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— Comment a-t-il pris la nouvelle ?

Elle esquissa une moue alors qu’elle se remémorait leur conversation…

« — Tu te fous de moi ? avait hurlé Lucian.

Harper avait soupiré.

— Lucian…

— Cela ne te suffit pas de t’être unie à cet enfoiré de psychopathe, tu vas maintenant avoir son rejeton de psychopathe ?

— Hé ! Mon enfant n’est pas un psychopathe.

— Ne te voile pas la face. S’il tient de toi, ce sera un amour. S’il tient de lui, ce sera un cauchemar ambulant. »

Harper se gratta le menton.

— Il l’a plutôt bien pris.

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— Tu vas me manquer. (Devon lui tapota le bras.) Mais ton absence aura du bon. Cela signifie qu’on verra aussi beaucoup moins le chien-chien.

Tanner se fendit d’un large sourire.

— Ah, minette, nous savons tous deux que je vais te manquer. Tu veux un mouchoir ?

— Pour mes larmes de joie ? Non.

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CHAPITRE PREMIER

Comme tous les autres spectateurs réunis dans l’immense dôme, Harper

Wallis ne put retenir une grimace en voyant un des combattants percuter violemment le plafond à l’issue d’un vol plané pendant que son adversaire le regardait d’un air parfaitement indifférent.

— Ce mec est impitoyable, observa son cousin Ciaran. Il est vraiment génial.

Il parlait de l’Ankou qui participait, contre rémunération bien entendu, à

des duels entre démons organisés dans la Cité souterraine.

On aurait dit Las Vegas, mais gonflé aux stéroïdes. Il y avait des restaurants, des bars, des boîtes de nuit, des casinos, des hôtels, des manèges et plein d’autres choses encore. Les démons étaient connus pour leur impulsivité, leur fébrilité, leur recherche de sensations fortes et de satisfaction immédiate, et c’était exactement ce que leur offrait la Cité souterraine. Un véritable paradis pour eux.

En plus d’être un des seuls endroits au monde où les démons pouvaient se montrer tels qu’ils étaient réellement et se détendre sans être obligés de jouer la comédie.

Harper grimaça en entendant le craquement d’un os qui se brisait. Les combattants ne ressortaient jamais indemnes de ces combats. Ils récoltaient des blessures, des fractures ou même des hémorragies internes et, bien que les démons guérissent plus vite que les humains, certains d’entre eux mouraient pendant le combat ou peu après. Harper ne se réjouissait donc pas à l’idée que sa cousine Khloë allait bientôt entrer dans l’arène. Elle risquait fort d’être amochée même si elle remportait la victoire.

Harper suivait le combat avec une fascination morbide. Le perdant avait beau multiplier les coups contre l’Ankou, c’était à peine si ce dernier le remarquait. Il se contenta d’empoigner son adversaire par la gorge, de le soulever et de le balancer à travers le dôme. Les yeux de Levi, l’Ankou, virèrent au noir, signe que son démon intérieur avait pris le contrôle.

Tous les démons avaient cette dualité de l’âme, un peu comme les métamorphes, qui partageaient leur enveloppe charnelle avec un animal intérieur. Pour leur part, les démons étaient des prédateurs sombres, dépourvus de conscience et d’empathie, incapables de nouer des liens d’amitié, persuadés d’avoir tous les droits. Ils étaient dotés du pouvoir d’émerger, de parler et de prendre le contrôle de la personne qui les hébergeait, et cela se décelait dans leurs yeux qui devenaient alors entièrement noirs.

— Levi va vite mettre fin au combat, déclara Ciaran. Je me demande à quoi pensait Franklin quand il a accepté de se battre contre lui. Vas-y Levi, massacre-le ! hurla-t-il, partageant l’enthousiasme de la foule en délire.

Harper tressaillit en voyant l’Ankou faire exactement cela. Il utilisa son pouvoir de télékinésie pour envoyer Franklin heurter le plafond encore une fois.

Certains démons étaient assez inoffensifs, leurs pouvoirs se limitant à

donner des cauchemars ou à lire dans les pensées. Les plus puissants d’entre eux cependant étaient capables de posséder les autres et même de voler leur

âme. Bien qu’elle soit très forte, Harper ne s’intéressait pas à ce genre de chose. Elle préférait gagner sa vie à la sueur de son front. Elle était simplement née avec des pouvoirs démoniaques qu’elle n’avait ni choisis ni mérités.

