que tous les quatre avaient passées à rire jusqu’à ce que le soleil se lève. Dalena s’était montrée protectrice avec Pru, consciente qu’elle ne pouvait accompagner tous les autres durant les chasses régulières. Non, Pru avait été laissée derrière à la citadelle avec une poignée d’autres Latents, gardant ostensiblement le fort ; toutefois il avait toujours secrètement eu pitié de ses yeux envieux alors qu’elle observait le reste de la troupe se transformer et courir, une douce liberté qu’elle ne pourrait jamais vivre. Maintenant, elle se sentait mal pour lui, et ça le brûlait salement. Il avait envie de mettre en pièces cet endroit à mains nues. La seule raison pour laquelle il avait tenu si longtemps sans Dalena était qu’il avait le faible espoir qu’un jour il exercerait sa vengeance sur le démon non identifié qui l’avait exécutée de sang-froid. Sa femme était morte en essayant de lui donner un indice, et comme un salaud inutile, il l’avait simplement tenue dans ses bras, abasourdi, dans un silence perdu.
Alors que les jours après son meurtre s’étaient transformés en semaines, la piste s’était refroidie et il avait perdu espoir. Il ne pouvait plus rester à la citadelle sans elle, et il n’avait pas le courage de mourir. Bienvenue au purgatoire. Au début, des visiteurs d’Ash Valley allaient et venaient, la plupart avec des cadeaux à offrir ou des mots compatissants. Avec le temps, le nombre avait diminué pour finir en un appel occasionnel de Slay, censément pour le mettre au courant de la situation, cependant Dom savait que son ami téléphonait en réalité pour vérifier qu’il était encore en vie.
Et maintenant, il avait envoyé Pru. Quel connard.
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Note de l'auteur

Je suis si contente que vous ayez lu Le Roi léopard et j’espère que vous êtes impatient d’en apprendre plus sur le monde d’Ars Numina. Le Roi léopard est le premier d’un projet de six romans, dans cet ordre :
The Leopard King
The Demon Prince
The Wolf Lord
The Shadow Warrior
The War Priest
The Jaguar Knight

