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Dante est appuye contre un des murs du salon, son jus de fruits à la main, Barbie 1 et Barbie 2 sont collées à lui, mais ce n'est pas elles quil regarde. C'est nous.
C'est moi.
Quand il voit que je l'ai repéré, un léger sourire retrousse le coin de ses lèvres, ce qui n'échappe pas à mon frère. Jaume se redresse, sans me faire descendre de ses genoux, et se racle la gorge.
- Ecoutez-moi tous, commence-t-il d'une voix forte qui n'augure rien de bon. Cette fille-là - il pointe un doigt au-dessus de ma tête -, c'est ma soæur. Donc la règle s'applique! Le premier qui la touche est un homme mort, compris?
Afficher en entier-Tu es une amie Buzz l'Eclair? me demande le petit, toujours caché dans le flanc de sa mère.
Je cligne des paupières, sans comprendre, ou du moins, refusant de comprendre ce que peuvent être les amies « Buzz I'Eclair » de Dante et bafouille un magma inaudible de mots, incapable d'énoncer quoi que ce soit de clair.
- Une amie de passage, quoi, précise sa seur d'un ton sec. Une amie-zizi.
Elle n'a pas prononcé cette dernière phrase et s'est contentée de l'articuler très lentement afin que je la comprenne. Et je l'ai bien comprise. Je manque de m'étrangler.
- Quoi ? Non! La sceur soupire et lève les yeux au ciel.
-C'est son amie Buzz l'Eclair, bougonne-t-elle en plaquant les mains sur les oreilles de son petit frère. Je rêve, il nous a envoyé son plan du jour !
Afficher en entierPrologue
Buenos Aires, 6 ans auparavant
Dante
Les portes battantes qui mènent aux soins intensifs s’ouvrent brutalement. Le chirurgien, un jeune homme d’une trentaine d’années, apparaît dans sa blouse immaculée, la tête basse.
– Je suis désolé, c’est fini, bredouille-t-il d’une voix mal assurée en s’arrêtant devant les parents d’Estebán.
Sa mère éclate en sanglots. Dans sa hâte de venir à l’hôpital, elle n’a pas pris le temps de s’habiller, et est toujours en robe de chambre et chemise de nuit. Son père la serre aussitôt dans ses bras, sans cesser de fixer le médecin qui les dévisage d’un air affligé.
C’est fini.
Ça veut dire quoi ? L’opération est terminée, c’est ça ?
Ça ne peut être que ça. Je plisse le front, tentant d’émerger de ce brouillard qui s’est abattu sur moi depuis que ce camion de livraison a percuté Estebán.
Bam.
Rien n’y fait. C’était il y a trois heures, mais le bruit du choc de son corps qui heurte la tôle martèle encore mes oreilles.
Bam.
– Vous ne pouvez rien faire d’autre ? demande son père d’une voix cassée que je ne lui connaissais pas. Essayez !
Il a haussé le ton en prononçant ce dernier mot, mais plus qu’un ordre, c’est une supplique qui s’est échappée de sa bouche. Ses cheveux grisonnants, qu’il n’a pas pris le temps de discipliner, s’agitent sur sa tête. Estebán adore se moquer de lui à cause de la calvitie qu’il tente de dissimuler avec cette mèche qui recouvre le sommet de son crâne.
Estebán.
C’est fini.
Le médecin pince les lèvres, navré, et la mère d’Estebán vacille, comme s’il venait de la frapper. Son père resserre son étreinte autour d’elle pour l’empêcher de s’effondrer, tandis que leurs larmes mêlées baignent sa chemise froissée.
– Non, je suis vraiment désolé. On a tout tenté, quand il est arrivé, il...
Mon sang pulse si fort contre mes tempes que je n’entends pas la suite de son explication. Les mots refusent de cheminer jusqu’à mon cerveau.
Je suis désolé.
Le cri d’Estebán quand le camion a jailli de l’obscurité de la rue mal éclairée, les copains qui se lèvent, moi qui titube parce que le Fernet coule un peu trop dans mes veines, les freins qui crissent contre la terre battue...
Source : kobo.com
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