— Tu es censé encourager Franklin, dit-elle en lançant un regard mauvais à

Ciaran. Mais tu as parié sur Levi, non ? déduisit-elle en remarquant le regard

évasif de son cousin.

— J’aime bien Franklin, rétorqua-t-il d’un air contrit, c’est un chouette pote, mais bon, je préfère encore le fric. Alors j’ai misé sur Levi.

— Que fais-tu de ta loyauté envers ton ami ?

— Ouais, mais bon… je suis un elfe après tout, expliqua-t-il en se désignant lui-même du doigt. On est égoïstes, sournois, volages, pas du tout fiables, tu le sais bien…

Il avait raison en ce qui concernait cette espèce. Les membres de la famille de Harper, comme tous les démons elfes, avaient la réputation d’être

« polyvalents », comme disait sa grand-mère. Les humains les considéraient plutôt comme des criminels. En effet, ils s’adonnaient à toutes sortes d’escroqueries, vols, fourberies, ou tricheries. Ils étaient capables d’entrer n’importe où et de ressortir sans être vus et cela ne leur posait aucun cas de conscience.

Jolene avait veillé à donner la même éducation polyvalente à Harper qu’à

tous les autres Wallis, même si sa petite-fille n’était pas une elfe. Il n’y avait pas d’hybrides parmi les démons. Par conséquent, quand deux espèces s’unissaient, l’enfant tenait soit de son père, soit de sa mère. Pour sa part,

Harper était de la même espèce que sa mère absente.

— Regarde. Levi s’apprête à lui donner le coup de grâce, dit Ciaran, très excité, en lui tapotant le coude.

L’Ankou se pencha sur Franklin et lui posa la main sur son torse. Ce dernier arqua le dos et hurla de douleur. Après quelques secondes d’une souffrance intolérable, il fit un geste de la main pour indiquer qu’il se rendait.

La foule en délire criait et scandait le nom de Levi. Celui-ci se redressa, leva les poings en signe de victoire et inspira profondément, luttant manifestement contre son démon pour ne pas lui laisser le contrôle. Puis ses yeux redevinrent humains et ses muscles se détendirent à mesure que son démon se retirait.

Levi ne se pavana pas tout autour de la scène comme beaucoup d’autres démons. Il était trop occupé à adresser un regard noir à Franklin. Harper eut l’impression qu’il en voulait à son adversaire d’avoir capitulé trop tôt.

— On comprend que Knox l’ait choisi comme sentinelle, affirma Ciaran.

Et qui était ce Knox ? Eh bien, Knox Thorne était non seulement le créateur de la Cité souterraine, mais aussi un démon dont le clan s’étendait sur presque tout le Nevada et une bonne partie de la Californie. Ce Grand Maître était un milliardaire impitoyable, propriétaire de chaînes d’hôtels, de restaurants, de sociétés de sécurité, de bars, et de casinos. C’était comme cela que fonctionnaient les démons. Ils se dissimulaient à la vue de tous, se mêlaient aux humains qui ne se doutaient de rien, occupant parfois des postes qui leur procuraient beaucoup de pouvoir, de contrôle, de respect et des défis intéressants. Un certain nombre d’entre eux étaient devenus des entrepreneurs, des hommes politiques, des traders, des journalistes, des chefs cuisiniers, des chirurgiens, ou même des célébrités. Harper, par exemple, était copropriétaire d’un studio de tatouage qui recevait beaucoup de clients humains inconscients de sa véritable nature.

Knox se mêlait si facilement aux humains que Harper pensait que certaines espèces d’êtres surnaturels ne le soupçonnaient même pas d’être un des leurs.

En revanche, tous les démons au monde avaient entendu parler de Knox

Thorne, réputé être le plus puissant d’entre eux, ce qu’il n’avait apparemment jamais confirmé ni infirmé.

Beaucoup d’autres rumeurs circulaient sur son compte. On le disait dangereux, calculateur, play-boy, un homme qui vivait selon ses propres règles. Certains prétendaient qu’il contrôlait les flammes des enfers, ce qui

était extrêmement rare en plus d’être assez effrayant, puisque rien ne leur résistait.