Dans ce premier roman, vous avez rencontré tous les six héros ainsi que bon nombre de leurs héroïnes. Si vous voulez savoir quand le prochain tome sera disponible en VO ou avoir les dernières infos, visitez mon site d’auteur www.annaguirre.com/contact et inscrivez-vous à la newsletter. Si cela vous intéresse, suivez-moi sur Twitter sur twitter.com/msannaguirre ou aimez ma page Facebook sur facebook.com/ann.aguirre pour des extraits, des concours et des trucs amusants.
Les commentaires sont essentiels pour les auteurs indépendants et ils aident les autres lecteurs, alors s’il vous plaît, songez à en écrire un. Votre amour pour mon travail peut déplacer des montagnes, et j’apprécie vraiment vos efforts. Enfin, comme toujours, merci pour votre temps et votre soutien.
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Son cœur s’écrasa contre ses côtes. Hébétée, elle mordit dans le fruit, en savoura la douceur. Austin s’empara de sa main et déposa un baiser sur sa paume.
— Seigneur, Elizabeth, quand j’ai cru que vous alliez mourir, tout en moi est mort avec vous. J’ai alors compris que rien, rien, ne comptait davantage que de vous avoir auprès de moi. Je ne peux pas vous laisser retourner en Amérique. S’il le faut, je vous suivrai là-bas, voilà tout. Peu importe que nous n’ayons pas d’enfants. Si vous le souhaitez, nous en adopterons. Des douzaines si cela vous chante, mais vous ne porterez pas l’enfant d’un autre. Et je ne chercherai pas le réconfort dans les bras d’une autre femme. Si vous ne voulez pas partager mon lit, soit. La seule chose qui compte, c’est que nous soyons ensemble. Vous comprenez ?
Sa vie en aurait-elle dépendu qu’elle aurait été incapable de prononcer un mot. Elle acquiesça d’un hochement de tête.
— Bien. Parce qu’il ne sera plus jamais question d’annuler notre mariage.
Son regard la fouaillait, intense, brûlant et grave.
— Je vous aime, murmura-t-il. Corps et âme. Et j’accepterai tous vos choix. Mon cœur est à vous. Maintenant et à jamais.
Elle le dévisageait, muette de stupéfaction. Il l’aimait envers et contre tout. Seigneur Dieu, il était prêt à renoncer à un vrai mariage, à des enfants. Pour elle. Parce qu’il l’aimait. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle comprenait, ô combien, la profondeur d’un tel amour, cette volonté de tout abandonner pour la personne qui tenait votre cœur dans sa main.C’était exactement ce qu’elle ressentait pour lui.
— Austin, commença-t-elle d’une voix tremblante, il faut que vous sachiez, je n’aurais jamais eu d’enfants avec un autre homme. Je vous en prie, croyez-moi. C’était un crève-cœur de réclamer l’annulation de notre mariage, mais je ne pouvais vous demander de sacrifier votre vie conjugale et vos futurs enfants.
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date : 11-01-2020
Sebastian abaissa son visage vers elle et l’embrassa à nouveau. Les bras d’Angelina s’accrochèrent à son cou et il avança une de ses bottes entre les pieds de la jeune femme.
Elle retint sa respiration mais ne protesta pas quand il écarta doucement ses jambes et y plaça sa cuisse. Sa robe remonta d’un coup quand il releva le genou, plantant son pied sur le lit, derrière elle.Elle étouffa un cri. Elle se trouvait assise à califourchon sur la cuisse de Sebastian.
— Sebastian. Par le Ciel ! s’écria-t-elle en s’accrochant à lui.
— Chut, ma douce. Il ne faut pas faire de bruit. Nous risquons d’effrayer le fantôme.
Sebastian sentait la chaleur de sa peau si douce, si tendrement offerte contre la sienne, il s’enivrait du parfum d’Angelina, de l’odeur de ses cheveux, de celle de son corps.
— Ma chérie, Angie, dit-il comme saisi de surprise. Où étiez-vous durant toutes ces années ?
— Dans le Dorset, répondit-elle avec un grand sérieux.
Sebastian enfouit sa tête dans les cheveux d’Angelina pour qu’elle ne le vît pas sourire. Il passa la main le long de sa jambe, jusqu’en haut de son bas de soie, là où la chair était nue et douce à caresser. Elle tressaillit. Son cœur tambourinait.
— Je ne sais pourquoi, souffla Sebastian, mais j’ai maintenant l’impression de bien, de très bien vous connaître. Comme si nous étions de vieux amis. Ou alors des amants.
— C’est étrange, murmura-t-elle d’une voix assourdie. Je pensais la même chose, juste avant que vous n’arriviez.
— Et je crois que cette nuit, nous allons encore resserrer nos liens.Il ne pouvait plus attendre. Elle le désirait et il la désirait. Ils étaient fiancés. Tout devenait si simple, si évident.
Sebastian retira sa jambe de dessus l’édredon et fit mine de reposer Angelina sur le sol. Mais avant que ses pieds touchent terre, elle se sentit basculée sur le lit par une force irrésistible.
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Il regarda Helena. Elle aussi souriait, une main sur le pilier torsadé, l'autre glissant le long de son biceps.
— Continuez, lui enjoignit-elle.
Sa paume le brûlait. Il reprit d'une voix mal assurée :
— Elle ôte les épingles de ses cheveux, secoue la tête. Ses boucles retombent en une superbe cascade. Les mèches les plus longues frôlent ses tétons pointus.
— Hélas, je ne peux pas rejouer cette scène ! soupira-t-elle. Mais mes tétons sont toujours pointus, n'est-ce pas ?
Elle frôla l'un de ses seins, en pinça doucement la pointe. Un son inarticulé franchit les lèvres de Hastings. Son sexe gonflé menaçait de faire craquer son pantalon.
— N'arrêtez pas de lire si vous voulez qu'il se passe quelque chose, lui rappela-t-elle en s'humectant les lèvres pour bien souligner son propos.
Dieu Tout-Puissant. À la vitesse où ses neurones se volatilisaient, il serait bientôt analphabète.
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date : 17-10-2019
