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Au XIXe siècle, les restes humains découverts à Feldhofer (Neanderthal 1), tout comme ceux de Krapina, ont joué un rôle majeur dans la reconnaissance des Néandertaliens en tant qu’Hommes fossiles. Le peuplement de l’Allemagne par les Néandertaliens est marqué par plusieurs vagues de migration dès - 225 000 ans (Ariendorf, Ehringsdorf) et des occupations dans différents environnements, comme celui des volcans de l’Eifel en Rhénanie-Palatinat (Tönchesberg). Le frontal d’un Néandertalien adulte mis au jour dans le site d’Ochtendung (Rhénanie-Palatinat) appartient à la première vague. Un peu plus tard, durant le Dernier Interglaciaire (entre environ - 130 000 et - 110 000 ans), des carcasses de rhinocéros de forêt ont été exploitées par des Néandertaliens installés dans la carrière de lignite de Neumark-Nord (Saxe). Puis, vers - 110 000 ans, les Néandertaliens semblent déserter le pays, seuls quatre sites témoignent de leur présence. Ils y reviennent autour de - 70 000 et y demeurent jusqu’environ - 40 000 ans. Ils sont les artisans de différents outillages lithiques rapportés au Taubachien, Keilmessergruppen, Micoquien ou Moustérien. De nombreux ossements de Néandertaliens ont été découverts dans plusieurs sites allemands : Feldhofer, Ehringsdorf et Taubach, mais aussi en Bavière, à Hunas (une molaire inférieure) et dans la vallée de l’Altmühl, dans les grottes de Sesselfels (une dent de lait d’un enfant et un squelette d’un fœtus ou nouveau-né) et de Klaus (une incisive de lait et un fragment de clavicule). Célèbre pour sa statuette aurignacienne en ivoire de mammouth d’un corps d’homme à tête de lion, la grotte de Hohlenstein-Stadel dans le Jura souabe a livré des ossements humains attribués à des Hommes modernes.
Afficher en entierEn Europe orientale, Neandertal est remonté jusqu’au 50 degrés de latitude Nord car il pouvait affronter les climats rigoureux et très secs des phases froides de la dernière glaciation grâce notamment à sa morphologie. Les Néandertaliens, avec leur petite taille, leur tronc large et court, leurs petits avant-bras et leurs jambes courtes, ont des traits physiques communs avec des peuples actuels des régions arctiques, tels les Inuits. L’adaptation morphologique au froid des Néandertaliens se caractérise par une surface corporelle faible – de 240 à 244 cm² par kilo – et un cerveau de grande taille (notons au passage que les Inuits ont eux aussi une forte capacité crânienne).
Afficher en entierNeandertal avait lui aussi mal aux dents. Il souffrait d’abcès dentaires, comme le prouvent les restes de Néandertaliens découverts dans des sites européens (Guattari 1), et du Proche-Orient (Shanidar V). Parfois, l’abcès a provoqué la chute des dents comme chez la Néandertalienne de Bau de l’Aubésier ou des fistules (petits orifices d’où s’écoule du pus), comme on peut l’observer sur la mandibule d’un adulte de Krapina.
Afficher en entierLa tradition des abbés préhistoriens remonte au XIXe siècle. De prestigieux sites préhistoriques furent explorés ou étudiés par des ecclésiastiques, tels les abbés Bouyssonie Jean et Amédée (1867-1958), et Louis Bardon (1874-1944) en Corrèze, Louis Bourgeois (1819-1878) dans le Loir-et-Cher et en Charente, l’abbé Delaunay, André Glory (1906-1966) en Ardèche, en Dordogne (Lascaux), dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées, Amédée Lemozi (1882-1970) dans le Lot, Antoine Ducrost (1833-1889) en Saône-et-Loire (Solutré), Hugo Obermaier (1877-1946) en Espagne (Altamira), le père jésuite Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) en Chine (Zhoukoudian) et, bien sûr, l’abbé Henri Breuil (1877-1961) qui joua un rôle de tout premier plan dans l’histoire de la préhistoire. Le principal intérêt de ces hommes d’Église pour cette jeune discipline est d’ordre scientifique (création de nombreuses Sociétés savantes) et théologique, car en proclamant une chronologie longue, une origine animale de l’Homme et l’existence de lointains ancêtres, les études préhistoriques bouleversent les idées véhiculées dans la Genèse.
Afficher en entierCertains gisements archéologiques ne correspondent pas à des campements mais à des sites où Neandertal a abattu un ou plusieurs animaux d’une même espèce, les a dépecés voire consommés en partie. Ce sont des lieux, souvent singuliers du point de vue topographique ou géomorphologique, où les animaux avaient leurs habitudes journalières (abreuvage, pâturage) ou saisonnière (route migratoire, aire de reproduction). C’est par exemple le cas d’un éléphant antique à Gröbern (associé à une trentaine d’éclats en silex) et à Lehringen, deux sites allemands datés du Dernier Interglaciaire (entre -130 000 et -110 000 ans environ), ou d’un mammouth à la carrière Thomasson (associé à une petite série d’éclats Levallois) en Dordogne et à Skaratki en Pologne. Les Néandertaliens ont soit profité d’un cadavre frais (charognage), soit achevé un animal tombé de lui-même dans un piège naturel (marécage, fondrière, aven) ou qu’ils ont poussé volontairement (rabattage), ou bien encore chassé à l’affût. D’autres gisements attestent de l’abattage de plusieurs individus d’une même espèce, ce que d’aucuns qualifient « d’abattage en masse » alors que les assemblages osseux peuvent résulter de plusieurs événements espacés dans le temps, comme c’est le cas pour des bisons des steppes à Mauran en Haute-Garonne ou des Equus hydruntinus (petit équidé proche de l’hémione asiatique actuel) à Kabazi II. Là, les chasseurs ont pratiqué à plusieurs reprises des chasses collectives avec probablement des rabatteurs et plusieurs tireurs.
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