Harper entendit sonner son téléphone et le sortit de sa poche. Elle fronça les sourcils en découvrant que l’appel provenait de Khloë.

— Ne devrais-tu pas être en train de t’immerger dans « ta zone » ? lui demanda-t-elle en décrochant.

— Il faut que tu viennes. Tout de suite, lança-t-elle, son ton de voix trahissant une grande souffrance.

— Qu’y a-t-il ? s’enquit Harper, qui s’était raidie en l’entendant.

— Dépêche-toi, ajouta-t-elle avant de raccrocher aussitôt.

— Khloë a besoin de moi, expliqua-t-elle à Ciaran en lui refilant son hotdog, sachant qu’il allait le manger. Je reviens tout de suite.

La jeune femme se précipita jusqu’au bout de la rangée de sièges puis descendit les gradins à toute vitesse et se dirigea vers la porte des coulisses, que surveillait un vigile.

— Khloë est dans la salle douze, l’informa le gardien, qui connaissait bien la famille Wallis. Tu ne vas pas apprécier ce que tu vas y trouver.

Merde ! Harper se hâta dans le couloir jusqu’à la porte de la pièce où se trouvait sa cousine. Elle entra et s’arrêta net à la vue du spectacle qui s’offrait à

elle.

— Khloë, putain ! mais que s’est-il passé ? éructa-t-elle, furieuse.

La petite jeune femme au teint mat essaya de sourire mais ne réussit qu’à

esquisser une grimace en effleurant de la main sa lèvre gonflée et fendue. Elle

était recouverte d’ecchymoses et d’écorchures et ses vêtements étaient en lambeaux.

— C’est pas ma faute, déclara-t-elle en regardant Harper de son unique œil resté valide.

Ce serait bien la première fois alors. En effet, la cousine de Harper se mettait assez souvent dans de sales draps.

— Qui t’a fait ça ?

— Les copines de Mona m’ont attaquée dans les toilettes il y a quelques minutes.

— Quoi ?

Mona était l’adversaire que Khloë devait rencontrer en duel. Une salope qui lui en voulait à mort depuis longtemps pour avoir couché avec un gars qu’elle convoitait. Les démons étaient plutôt rancuniers de nature.

— Je me demande si c’est Mona qui leur a demandé de me tabasser, lança

Khloë. Pense-t-elle vraiment que je vais laisser passer cela ?

Oui, sans doute. Mona était une Prophétesse de malheur qui se croyait intouchable parce qu’elle était l’alter ego d’un démon membre des forces défensives de Knox. Les démons étaient des créatures très spéciales. Ils avaient tous un alter ego qui n’était pas vraiment leur âme sœur, mais plutôt un compagnon ou une compagne qui renforçait leur pouvoir et leur donnait la stabilité nécessaire pour les empêcher de sombrer dans l’aliénation mentale.

Quand des alter ego fusionnaient leurs psychismes, un lien indestructible se nouait entre eux. Ce lien était uniquement psychique et n’avait rien de sexuel ou d’émotionnel. Les démons se sentaient toujours très protecteurs envers leur alter ego, mais Harper se fichait éperdument de savoir qui était celui de Mona.

Personne ne s’en prenait impunément à sa famille.

— Est-ce que tu sais où sont les copines de Mona, ces petites pétasses ?

demanda Harper en faisant les cent pas.

— Le portier est allé voir, répondit Khloë, l’air maussade. Mais il ne les a pas trouvées, comme par hasard. Elles ont eu ce qu’elles voulaient. Je ne suis pas en état de combattre.

Effectivement. Même si elle guérissait plus vite qu’un humain, Khloë ne retrouverait jamais sa forme normale à temps pour l’imminent duel.

— C’est vrai, convint Harper. Mais moi, si, et je vais te remplacer.

Knox tourna le dos au grand miroir sans tain avec une vue parfaite sur l’aire de combat en entendant frapper à la porte.

— Entrez, dit-il.