— Je ne peux pas me permettre le luxe d’en avoir une. Et puisque vous avez frotté l’objet en question contre moi l’autre jour sans la moindre pudeur, j’estime que nous pouvons nous dispenser des euphémismes. Je vous en prie, poursuivez. Nous parlions de votre pénis.
Serrant les mâchoires, il se rapprocha d’elle.
— Puisque vous appréciez un langage cru, je vais vous en donner. Nous parlons de ma queue. Et du fait que je ne la rentre jamais jusqu’aux couilles dans la fente humide d’une femme. Voilà pourquoi je suis aussi certain de ne jamais avoir engendré le moindre bâtard !
Elle se tut, choquée. Naturellement, c’était ce qu’il avait espéré.Toute cette scène était scandaleuse à l’extrême – une préceptrice, seule avec le maître de maison torse nu, dans la chambre de ce dernier ! –, et il le savait. Il voulait l’intimider. Il voulait éviter ses questions… et sans doute ses propres réponses.Tout en lui décochant un sourire amusé, il se dirigea vers un placard bas d’où il sortit un flacon de cognac.Alexandra secoua la tête, incrédule.
— Vous n’espérez tout de même pas me faire croire que vous êtes puceau !
— Ce n’est pas ce que je voulais dire. J’ai fait ma part de bêtises dans ma jeunesse.Il s’interrompit pour verser de l’alcool dans un verre.
— Mais ce temps est révolu. Je n’ai qu’une seule règle : pas d’attachement. Je n’entretiens pas de maîtresse. Je ne prends pas le risque d’avoir des bâtards. Et je refuse de me soumettre aux prescriptions de mercure. Parce qu’un jour ou l’autre, que je le mérite ou non, la Loge de Lubricité deviendra le Donjon du Duc. Je suis un bien piètre aristocrate mais, la moindre des choses, c’est que je n’encombre pas la succession avec des bâtards et que je me préserve de la petite vérole. Par conséquent, je m’interdis…
— L’acte charnel.
— La fornication. Exactement.Il avala une gorgée de cognac.
— Si vous croyez que je vous fais des confidences, détrompez-vous. Mon abstinence n’est pas un secret. Pourquoi pensez-vous que je sois aussi populaire auprès des femmes ? J’ai cultivé d’autres talents.
— Quels autres… Alexandra se mordit les lèvres, mais trop tard. Elle venait de trahir son ignorance.
— Tiens donc ? La préceptrice aurait-elle une délicate sensibilité féminine, après tout ? ricana-t-il. Il existe d’autres façons de prendre et de donner du plaisir, mademoiselle Mountbatten. Beaucoup d’autres.
Il la parcourut d’un regard gourmand.
— Dois-je vous faire une démonstration ?
Sans la quitter des yeux, il vida son verre.
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Extrait du chapitre 1 ...

Si vous êtes de ceux-là, que vous utilisez prioritairement l’hémisphère droit de votre cerveau, vous présentez les caractéristiques suivantes que nous détaillerons ensuite : vous avez une vision globale et intuitive, fruit d’une multiplicité d’associations inconscientes et simultanées qui débouche sur une extrême rapidité de compréhension et d’interprétation. Votre pensée, fonctionnant en arborescence, provoque un foisonnement d’idées ce qui peut donner de vous une impression de confusion. Mais une fois vos idées mises en ordre, vous pouvez appréhender les situations et les problématiques sous plusieurs angles et dans leur complexité. Curieux de tout, vous adorez découvrir et apprendre, à condition que cela fasse sens pour vous. Vous jubilez de mener plusieurs projets de front. Attirés par la nouveauté, détestant la routine, vous « savez », « sentez », « voyez » ce qui est et ce qu’il faut faire avec une rapidité et une clairvoyance engendrant parfois de l’impulsivité. Vous proposez des solutions innovantes, grâce à votre capacité à faire de multiples associations et analogies vous établissez des liens inédits. Vous passez de l’abstrait au concret. Vous recourez à des exemples, des métaphores, des symboles ou des images pour illustrer vos propos. Votre mémoire peut être prodigieuse si le sujet vous intéresse et quasi inexistante sinon. Dans ce cas, il vous est difficile, voire impossible, de vous concentrer. Vous avez besoin d’autonomie et d’indépendance pour avancer à votre rythme, rapide. Ce foisonnement de projets stimule votre énergie, qui sinon tournerait à vide, d’autant que vous vous ennuyez vite. L’écueil pour vous est la dispersion. Fuyant la routine et les sentiers battus, vous ne craignez pas de prendre des risques. Vous avez une éthique et des valeurs fortes. En position de management, vous vous préoccupez du bien-être de vos équipes, de par votre sensibilité (parfois hypersensibilité) et votre capacité d’empathie. Vous êtes gouverné par les émotions et l’affectif. Parmi les cerveaux droits figurent des personnalités exceptionnelles comme Léonard de Vinci ou dans un tout autre genre Raymond Aron qui pensait avec beaucoup de recul et souvent à contre-courant de son époque.
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Comme d’habitude, Ewan avait du mal à trouver ses mots.
— Je ne sais pas si je l’aime… Quel effet cela fait-il ?
— Comment veux-tu que je le sache, répliqua Neil, l’air horrifié.
Jasper se leva avec un soupir.
— Vous êtes aussi idiots l’un que l’autre. Ce n’est quand même pas si compliqué.
— Parce que tu sais toi ?
— Oh, n’aie pas l’air si surpris ! J’ai lu des romans et je connais les symptômes.
— Les symptômes de l’amour ? ricana Neil.
Ewan le fusilla du regard. Il avait hâte de connaître ces fameux symptômes.
— Quand on est amoureux, on a mal au ventre.
— Non, ça c’est la dysenterie.
— Ferme-la, Neil, aboya Ewan. Et quoi d’autre, Jasper ?
Ewan n’avait pas mal au ventre. Il avait faim, ça oui. Mais c’était habituel.
— Le cœur bat plus vite à la vue de la dame. Et quand elle n’est pas là, on pense à elle tout le temps.
— Quelle misère ! gémit Neil.
— Et on a envie de coucher avec elle. Follement.
— Ah, je retire ce que j’ai dit ! déclara Neil. Finalement, j’ai été très souvent amoureux.
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Prologue



