Extraits

-Je ne comprend pas, dit Morrigane en secouant la tête. Je l'ai regardée brûler.

-Oh, c'est un contrat Wundrous, dit-il en l'agitant sans précaution. Il créé des copies exactes dès que la signature y est apposée. Mais cela explique les bords roussis.

-Je n'ai jamais signé ça, dit Corvus.

Jupiter haussa les épaules.

-Je ne vous l'ai jamais demandé.

-Je suis son père. Ce contrat nécessite ma signature.

-En fait il nécessite que la signature d'un tuteur majeur, et...

-Les contrats Wundrous sont illégaux, dit grand-mère, qui avait enfin retrouvé sa voix, selon la Loi de Mauvaise Usage de Wunder. On vous fera arrêter.

-Dans ce cas, il va falloir vous dépêcher, parce qu'il ne me reste que quelques minutes, dit Jupiter, l'air soudain de s'ennuyer.

Le mécène et sa candidate. Le fou aux cheveux roux et l'étrange petite fille aux yeux noirs.

– Elle est étrangère ? Tu l'as dégotée où ?

– À Mêletoi.

– Mêletoi ? Jamais entendu parler.

Baz, les yeux luisants, murmura avec des airs de conspirateur :

– C'est dans la République, ça ? Tu l'as amenée ici illégalement, hein ? Allez, tu peux tout dire à ton vieux pote Baz.

– Ouais, dit Jupiter. Elle vient de la vile de Mêletoi-Deskitregard, dans la République de Va-voir-ailleurs-si-j'y-suis.

Il y a… des événements, des moments précis dans le temps qui s’attachent aux gens et aux choses, qui s’y accrochent longtemps, parce qu’ils n’ont nulle part où aller.

Morrigane posa sur la table ses cartes en éventail.

- Poker !

Hawthorne regarda ce qu'elle lui montrait.

- C'est pas un poker, ça.

- Mais si, regarde : la dame de carreaux se promenait un jour dans le parc, avec son chien, le valet de carreaux. Elle rencontra le roi de cœur et tomba amoureuse. Ils se marièrent six (de cœur) semaines plus tard eurent trois (de carreaux) enfants, et furent heureux jusqu'à la fin des temps.

Elle fit un immense sourir.

- Poker.

Hawthorne poussa un grognement et abattit ses propres cartes.

- C'est vrai, poker. Tu as encore gagné.

- Les donjons Dredmalis, chuchota-t-elle en fermant les yeux : quartier Est, rue Rifkin. Le Parlement : quartier Nord, passage Flagstaff. La bibliothèque Gobleian : quartier Est, non Sud, non, enfin...

- Quartier Ouest, idiote, dit une voix traînante.

Fenestra, allongée au soleil, léchait sa fourrure à coups de langue languides.

- Rue Mayhew. Maintenant, tais-toi.

- Merci, dit Morrigane.

Elle remarqua que Jupiter observait la Magnifichatte du coin de l'œil et se demanda pourquoi. Sous le soleil, la salive de Fen faisait scintiller sa fourrure grise comme si elle était coulée dans un métal argenté. Elle étira ses belles pattes et bâilla bruyamment. Elle était vraiment superbe ; superbe et terrifiante.

- Vous avez fini, tous les deux ? dit Fen d'une voix faussement agacée. J'essaie de faire ma toilette. Bande de pervers.

Elle s'était imaginé des centaines de fois ce que cela ferait d'être aimée au lieu d'être crainte. De voir les gens lui sourire, au lieu de la fuir. C'était une de ses rêveries favorites.

Baz est ce qu'on appelle un mécène spaghetti. Il parcourt l'Etat libre tous les ans à la recherche de candidats potentiels et fait passer les épreuves à une douzaine d'enfants, qu'ils soient prêts ou non, pour augmenter ses chances de placement. C'est comme lancer une poignée de spahettis au mur en espérant qu'une pâte collera, tu vois ?

Le mécène et sa candidate. Le fou aux cheveux roux et l’étrange petite fille aux yeux noirs.

Morrigane le regarda, incrédule. Elle se demanda un instant si c'était raisonnable d'être passée à travers une horloge dans un autre pays pour aller vivre avec un fou dans son hôtel.