Trois de ses sentinelles, Tanner, Keenan et Larkin, pénétrèrent alors dans la pièce. En constatant que Tanner serrait les mâchoires, Knox sut immédiatement qu’il n’allait pas aimer les informations qu’il leur avait demandé

d’aller glaner.

— Dites-moi tout, ordonna Knox en posant son verre de gin tonic sur le bureau.

— Il y a eu beaucoup plus de disparitions de marginaux qu’on le pensait, expliqua Tanner, qui se tenait juste devant Knox avec une sentinelle de chaque côté. On a vérifié s’il y avait eu d’autres cas semblables ailleurs, mais, pour l’heure, cela semble se limiter à Las Vegas.

Knox n’avait été mis au courant que quelques jours plus tôt parce qu’il n’avait aucun contrôle sur les marginaux, des démons qui préféraient ne pas faire partie d’un clan. Ils semblaient s’être simplement évanouis dans la nature.

Knox n’était pas responsable de leur protection, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’il acceptait que des truands considèrent Las Vegas comme leur terrain de chasse. Contrairement aux métamorphes, les démons ne revendiquaient pas de territoires. Par contre, ils protégeaient les lieux où

résidaient les membres de leur clan.

Keenan sortit de sa poche une flasque remplie de vodka. Knox était au courant du penchant de sa sentinelle mais ne lui en parlait jamais. En effet, même si l’incube buvait beaucoup, sa consommation d’alcool n’affectait pas la qualité de son travail

— Il y a une grosse population de démons à Las Vegas, expliqua Keenan.

C’est la ville idéale pour la chasse aux marginaux.

La ville attirait en effet les démons friands de lumières, de jeux de hasard, de sensations fortes et de poussées d’adrénaline.

— Ceux à qui on a parlé vivent dans la peur, dit Larkin en allant s’asseoir sur le canapé près du grand miroir sans tain. D’habitude, quand il y a une disparition, on trouve toujours au moins un témoin ou une victime d’un kidnapping raté qui se fait connaître. Mais là, rien du tout. Les marginaux qui ont disparu n’étaient pas nécessairement faibles, mais ils semblent avoir été

enlevés sans peine.

— Je ne peux pas faire autrement que me demander si Isla a quelque chose

à voir avec ça, dit Knox en s’appuyant contre le bureau.

— Isla ? répéta Keenan, perplexe, avant de boire une gorgée de vodka.

— Elle réclame des changements depuis un bon moment et personne n’y faisait attention jusqu’à maintenant. Elle m’a parlé justement de la protection des marginaux. S’ils prennent peur…

— Ils seront plus disposés à l’écouter, conclut Keenan.

— Exactement.

Les démons n’avaient pas de chef suprême, ils se regroupaient en clans régis pas un Grand Maître. Il n’y avait pas de structure hiérarchique à

l’intérieur du clan. Les démons n’obéissaient qu’à leur Grand Maître. Isla avait proposé que l’un d’eux, elle-même de préférence, soit élu pour diriger tous les clans des États-Unis. Personne n’avait fait attention à ses propositions jusquelà, mais elle avait maintenant quelques partisans et elle savait se montrer convaincante.

— La rumeur veut qu’elle loue les services de ses démons à des adeptes de magie noire pour les aider à jeter des sorts. Elle n’hésiterait pas selon moi à

kidnapper des marginaux en plein jour, supputa Larkin en jouant avec sa longue tresse brune.

— Pourquoi est-ce qu’Isla réclame cette élection ? demanda Keenan en secouant la tête. On a déjà eu une structure comme ça et cela s’est terminé en chaos. Que veut-elle ?

— Le pouvoir, dit Larkin.

Elle avait raison. Il y avait toujours quelqu’un qui cherchait plus de pouvoir, de contrôle ou d’argent. Knox avait vu tellement d’êtres cupides et calculateurs au fil des ans qu’il trouvait tout cela beaucoup trop prévisible, ennuyeux et inintéressant. Son démon et lui-même commençaient même à

ressentir une certaine torpeur.

— J’ai reçu un coup de fil de Raul, annonça Knox à ses sentinelles. Il a organisé une conférence samedi à Manhattan pour que tous les Grands Maîtres des États-Unis puissent discuter de ces propositions. (Le clan de Raul était

éparpillé dans la ville de New York.) Personnellement, je trouve que c’est une bonne idée d’aborder ces questions dans un cadre officiel.