Néant,

Pandore, ancienne Gardienne de la boîte et prisonnière des Dieux.

LIBÉRATION/DÉLIVRANCE/SOULAGEMENT

Pouvait-il exister une suite de mots plus parfaite ? J’en doutais fortement. Et, pour être sûre d’apprécier la saveur des syllabes, je me mis à les mimer du bout des lèvres, encore et encore, afin de les apprendre par cœur.

J’eus presque l’impression de vivre cet instant au ralenti, accordée au rythme hiératique des battements de mon cœur atrophié. Lorsque, enfin, deux silhouettes féminines se glissèrent dans mon calvaire, apportant plus d’espoir qu’il ne pouvait en contenir. La marque à mon poignet se mit à picoter, interprétant également l’importance de ce moment.

Les lanternes qui refusaient de s’allumer sur mon ordre ne se firent pas prier pour éblouir les intruses d’un halo sinistre, creusant des ombres sur leur visage. Une femme aux cheveux de feu me dévisagea avec prudence pendant qu’une seconde aux prunelles d’une couleur singulière préférait, de son côté, faire le tour des environs. Lorsqu’elles s’approchèrent, je vis la méfiance s’ajouter à leur apparente sollicitude. Bien sûr, je ne pouvais leur en vouloir pour cela, elles ne savaient pas encore à quoi s’attendre. Il était connu que le Néant changeait tout ce qui s’y trouvait et cela faisait des siècles qu’il usait de son influence sur moi. Il m’avait irrémédiablement transformée, mais ces modifications n’étaient pas aussi visibles que pour d’autres. Du fait de ma posture rigide, je dégageais une certaine tranquillité, bien loin du tumulte qui me secouait secrètement. Je me bornais à demeurer silencieuse et maîtrisais de mon mieux le soulèvement régulier de ma poitrine, craignant de les effrayer.

La femme brune aux yeux violets frotta du bout du pied les runes qui protégeaient mon trône et je dus réprimer un cri d’horreur. Elles n’avaient pas été placées par hasard et leur disparition ne serait pas sans conséquence. Je sentis presque sur mon visage le souffle ténu de l’effet papillon provoqué par l’absence des protections. Les ténèbres ne s’étaient-elles pas épaissies ? L’air ne charriait-il pas une puanteur nouvelle ?

— Poséidon… murmura-t-elle sombrement.

Parfait, elle connaissait la puissance des runes du roi des profondeurs, mais comprenait-elle leur utilité ? Savait-elle qu’elle venait de bouleverser mon monde de la pointe de sa chaussure ?

Je déglutis à plusieurs reprises afin d’émettre le son le plus civilisé possible.

— Qui êtes-vous ?

La seconde m’adressa un sourire chaleureux.

— Je m’appelle Perséphone, et voici la Pythie.

Je baissai les yeux sur mes mains, évitant ainsi ceux qui serpentaient le long du lien argenté qui me retenait prisonnière. Le reste de notre conversation se passa comme une parenthèse déroutante. Discourir courtoisement avec autrui n’était pas une chose à laquelle j’étais habituée. Leur simple présence me parut si étrange que je dus baisser les yeux à plusieurs reprises en direction de mes mains. Je me mis à en compter les doigts afin de vérifier que tout cela était la réalité et non pas un simple délire. Ils étaient toujours aussi nombreux, mais était-ce une preuve suffisante ? Étais-je victime d’un nouveau mirage, bien plus crédible que les autres ?

Le Néant avait ce pouvoir. Il s’accordait à mon esprit et faisait naître l’image d’une lanterne au loin, se balançant au rythme de la démarche de son porteur. Mais il suffisait que je baisse les yeux, que je compte mes doigts pour qu’elle disparaisse. Les vingt phalanges qui s’étiraient de mes mains étaient devenues les uniques juges de mon existence. Je m’en remettais entièrement à elles.

Perséphone me confia être la reine des Enfers, attisant mes craintes et faisant vaciller mes certitudes. Était-elle là pour m’emporter dans le Tartare ? Pour remplacer une prison par une autre ou pire encore ? Je me murai derrière une immobilité parfaite afin de maîtriser ma peur. Mes doigts bougèrent inlassablement, mais leur nombre ne changea pas.

TORTURE/ATTENTE/MENACE

La couleur des cheveux de la reine me parut alors plus intimidante, évoquant les flammes brûlantes et la chair carbonisée. Mon imagination s’emballa, dessinant l’Enfer jusque sous mes paupières. Ce royaume aride, secret et caché dont la reine s’était extraite dans le but de m’emporter.

Pendant qu’elles réfléchissaient au moyen de me retirer le lien, je m’enhardis et utilisai l’un de mes pouvoirs afin de sortir de mon enveloppe. Mon autre moi, ce spectre, jumeau parfait de mon corps, se matérialisa rapidement et tourna autour d’elles. L’Oracle me troubla un peu plus en le suivant des yeux. Je ne maîtrisais pas totalement cette faculté et ne l’utilisais que rarement, de peur de laisser mon corps sans surveillance. Au loin, quelque chose rôdait dans les ténèbres, avide de m’en déposséder.

