Commentaire de jukebox_fr

Voilà bien une éternité, au moins (!), que je souhaite lire le manga Nausicaä de la vallée du vent qui servit de média de départ à Miyazaki pour conter cette fable écologique qu'il adapta lui-même sur grand écan. Pourquoi ? Parce que le film, tout beau et intéressant qu'il puisse être, ne représente qu'un infime bout de ce que Miyazaki avait à nous raconter sur le sujet. Intrigant non ?

Alors, après une première tentative avortée pour cause de collection de la première édition ressemblant à un beau gruyère grâce aux ruptures d'édition, j'ai profité de la ré-édition plus qualitative pour enfin explorer à fond le monde post-apocalyptique si particulier de Nausicaä.

Evidemment, suite à la lecture de ce premier tome qui met en place à peu près tous les personnages connus du film, le contexte politique tendu des derniers royaumes humains et l'univers de la mer de la décomposition peuplé d'insectes géants, difficile de ne pas sauter directement sur le tome suivant tant la mise en bouche est délicieuse.

Au sortir de cette première incursion, je note une dimension politique très poussée qui a été écartée de l'adaptation et qui promet des intrigues tout à fait passionnantes pour la suite, ainsi que beaucoup de violence, affirmant un positionnement bien plus adulte.

Chose qui ne m'avait pas particulièrement sauté au yeux en regardant le film, il y a énormément de similitudes entre le manga de Nausicaä et Princesse Mononoke. J'y ai retrouvé exactement le même type de personnages avec la même dynamique relationnelle, la même violence des scènes et le même discours écologique (même si dans Princesse Mononoke il y est un peu plus subtile). A croire que Miyazaki fut frustré de ne pouvoir adapter complètement son oeuvre et qu'il s'est rattrapé sur une autre pour exprimer ce qui fut écarté (double ration, je ne m'en plaindrai pas !).

Côté dessin, c'est du Miyazaki. On retrouve ce trait rond, doux et vivant qui confère aux regards une telle intensité et expressivité. Les scènes sont finement découpées dans des vignettes bien délimitées et bien remplies, les décors poussés et richement détaillés, le tout avec une minutie qui frôle l'excès, gênant parfois la lisibilité. Mais que c'est beau ! Même si le premier mot qui vient à l'esprit est "brouillon", ça fait sacrément plaisir de voir des planches autant travaillées qui nous propulsent immédiatement dans le fourmillement intense de la mer de la décomposition.

Bref, me voilà piquée au vif et toute prête à être totalement charmée par la suite. En plus d'être impatiente de rentrer dans de l'inédit, je m'en frotte déjà les mains !