— Penses-tu qu’Isla a une chance d’obtenir ce qu’elle demande ? s’enquit

Keenan, l’air de ne pas y croire.

— Je pense qu’elle est très astucieuse, très calculatrice et qu’il ne faut surtout pas la sous-estimer, répondit Knox. Les démones savent se montrer impitoyables.

— Justement, en parlant de démone impitoyable, intervint Tanner en esquissant un petit sourire narquois, tu seras peut-être intéressé d’apprendre que Kendra s’affiche partout avec son nouveau mec. Elle espère sans doute te rendre jaloux.

Tanner, un chien des enfers, avait l’air de s’en amuser franchement.

— La dernière fois que je lui ai parlé, répondit Knox, elle a juré que je finirais par regretter de l’avoir laissée partir et que je la supplierais de la reprendre.

— Elle avait senti que ton démon se désintéressait ? dit Tanner en riant.

— Oui.

C’était toujours comme cela pour Knox. Son démon faisait une fixation sur une fille mais se désintéressait rapidement et ses engouements ne duraient jamais longtemps. Knox se retrouvait alors avec une fille vexée sur les bras.

En règle générale, les démons intérieurs ne connaissaient pas le sentiment amoureux, mais ils étaient capables d’attachement. Quand cela arrivait, les liens étaient encore plus forts parce qu’ils y mettaient toute leur intensité. Dans le cas de Knox, son démon était attaché à ses quatre sentinelles, mais à

personne d’autre. Il lui arrivait d’être obsédé par une femme, mais sans jamais souhaiter la « garder », même s’il souffrait autant de la solitude que la plupart de ses semblables.

Knox fut tiré de ses pensées par un autre coup frappé à sa porte annonçant l’arrivée de Levi, qui avait manifestement pris le temps de se laver et de se changer.

— Tu ne t’es pas privé de donner des coups bas.

— Je ne connais pas d’autre façon de me battre, rétorqua Levi en souriant.

— C’est le tour de Mona, on dirait, annonça Larkin en se tournant vers le miroir sans tain. Voici l’arbitre.

— Il y a un changement de dernière minute, annonça l’homme aux cheveux gris dans un microphone, audible jusque dans le bureau de Knox. Mlle Wallis

étant souffrante, elle sera remplacée par…

— Attendez, cria Mona en pénétrant dans le cercle de combat. C’est contraire au règlement ! Quand un des participants déclare forfait, l’autre est automatiquement reconnu vainqueur du combat.

— Oui, confirma l’arbitre, sauf que Mlle Wallis n’a pas choisi de se retirer du combat. Elle n’est pas en mesure de combattre pour des raisons en dehors de sa volonté. Elle est donc autorisée à désigner une remplaçante.

Les traits de Mona révélèrent une telle colère que Knox comprit que cette affaire revêtait un caractère très personnel pour elle. Ce fut tout autre chose cependant qui attira son attention. Il s’approcha du miroir sans tain pour mieux scruter la jolie brune qui s’approchait de l’aire de combat. Elle mesurait à

peine plus d’un mètre soixante mais elle ne paraissait pas fluette pour autant.

Toute en muscles, elle était manifestement très en forme sous son jean et son tee-shirt orange fluo. Tout à fait du genre à faire fantasmer un mec avec ses formes épanouies.

— C’est qui cette fille ?

— Je l’ai déjà aperçue dans les parages, répondit Tanner. Mais je ne l’ai encore jamais vue combattre. C’est une Wallis.

— Elle n’est pas très grande. Mona n’en fera qu’une bouchée, déclara

Larkin, la harpie, l’air déçue, sans doute parce qu’étant plutôt misanthrope elle n’appréciait pas tellement cette Mona, ni personne d’autre d’ailleurs.

Mona était plus grande, très forte, et sembla prendre très vite l’avantage.

— Je n’en suis pas si sûr, déclara Knox.

Il y avait quelque chose dans le port de tête de l’autre démone, dans sa manière de regarder Mona. C’était une vraie prédatrice à la recherche des points faibles de son adversaire. Elle n’était pas une proie facile. Cette fille attisa soudainement son intérêt. Cela lui arrivait rarement et il trouvait cette sensation des plus agréable.