M’évader de mon enveloppe ne m’apprit rien de nouveau, rien qui ne me soit déjà familier. Le Néant demeurait ce gouffre sombre et calme où l’on oubliait le son de sa propre voix de peur d’attirer l’attention de ses habitants. Ici, l’espoir n’était pas permis, c’était pourtant à ses côtés que j’avais cohabité tout ce temps. Parfois, des cris venaient bousculer le calme. Par la suite, ma gorge me brûla, sans autre explication que celle d’avoir moi-même produit ces horribles suppliques.

Je laissai là mes observations du Néant pour m’attarder sur le reste. Je posai un regard indifférent sur ma propre image, ce visage que l’on m’avait jadis attribué et que j’avais tant de mal à reconnaître. Ce regard perdu, cette moue qui donnaient l’impression que j’allais exploser en sanglots. J’étais pathétiquement clouée à une chaise dans un simulacre de posture royale. Une abomination contre nature comme m’avait un jour nommée Déméter. Pour ma part, je n’étais qu’une fille que l’on avait mise au rebut comme un jouet cassé ou l’expérience ratée d’une poignée d’êtres divins.

Je réintégrai mon corps et laissai le temps reprendre son cours. S’ensuivit une succession d’évènements qui se résumaient au lien brisé, à une peur croissante que la créature parvienne à nous rattraper, puis à un saut à travers une des flaques du Néant.

À notre arrivée, j’eus l’impression d’étouffer, car mes doutes s’étaient révélés être exacts : Perséphone et son Oracle m’avaient conduite tout droit en Enfer. Pour un bref instant en tout cas. Car j’avais à peine le temps de reprendre mon souffle que, déjà, la vapeur noire et sinistre d’Hadès m’emportait vers une autre terrible destination.

L’Olympe…

Là où tout avait commencé…
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Elle l’embrassa sur la joue parce qu’elle était bouleversée – c’est du moins ce que le cerveau de Ripley lui aurait soufflé s’il avait été en état de marche.
L’organe de la réflexion lui aurait ensuite commandé de repousser la jeune femme et de dire quelque chose comme : « Ne soyez pas ridicule. » Mais son cerveau ne fonctionnait pas. Ripley attira lady Olympia dans ses bras et l’embrassa sur les lèvres, sans douceur. Il l’embrassa avec toute l’anxiété, la frustration, la rage et les autres émotions importunes qu’il croyait avoir éliminées un instant plus tôt. Et avec le désir qu’il combattait depuis très longtemps, lui semblait-il.
La sentant se raidir, il faillit reculer. Puis ses lèvres souples répondirent aux siennes et le goût de sa bouche fut… différent. Frais, doux, et quelque chose d’autre. Il ignorait quoi et s’en moquait.
Elle ne savait pas du tout embrasser. De cela aussi, il se moquait. Sa bouche était douce, pleine, et avait un goût délicieux. De toute manière, lui-même savait embrasser, et il ne doutait pas qu’elle apprendrait rapidement.
Elle s’amollit entre ses bras et, pendant un moment, il fut tout simplement emporté par un déferlement d’excitation, de soulagement, de plaisir et d’autres sensations moins identifiables.
Puis un chien aboya, le tirant de cet état d’insouciance dans lequel il était tombé. Il s’écarta – avec précaution, car son cerveau recommençant à fonctionner, il savait que ce qu’il avait fait était incroyablement stupide. Et qu’il aurait été malséant de repousser lady Olympia, alors que c’était lui qui avait transformé un innocent baiser sur la joue en un élan qu’elle n’avait jamais envisagé.
— Enfer et damnation, dit-il. Personne ne vous a jamais dit qu’il ne fallait pas trop vous approcher d’un homme qui vient de se battre ?
— Vous m’avez embrassée ! s’exclama-t-elle, les yeux écarquillés.
Peut-être étaient-ils bleus à cet instant, même s’il était difficile de s’en assurer dans la pénombre de la voiture.
— Vous m’avez embrassé la première, fit-il remarquer.
— Sur la joue !
— Sur la joue, sur les lèvres, pour moi, c’est pareil. Femme, baiser. Homme, excité. Dois-je vous expliquer les faits les plus simples de l’existence ?
— Certains, oui, il semblerait. J’ai six frères et je sais ce que sont les bagarres. Mais j’étais… je ne sais pas ce qui s’est passé. Vous avez sauvé le chien ! Et… et il – Bullard, je veux dire – il m’a prise pour une fille perdue !
— Je doute qu’il commette cette erreur une seconde fois.
Ripley ne parvenait pas à réprimer complètement une impression cuisante de frustration. Tout bien réfléchi, ce baiser avait été bref.
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Sabine arrivait à peine à respirer.
— Je vais vous toucher, continua Richard d’une voix de velours. Partout. Et vous me toucherez aussi.
Il n’y avait donc pas d’air à Londres ? Des voitures passaient en cahotant, des gens allaient et venaient, ignorant tout du désir qui la tenaillait.
— Vous allez crier mon nom, dit-il avec un sourire. Et vous me supplierez de vous donner davantage. Encore trois minutes, ajouta-t-il en regardant au bout de la rue.
Leurs regards se croisèrent. Celui de Richard était brillant, fiévreux. Elle sentait son propre corps se consumer. Elle sentait la vibration entre ses cuisses, et il le savait. Il savait quel effet il lui faisait. Elle était hors d’haleine, mais elle n’aurait su dire si c’était à cause de la marche rapide ou du désir.Ils tournèrent dans Upper Brook Street.
— Deux minutes.Ils atteignirent la maison. Richard lui agrippa le poignet et gravit les marches du perron à toute allure. La porte s’ouvrit, mais il ne jeta pas un regard au valet. Sabine eut à peine le temps d’apercevoir l’expression éberluée de Minton que déjà Richard l’entraînait dans le hall. Il monta l’escalier sans la lâcher, s’engagea dans le corridor. Ils entrèrent dans sa chambre. Il referma la porte, s’adossa au battant et l’attira dans ses bras.
— Une minute, chuchota-t-il.
En un éclair, il la fit pivoter contre la porte. Leurs doigts s’entrelacèrent, et il se pencha pour s’emparer de ses lèvres.
Son baiser passionné la balaya et elle se laissa emporter par la tempête. Ils gémirent de concert et il enfouit les doigts dans ses cheveux pour l’embrasser avec fièvre, comme si le monde était sur le point de disparaître. Sabine fit courir ses mains sur ses épaules musclées, son cou, sa nuque.
Son corps se pressa contre le sien, il chercha son regard.
— Que tu aies eu un seul amant ou une centaine, je m’en moque, murmura-t-il. Tu les oublieras tous. Tu ne penseras plus qu’à moi. À ce que je fais avec mes mains, ma bouche, mon corps. Tu m’appartiens.
Au-dessus d’elle se trouvait une applique métallique avec deux chandelles. Richard laissa ses doigts descendre le long de ses bras, les souleva au-dessus de sa tête et lui replia les doigts sur les tiges de métal incurvées.
— Ne bouge pas.
Sabine frissonna tandis qu’il promenait les mains sur son buste, les refermait sur sa taille comme s’il voulait mémoriser la forme de son corps. Elle gémit doucement. Ses doigts se crispèrent sur l’applique pour résister à l’envie d’explorer à son tour son corps viril.
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 — Nous inviter tous à cette maudite soirée alors que MacHugh sait pertinemment que nous sommes fauchés, c’est vraiment retors de sa part, râla Win.
Il était de si méchante humeur que Rosalyn regrettait presque d’avoir insisté pour qu’il l’accompagne chez la modiste. Elle n’avait pas envie qu’il boude alors qu’elle venait de s’acheter un chapeau neuf. Elle s’en faisait une joie depuis trop longtemps. C’est même la seule pensée qui l’avait sauvée d’un ennui mortel durant cette interminable réunion du conseil d’administration.
Ces temps-ci, rien ne semblait pouvoir remonter le moral de ce pauvre Winthrop. Toutefois Rosalyn adorait parader en sa compagnie dans le beau phaéton.
— Tu es président du conseil d’administration de la Maison des Orphelins, Winthrop. Tu te dois d’assister à cette soirée. De toute façon, j’ai besoin que tu m’escortes. Il est hors de question que je rate toutes ces parties de whist. Quelle importance que Twillinger et Pierpont perdent de l’argent ? Ils retomberont sur leurs pieds en recevant leur rente trimestrielle.
Rosalyn ne percevait pas de rente. On lui donnait de l’argent de poche, une somme modique que son cher papa n’avait pas jugé bon d’augmenter depuis qu’elle avait fait ses débuts dans le monde. Dieu merci elle pouvait revendre ses robes de l’année passée pour mettre un peu de beurre dans les épinards.
— Tu ne comprends pas, Rosalyn. MacHugh a payé toutes les factures rubis sur l’ongle, ce qui est déjà une insulte. Il ne s’est pas plaint, il n’a pas ronchonné, pas même marmonné. Et maintenant, il nous jette sa fortune à la face en nous obligeant à perdre au jeu. Même un rustre d’Écossais comme lui sait qu’on ne peut pas décliner l’invitation de la duchesse de Moreland.
Depuis un mois, lord Colin n’avait pas rendu visite une seule fois à Winthrop, ni adressé la parole à Rosalyn. Cette dernière l’avait aperçu en compagnie d’Anwen Windham et de ses sœurs, mais c’était bien naturel étant donné leurs liens familiaux.
Anwen essayait sûrement de mettre le grappin sur le frère du duc. Et elle n’avait aucune chance d’y arriver, la pauvre.
— Je ne te suis pas bien, Winthrop. Il a réglé les factures sans souffler mot à quiconque du mauvais tour qu’on lui avait joué. Et il vous fait inviter par la duchesse. N’est-ce pas faire preuve de courtoisie, au contraire ?
Elle n’aurait pas dû le tourmenter ainsi, mais il fallait bien que quelqu’un l’empêche de se ridiculiser.
— Je ne m’attends pas que tu saisisses toutes les subtilités des relations entre gentlemen. Mais, non, Rosalyn, ce n’est pas ce qu’il était censé faire. Il nous a insultés, et maintenant nous sommes coincés. J’ai bien envie de raconter partout qu’un gamin de l’orphelinat a commis un vol et que MacHugh a passé l’éponge.
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Journal de la duchesse de Roxburghe 

