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Une infirmière ramena River dans sa chambre, tout en lui parlant doucement durant le trajet. Il lut le nom de la jeune femme sur son badge : elle ne s’appelait ni Judy ni Jensen.
Une fois dans sa chambre, River regarda autour de lui. Le décor lui était familier, désormais. Le lit. La fenêtre grillagée. La porte ouvrant sur la minuscule salle de bains… Il ne fallait surtout pas qu’il oublie ce qu’il avait à faire. Il ne luttait que pour cela : se rappeler ce qu’il devait faire. S’en aller. Sortir d’ici.
Afficher en entierFrankie coupa le moteur et descendit de voiture. Elle remonta son col de fourrure jusqu’à ses oreilles et s’enfonça dans la neige, tout en sortant un trousseau de clés de la poche de son blouson.
Jax sortit à son tour, et attendit ses parents avant de se diriger vers la maison. Elle était à quelques pas de la porte d’entrée lorsqu’un grand chien noir et brun sortit de sous la véranda, aboya à deux reprises, puis s’éloigna vivement et disparut dans les bois de l’autre côté de la route. Jax le suivit des yeux.
Afficher en entierJax n’aimait pas dévoiler les aspects tendres et doux de sa personnalité. Elle prenait même grand soin de les dissimuler aux yeux de tous. Pour commencer, elle évoluait dans un univers d’hommes et elle avait très vite appris à jouer son rôle. Mais il y avait autre chose dont elle avait parfaitement conscience : sa sœur était une jeune fille très douce, amicale, confiante… et ces aspects de sa personnalité n’avaient pas joué en sa faveur…
Afficher en entierElle s’attendait à un logement de fonction banal, une boîte à sardines plantée quelque part à l’orée du village. Au lieu de ça, Frankie longeait un chemin menant à une maison blanche d’une beauté à couper le souffle. De style victorien, elle arborait de hautes fenêtres étroites flanquées de volets d’un joli vert forêt et des moulures en forme de spirale du même vert, avec du mauve. Les peintures étaient récentes.
Afficher en entierIl avait purgé une peine de douze ans, et sa carrière de chirurgien avait été détruite. Il ne pourrait plus jamais pratiquer la médecine — en tout cas sur des humains. Pourtant, il ne s’était pas laissé abattre. Chaque jour, depuis sa cellule, il écrivait à sa fille, et celle-ci lui répondait. Et puis il avait étudié la médecine vétérinaire et, à sa sortie de prison, il avait décroché son diplôme. Finalement, six mois plus tôt, l’Association américaine de médecine vétérinaire lui avait accordé l’autorisation d’exercer. La clinique vétérinaire de Blackberry-Pinedale avait besoin d’un associé, et il avait accepté le poste. Aujourd’hui, il avait l’air satisfait.
Afficher en entierCassandra Jackson — que l’on appelait aussi Jax, quelquefois — était installée sur le siège passager du 4x4 de Frankie Parker, chef de la police de Blackberry, tandis que la campagne défilait sous ses yeux. Elle était déjà venue dans le Vermont, mais la beauté des paysages hivernaux ne cessait de l’enchanter. On aurait dit une carte de Noël : sapins saupoudrés de neige, peupliers et érables scintillant de glaçons, collines douces couvertes d’un blanc manteau. Frankie conduisait tout en vantant les avantages qu’offrait le poste de chef de police d’une petite ville comme Blackberry. Les parents de Jax, Ben et Mariah, assis à l’arrière, accompagnaient le monologue de Frankie de hochements de tête approbateurs.
Afficher en entierRiver étouffa un gémissement et se laissa glisser jusqu’au sol. Ethan ne le croyait pas. Son meilleur ami ne le croyait pas ! La tête lui tournait, et il lutta de toutes ses forces pour s’accrocher à une pensée, une seule, afin de ne pas sombrer dans la folie.
Il n’était pas fou. Les médicaments étaient seuls responsables de son état. Ils étaient en train de le tuer… Oui, c’était ça. Et maintenant ? Il lutta contre le brouillard épais qui enveloppait ses pensées.
Afficher en entierRiver était recroquevillé dans un coin de la cellule, le dos au mur, les bras enroulés autour de la taille. Il ne pouvait pas les bouger. La camisole de force le serrait trop. La pièce était blanche, les murs, matelassés comme ceux du gymnase du vieux lycée de Blackberry. L’odeur n’était pas la même, cependant : pas d’effluves de cire et de sueur. Ici, le mélange d’urine et d’eau de Javel donnait la nausée. En dehors de cette distraction mineure, l’esprit de River flottait dans une sorte de brouillard presque plaisant. Pourtant, des turbulences internes agitaient régulièrement cette fausse tranquillité.
Afficher en entierDans la salle du tribunal, l’homme qui attendait qu’on lui lise le verdict n’était pas celui que Cassie connaissait. Il avait des gestes nerveux : des tics. Durant le procès, il n’avait cessé d’osciller entre un état de stupeur presque comateuse et une extrême nervosité. Il lui arrivait même de se lancer dans de longs monologues incompréhensibles.
Tout cela avait pour but de le faire passer pour fou, bien entendu. C’était la seule défense que ses avocats avaient pu trouver. Cassie en éprouvait une colère si violente qu’elle aurait pu lui arracher les yeux. Ce n’était peut-être pas plus mal, d’ailleurs : sa colère présentait au moins l’avantage de faire passer sa souffrance au second plan.
Afficher en entierMais il n'osa pas entrer dans la ville. On devait déjà le rechercher. De plus, tout le monde le connaissait, ici. Son affaire avait fait la une des journaux, deux ans plus tôt. Seigneur, déjà deux ans ? "Un ancien de la NYPD tourne mal." On avait dû parler de lui pendant des semaines, voire des mois.
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