— Tu penses que cette petite chose a des chances de remporter le combat ?

lui demanda Levi.

Ce n’était pas impossible. La cloche annonça le début du duel.

— C’est ce qu’on va voir.

Selon toutes apparences, Mona se délectait des cris de la foule.

— Tu as fait une grave erreur en venant m’affronter en combat, Harper, dit-elle, l’air dégoûtée et très sûre d’elle.

Ouais, elle était loin d’être la seule à la toiser ainsi. Beaucoup de gens trouvaient vraiment étrange, anormale même, ce petit sphinx sans ailes.

Certains pensaient que sa malformation en faisait une proie facile. Grossière erreur ! Mona partageait manifestement cette idée fausse.

— Vas-y, prouve-le-moi, la provoqua Harper.

Mona esquissa alors un sourire narquois en faisant apparaître une boule de feu des enfers, un don assez banal que possédait la majorité des démons, et la lança sur Harper. La jeune femme l’esquiva facilement mais elle ne riposta pas malgré la colère qui montait en elle et menaçait de lui faire perdre son selfcontrol. Son comportement intrigua Mona. La Prophétesse de malheur n’avait pas compris que Harper ne souhaitait pas l’affronter en duel, ne la trouvant pas digne de cet honneur. Elle désirait simplement contrôler la pouffiasse.

Elle aurait pu bien entendu la faire souffrir de loin. Mais elle avait besoin de la toucher pour lui infliger une vraie douleur. Malheureusement, Mona semblait déterminée à garder ses distances. Harper allait donc devoir ruser pour attirer son adversaire jusqu’à elle. Elle commença donc par la titiller et l’agacer exprès. Elle avait beau être calme de nature, elle était également dotée d’un tempérament chaud bouillant.

— Je n’arrive pas à comprendre que tu aies pensé que tes petites copines pouvaient s’en prendre à Khloë en toute impunité, ironisa Harper. Est-ce que par hasard tu aurais une sorte de vide en toi ? Dans ton crâne, je veux dire ?

— Salope ! lui lança Mona en crispant les mâchoires, tout en lançant un flot continu de boules de feu vers la tête, la poitrine, les jambes et le ventre de son adversaire.

Harper les esquivait presque toutes. Elle en laissa une ou deux cependant lui effleurer l’épaule puis la jambe. Elle préférait que Mona ne sache pas à quel point elle était rapide. Elle voulait l’attirer plus près d’elle.

— Tout ça parce que Gaël a préféré Khloë il y a de ça trois ans ?

Vraiment ? Mais c’est lamentable.

— Il ne l’a pas choisie, c’est elle qui l’a séduit, par la ruse.

Khloë était capable de contrôler presque tout le monde, mais elle n’était pas du genre à utiliser ses dons pour attirer un mec qui ne voulait pas d’elle.

— On sait bien toutes les deux que c’est faux. Mais même si c’était vrai cela ne changera rien à rien de t’en prendre à elle aussi longtemps après. Il faut apprendre à tourner la page.

Mona grogna et lança deux boules de feu en même temps. Harper les esquiva facilement. Puis elle s’empara rapidement du stylet qu’elle cachait dans sa botte, le saisissant par son manche en marbre rouge écarlate.

— Tu penses que ce petit poignard va te sauver ? ironisa Mona.

L’objet en lui-même ne suffirait sans doute pas.

— Il est presque mignon, ajouta-t-elle.

Harper évita une nouvelle boule de feu. La jeune femme n’avait jamais réussi à en créer. Elle pouvait faire apparaître le feu des enfers, mais elle était incapable de lui donner une forme. Elle avait d’autres dons cependant.

Elle tendit le stylet qu’elle tenait dans la main gauche et la lame se para subitement de flammes qui la transformèrent en une arme parfaitement létale.

Mona s’immobilisa, abasourdie. La foule se tut pendant un bref instant. Les spectateurs croyaient sans doute que Harper ne ripostait pas parce qu’elle ne possédait pas de véritable don. Mais ils venaient de découvrir que c’était faux.

Arborant un sourire condescendant, Harper fit tourner la lame dans sa main.