Plus jamais je n’utiliserai d’insectes comme éléments de décoration. Si le lâcher de papillons dans le jardin a provoqué le cri d’admiration que j’espérais, ces créatures ont vite perdu de leur intérêt. Qui savait que les papillons aiment se poser et s’accrocher partout ? Et pour s’accrocher, ils l’ont fait, aux robes, aux cheveux, aux verres d’orgeat. Ils tombaient dans les assiettes de gâteaux, et une pauvre petite chose a même pris feu en s’approchant trop près d’une chandelle, ce qui a fait fuir lady Lansdowne dans un buisson de gardénias.
Mais le pire fut dû, hélas, à mes chiens bien-aimés. Quoiqu’ils aient été adorablement déguisés en papillons – grâce, je l’ai appris plus tard, à l’aiguille experte de Mlle Balfour –, ils n’ont eu aucun scrupule à voir dans les papillons une sorte de gibier lâché rien que pour eux, si bien qu’ils sautaient pour attraper tous les insectes passant à leur portée et les avalaient, alors qu’eux-mêmes étaient déguisés en papillons. Toute la scène avait quelque chose de macabre, de cannibale, même… 

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Lady Charlotte venait tout juste d’ajuster son bonnet de nuit sur sa tête lorsqu’on frappa à la porte. Reconnaissant les coups secs de la duchesse, elle se hâta d’aller ouvrir.Sa Grâce entra, vêtue de sa robe de chambre bleu nuit, sa perruque rouge toujours sur le crâne.
— Ah, j’avais peur que vous soyez couchée.Charlotte s’interdit de regarder son lit avec regret.
— Non, non. J’étais assise devant le feu. Voulez-vous vous joindre à moi ?
Margaret prit un fauteuil, et Charlotte l’imita.
— J’ai trop de choses en tête pour pouvoir dormir.
— Il faut dire que la soirée a été riche en événements, admit Charlotte.
— Les pauvres chiens sont épuisés.
— Et repus. Ils ont dû manger vingt ou trente papillons chacun.
Margaret frissonna.
— Ne m’en parlez plus.
— Pardon, fit lady Charlotte. Au moins, les fiançailles de Mlle Balfour et du prince ont créé une bonne ambiance. Tout le monde s’est mis à papillonner joyeusement.
— Faut-il vraiment que vous rameniez tout à ces maudites bestioles ?
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Lady Charlotte était là, elle aussi, l’air d’un chérubin démoniaque avec ses joues rondes et son carquois de flèches que protégeaient des housses en fil doré.
Mais ce fut Rose qui attira l’œil de Sin et le retint. Tandis que les trois autres femmes avaient mis des capelines pour se protéger du soleil, la petite capote bordée de dentelle de Rose ne servait pas à grand-chose pour éviter que son nez ne se couvre d’un peu plus de taches de rousseur. Mais ce chapeau en forme de coquillage encadrait bien son visage et retenait ses boucles ; en outre, il ne la gênerait pas quand elle dresserait son arc. Bien joué, Rose.
Sin la vit lever la tête vers le vent qui balayait la pelouse, agitant le bas des robes et s’efforçant d’arracher les chapeaux. Était-elle en train de se demander comment les rafales allaient affecter ses tirs ? Un valet vint lui poser une question. Lorsqu’elle eut répondu, il s’inclina et s’éloigna.
Sin ouvrit la fenêtre et se rendit compte qu’il entendait parfaitement ce qui se passait sur la pelouse. Il tira à lui un fauteuil et s’assit.
— Doux Jésus, gémissait lady Charlotte en plissant les yeux. Où est la cible ?
Rose regarda la grande cible en bois arborant un carré rouge sur un fond pourpre.
— Elle est là-bas. Vous ne la voyez pas ?
Lady Charlotte se pencha en avant, le corps plié à angle droit à partir de la taille, et plissa les yeux.
— Je pense que je… Ah ! La voilà.
Elle pointa le doigt sur la statue qui se dressait au centre du bassin.
— C’est le bassin, dit Mlle Muriella avec un petit rire étouffé.Elle prit le bras de lady Charlotte et la fit pivoter.
— Voilà. Vous êtes face à la cible.
Sin entendit Rose marmonner :
— Mon Dieu…
Mlle Muriella avait mis lady Charlotte face au buggy du pasteur, qui, attaché près de la porte d’entrée, attendait qu’un palefrenier vienne le chercher pour l’emmener aux écuries.
Un valet poussa une exclamation et courut désigner la cible à lady Charlotte.
Sin étouffa un fou rire.Tante Margaret tapa des mains.
— Mesdames ! Il est temps de commencer ! Lady Charlotte tirera la première.
Et le tournoi commença. Une nuée de flèches arrosa les bois environnants. Quelques-unes se plantèrent tout droit dans le sol de la pelouse. Une ou deux se perdirent dans le ciel. Une se ficha dans un volet fermé. Une autre rebondit sur la statue du bassin et tomba dans l’eau, et une perfide se nicha mollement sous l’auvent qui abritait la duchesse et ses invitées.
Sin ne se rappelait pas s’être autant amusé. Ses éclats de rire attirèrent les autres messieurs à la fenêtre et, oubliant cigares et porto, ils assistèrent à la compétition.
À la fin de la première manche, seules cinq flèches avaient atteint la cible, et trois avaient été tirées par Rose.
Comme lady Charlotte s’avançait pour prendre son tour, un grand bruit retentit, suivi d’un hurlement, et une escouade de petites boules de fourrure déferla sur la pelouse.
Les chiens Roxburghe avaient échappé à leurs gardiens.
Un valet qui portait un plateau de fruits trébucha sur un chiot brun. Son plateau s’envola et atterrit dans un grand plat de compote, éclaboussant toutes les personnes assises sous l’auvent du pavillon. Les fruits retombèrent en pluie sur Mme Stewart, qui tenta vainement de se défendre à coups d’éventail. Un autre valet, distrait par la chute de son camarade, se prit le pied dans la chaise de lady McFarlane, heurta le coin de la desserte et renversa le petit réchaud utilisé pour tenir la théière au chaud. Les flammes qui en résultèrent causèrent une pagaille supplémentaire jusqu’à ce que Sa Grâce ait la présence d’esprit de jeter son châle sur la nappe qui commençait à brûler et réussisse ainsi à éteindre le feu.
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 Le lendemain de la réception chez les Braxton, Cal et sa famille sortirent faire leur promenade à cheval, quoique un peu plus tard que d’habitude. À cause de la soirée, mais aussi parce que l’humeur de sa femme connaissait de curieuses fluctuations. Elle se montrait d’une sensibilité à fleur de peau, tour à tour exaltée ou au bord des larmes. Et très, très affectueuse.
Ils avaient fait l’amour trois fois cette nuit-là, et chaque fois, c’était elle qui avait pris l’initiative, prodiguant à Cal toutes les caresses qu’il lui avait enseignées, plus quelques autres qu’elle avait inventées au fur et à mesure. Leurs corps étaient si complices désormais que l’expérience fut plus profonde, plus intense et, après le triomphe de la soirée, plus joyeuse que jamais.
Cal aurait volontiers paressé au lit, mais Emmaline se leva radieuse, heureuse, et pressée d’aller chevaucher.
Quand il lui proposa un autre genre de chevauchée, elle éclata de rire, avant de lui rappeler que les filles les attendraient. Incapable de résister à son exubérance, Cal avait fini par quitter le lit. Et il s’en félicitait, à présent.C’était une magnifique matinée, froide et claire, et en entendant sa femme, ses sœurs et sa nièce rire et commenter les événements de la soirée, il se sentait… Eh bien, il n’aurait su nommer cette sensation, mais elle lui emplissait la poitrine.Il n’avait pas encore parlé à Emmaline de sa décision de quitter l’armée. Il n’avait jamais songé vraiment à l’avenir, auparavant. Par nécessité, il avait plus ou moins vécu au jour le jour. Maintenant, en revanche ...
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Marjorie fut réveillée par des coups discrètement frappés à sa porte. L’espace d’un instant, elle s’attendit que la porte s’ouvre, puis se souvint que c’était elle qui avait la clé. Elle se redressa, passa la main sous l’oreiller et tâtonna jusqu’à ce qu’elle sente sous ses doigts le métal froid.
Serrant la courtepointe du lit autour de ses épaules, elle glissa les pieds dans ses souliers et gagna la porte en bâillant.
— Qui est là ? demanda-t-elle en s’appuyant contre le battant de chêne.
— C’est moi, répondit la voix de Graeme.
— Quelle heure est-il ? demanda-t-elle en jetant un coup d’œil vers la fenêtre.
Le ciel était encore sombre et le resterait jusqu’à 9 heures du matin, mais elle avait l’impression qu’il était encore très tôt.
— 5 h 30. Ouvrez la porte avant que je ne réveille toute la maison.
— Revenez à une heure plus décente. Une dame ne reçoit pas avant le lever du soleil.
Les choses avaient changé. Désormais, c’était elle qui décidait quand elle ouvrait sa porte, et à qui. Et le fait de l’entendre pratiquement grincer des dents rendait cette petite victoire d’autant plus douce.
— Je vous ai apporté un cadeau, dit-il au bout d’un moment.
— Vous me montrerez cela au petit déjeuner.
— Il risque de se gâter, d’ici là.
De se gâter ? Lui avait-il apporté de la crème glacée ? Ou bien une fleur rare qui ne s’épanouissait que la nuit ? De tels présents auraient été aussi déplacés l’un que l’autre, étant donné qu’elle n’était pas son invitée et qu’il n’était pas son prétendant, mais l’idée qu’il cherche à lui être agréable et qu’il ne puisse pas même attendre le lever du jour pour lui remettre son présent fit battre son cœur un peu plus vite.
Elle fit tourner la clé dans la serrure et ouvrit la porte. Son cœur se mit alors à battre la chamade. Dans la pénombre du couloir, la barbe naissante qui obscurcissait le bas du visage de Graeme atténuait la ligne dure et nette de ses traits. La façon dont ses cheveux trop longs et humides encadraient son visage lui conférait un air aussi désarmant que séduisant.Puis son regard quitta son visage, descendit plus bas… et s’arrêta net.
Il portait un kilt. Certains de ses hommes en portaient, comme elle avait pu le constater en regardant par la fenêtre, mais c’était la première fois qu’elle le voyait vêtu ainsi.
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Le duc la gratifia d’un nouveau coup d’œil.
— Je crois qu’une balle de plomb peut régler un désagrément plus efficacement que des mots. Je crois que rien n’éclaircit plus vite l’esprit d’un homme que la vision de son propre sang. Et je crois que la seule sensation qui puisse rivaliser avec la satisfaction de remporter un combat se trouve entre les cuisses d’une femme qui ne demande que cela. Libre à vous de croire à la magie, mademoiselle Blackstock. Mais je me fais fort de vous enseigner quelque chose de bien plus tangible.
Elle déglutit, le dos parcouru d’une série de frissons. Elle affermit la prise de ses mains sur les rênes de Brèaghad et décida qu’il serait plus sage – et plus sûr – de cesser tout simplement de lui parler. Avec un claquement de langue, elle fit passer sa jument au trot. Une seconde plus tard, il la rattrapait en gloussant.
Bientôt, ils longèrent le mur de l’aile est du château. Fiona était à peu près certaine que la moitié de ses occupants avait le visage plaqué aux carreaux, mais elle évita scrupuleusement de tourner la tête vers les fenêtres. Leur curiosité était parfaitement naturelle, et ils tiendraient tous à savoir ce que Lattimer lui avait dit. Elle tairait néanmoins certains des propos qu’il lui avait tenus. D’autres méritaient réflexion avant qu’elle ne les divulgue à autrui, comme l’inquiétude sincère qu’il avait manifestée pour Ailios – et sa surprise, tout aussi sincère, qu’on ne l’ait pas installée au château pour la soigner, comme si les ducs recueillaient toujours leurs paysans malades. Il n’avait pas le comportement d’un aristocrate et ne connaissait visiblement rien à l’étiquette. Pour la première fois, elle en vint à se demander s’il ne représentait pas une chance aussi inespérée qu’inattendue pour le domaine.
S’il avait été un simple soldat, il aurait été parfaitement naturel qu’il ait déjà été témoin des méfaits de la gangrène. Mais un officier tel que lui avait dû maintenir la plus grande distance possible entre lui et la saleté et les souffrances du champ de bataille. Pourtant, il n’avait pas hésité à soulever Ailios dans ses bras ; l’odeur ne l’avait pas fait ciller et il n’avait pas semblé dégoûté, comme si cela ne le dérangeait absolument pas. À dire vrai, son attitude l’avait impressionnée.Une fois arrivée à l’écurie, elle descendit de cheval et lissa ses jupes.
— Accordez-moi une heure ou deux, voulez-vous ? dit-elle en s’éloignant vers le château. Rejoignez-moi ensuite dans le bureau du rez-de-chaussée, et je vous soumettrai de jolies colonnes de chiffres.
— Rejoignez-moi plutôt dans la salle à manger d’ici dix minutes, répondit-il. Je n’ai rien mangé ce matin, et vous ?
— Moi non plus, répondit-elle, secrètement soulagée qu’il n’ait pas entendu les grondements de son estomac. Mais les livres de comptes ne sont …
— Je regarderai cela vendredi. D’ici là, je continuerai à me familiariser avec … Lattimer, dit-il en faisant glisser sur elle un long regard approbateur.
Il était clair qu’il jouait avec elle. Et qu’il ne la croyait pas capable de gérer un domaine – ni elle ni aucune autre femme, elle en était certaine.
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Quoi qu’elle puisse penser de lui par ailleurs, Fiona devait reconnaître que le major Forrester était un cavalier accompli. Il se tenait parfaitement droit sur sa selle, mais sans raideur, et ne tirait jamais sur les rênes, préférant visiblement guider son cheval de ses talons et de ses genoux – sans doute afin de pouvoir tirer et donner des coups de sabre.
— Non, vous n’auriez pas dû, en effet, répondit-elle quand il haussa un sourcil interrogateur à son intention, la cicatrice qui barrait sa joue gauche donnant à son expression une touche … énigmatique. Je n’ose imaginer tous les dégâts que les Français doivent causer en Espagne, en votre absence.
— Moi non plus, répondit-il d’un ton crispé. Mais, étant donné que ce domaine m’appartient, je vais avoir besoin d’autre chose que de votre seule parole pour être convaincu que Lattimer est bien géré.
— Vous osez dire cela avec la même bouche que celle qui m’a embrassée tout à l’heure ? répliqua-t-elle sans réfléchir.
— Qui vous a embrassée, passé composé, et qui vous embrassera encore, futur, déclara-t-il avec un sourire confiant.
— Je n’ai que faire de vos leçons de conjugaison, monsieur l’Ennuyeux, répliqua-t-elle aussi calmement qu’elle put. Et je ne garde pas les livres de comptes dans mes poches, aussi devrez-vous attendre que je sois en mesure de vous les remettre.
— Je resterai près de vous jusqu’à ce que vous le fassiez, dit-il. Tout près.
— Je commence à me demander si vous n’avez pas vu quelque chose qui vous a fait peur dans votre chambre, hier soir. À moins que vous n’ayez croisé la sorcière des marais dans la tourbière ?
Il rit. Il y avait une pointe de cynisme dans ce rire, ce qui ne la surprit pas. Ce qui la surprit, en revanche, ce fut l’agréable frisson que déclencha en elle le son de son rire.
— Qu’est-ce qui vous fait rire ? demanda-t-elle. Vous ne croyez donc pas du tout aux fantômes, aux esprits et aux sorcières ? Vous dites qu’ils ne vous dérangent pas, mais je sais que vous les dérangez, Lattimer. La présence d’un officier anglais n’est pas faite pour leur plaire.
— Les seules choses qui me soient restées en mémoire, c’est cette façon que vous avez eue de m’évaluer de la tête aux pieds et la saveur de votre bouche.
Doux Jésus en kilt !
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date : 16-07-2018
CHAPITRE 1  

Château de Beaumont, région tourangelle, 1841.  
Les rayons marquaient presque le zénith lorsque Quitterie revint vers les écuries au grand galop. Sa pouliche, présent de ses parents pour ses vingt ans, les naseaux grands ouverts, écumante, s’arrêta devant son palefrenier attitré, attiré au dehors par les hennissements et le bruit des sabots de Belle-de-jour.
— Elle l’a encore maltraitée ! grommela-t-il suffisamment bas pour ne pas être entendu, sans en penser moins.
— Tu te moques de moi, Philippe ! Elle m’a de nouveau refusé trois obstacles tout à l’heure ! C’est une peureuse. Tu l’as mal débourrée. Aide-moi à descendre !
C’était là un des nombreux exemples de colère et de caprice de Quitterie qui ne supportait pas la contrariété. Le garçon d’écurie lui tendit les bras et la posa aussitôt à terre. Elle détacha la dragonne de son poignet, puis jeta de rage sa cravache au sol. Tandis qu’elle défroissait sa tenue d’amazone, Philippe aperçut des traces de sang sur la croupe de la cavale.
— Et en plus elle boite ! L’antérieur droit. Occupe-toi de ça. Et tu me la reprends ! J’exige qu’elle saute les obstacles. C’est compris ? N’oublie pas de la bouchonner.
— Oui, mademoiselle, répondit timidement Philippe qui ôtait le caillou qui gênait la marche de la jument.
Comme s’il ne savait pas ce qu’il avait à faire !
— Pauvre père ! Vous vous êtes une nouvelle fois fait avoir avec cette rosse ! s’exclama-t-elle en se dirigeant vers le château, en même temps qu’elle enlevait ses gants.
Dès qu’elle eut tourné les talons, Philippe ne put s’empêcher de maugréer, en caressant le chanfrein de Belle-de-jour :
— Tu n’as pas de chance d’être le cadeau de cette mégère ! Elle a encore tiré sur ta bouche. Heureusement que tu ne l’as pas fait tomber. J’espère bien qu’un jour quelqu’un lui tiendra tête et lui montrera quelle femme laide et égoïste elle est. Viens, ma douce, on va sécher tout ça.
L’animal souffla et suivit docilement son soigneur.
Déjà agacée par la mésaventure avec sa jument, Quitterie continua de pester parce qu’elle dut ouvrir elle-même la porte-fenêtre du château. Où était donc passé Blaise ? Elle pénétra dans l’immense vestibule marbré, flanqué de deux armures, de portraits d’ancêtres de la lignée des Gault de Choisille − ceux qui avaient échappé aux saccages de la Révolution et à la vente des biens nationaux −, d’où partait le majestueux escalier de pierre. Aucune domestique non plus pour la débarrasser de ses gants et son chapeau. C’était un comble dans une demeure qui en comptait une douzaine ! Jamais là quand on avait besoin d’eux. — Maudite soit la valetaille ! émit-elle dans le grand silence de l’entrée. À l’instant où elle allait poser le pied sur le premier degré, elle s’aperçut que la porte de la bibliothèque était entrouverte et qu’en provenaient les deux voix de ses parents. Elle renonça à l’escalier et s’orienta vers la pièce afin de les saluer. Elle se trouvait à trois pas lorsqu’un mot qu’elle n’avait pas l’habitude d’entendre dans la bouche de son père suspendit sa marche. Elle décida de s’arrêter et d’épier.
— C’est une catastrophe !
— Que voulez-vous dire ?
— Nous avons tout perdu. C’est la banqueroute.
— Que s’est-il passé, Honoré ? Je ne saisis pas ce terme, s’inquiéta Antoinette. De l’autre côté du battant, Quitterie tendait l’oreille, le sourcil froncé d’angoisse. Certes elle n’avait jamais eu à se préoccuper des finances de la famille, c’était une « affaire d’hommes » affirmait son père, mais au ton de celui-ci, elle comprenait que les choses étaient mal engagées.
— Cela signifie que nous sommes totalement ruinés, ma chère. Tous nos avoirs dans les compagnies maritimes et de la Nouvelle-France ont été confisqués par les Anglais qui ont pris possession des territoires. Ils règnent en maîtres. Les Gault de Choisille ont survécu tant bien que mal à la Révolution, à ce gredin de Napoléon, et nous voilà en faillite par nos ennemis héréditaires et ceux qui nous ont abrités il y a cinquante ans. Qui aurait cru que le coup fatal viendrait de ce côté-là ?
— Mais… mais il nous reste les terres et le château ?
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date : 07-07-2018
— Malcolm est tout à fait capable de prendre les choses en main. Il est très doué pour diriger et veiller à nos intérêts. Tu me l’as souvent dit. Nous emmènerons Andy avec nous, bien sûr, ajouta-t-elle. Il est grand temps qu’il découvre la ville et ses usages. Il a grandi à la campagne, en toute liberté, et un soupçon de sophistication ne lui fera pas de mal. Nous en profiterons pour rendre visite à Dick, à l’université. Je voudrais voir son tuteur. Il me semble bien sévère, et je ne pense pas que mener un jeune homme à la baguette soit la meilleure manière de l’éduquer.
Jamie leva les yeux au ciel.
— Et voilà qu’elle recommence ! Je me demande pourquoi le roi m’a donné ce comté. Il aurait dû te l’offrir à toi. Tu finiras à cheval, l’épée au poing, et moi ici, au coin du feu, en train de broder et de raccommoder.
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