— Personnellement, je trouve que c’est mieux que les boules de feu, déclara-t-elle.

Elle pouvait faire apparaître le feu des enfers avec n’importe quel objet :

une lame, mais aussi un stylo, une barrette ou autre chose, et le transformer en une arme redoutable.

— Est-ce de la peur que je lis sur ta face de chimpanzé ?

Mona attrapa alors une dague que lui envoya une de ses amies et se jeta sur

Harper. Exactement ce que souhaitait cette dernière. Harper évita la lame, donna un coup de stylet à la cuisse de Mona et assena une grande tape du plat de la main sur le ventre de son adversaire. Parcourue de frissons, Mona tomba

à genoux et ouvrit la bouche dans un grand cri silencieux de douleur insupportable. Ce n’était pas la morsure du feu des enfers qui la faisait souffrir ainsi mais quelque chose de bien pire encore.

La foule se tut de nouveau, sans doute incapable de comprendre comment un seul coup de couteau et une tape avaient suffi pour vaincre Mona.

— Personne n’a le droit de s’en prendre à ma famille, déclara Harper en s’accroupissant devant Mona. Ose encore lever la main sur un de mes amis et tu trouveras que la douleur que je te viens de t’infliger ressemble à une tape sur les doigts par comparaison à celle que je te ferai connaître. C’est compris ?

Sanglotant, Mona tomba sur le côté et se roula en boule. L’arbitre se précipita à son côté.

— Que se passe-t-il ? s’enquit-il.

— Elle n’a eu que ce qu’elle méritait, lâcha Harper en rangeant son stylet dans sa botte.

Puis elle quitta l’aire de combat. Il lui fallut quelques minutes pour traverser la foule qui se pressait pour l’acclamer et la féliciter, et rejoindre ses cousins près de la sortie du dôme.

— Je suis si heureuse que j’en pleurerais presque, déclara Khloë en lui emboîtant le pas et en s’éventant.

— Je n’arrive pas à croire que cette pétasse a envoyé ses amies…, commença Ciaran, l’air fâché.

Ils furent interrompus par deux démons qui leur coupèrent la route.

L’homme avait les épaules larges, les cheveux sombres et des yeux dorés qui lui donnaient un peu l’air d’un loup. La femme était grande, mince, les cheveux ramassés en une somptueuse et très longue tresse qui lui redescendait le long de l’épaule. Harper les avait souvent vus patrouiller dans la Cité souterraine et savait exactement qui ils étaient : des sentinelles.

— M. Thorne souhaite vous parler, dit l’homme en s’adressant à Harper.

Merde !

— C’est vrai ? Mais je n’ai pas très envie de parler.

— Vous accepterez bien de lui accorder quelques minutes de votre temps, insista la femme, l’air sincèrement amusée.

En fait, Harper n’en avait vraiment pas très envie. Avec tout ce qu’elle avait entendu dire sur Knox Thorne, la perspective de le rencontrer ne la réjouissait pas. D’autant plus qu’il y avait un petit truc qui les gênait tous : personne ne savait à quelle espèce de démon il appartenait. Harper n’aimait pas les zones d’ombre. Il valait mieux cependant ne jamais montrer de faiblesse à un prédateur et, si elle reculait devant ses sentinelles, sa réputation risquait d’en souffrir.

— D’accord, dit-elle.

— Vous seule, insista l’homme.

— Attendez-moi à l’Xpress Bar, lança alors Harper à ses cousins en inclinant la tête. Je vous y rejoins tout de suite.

Puis, sans leur laisser le temps d’exprimer une objection, elle suivit les deux sentinelles vers l’arrière du dôme. Ils empruntèrent un escalier, s’arrêtèrent devant une porte marquée « Bureau » à laquelle l’homme frappa.

Harper sentit la puissance de l’occupant des lieux même à travers la porte. Sa force l’enveloppait presque. Une voix hautement sensuelle les pria d’entrer, et l’homme ouvrit la porte et l’invita à obtempérer d’un signe de tête. Puis les deux sentinelles se retournèrent et s’éloignèrent, la laissant seule avec Knox

Thorne.

Harper inspira longuement en entrant dans la pièce. Elle eut du mal à

résister à la tentation de rester là à dévisager, la bouche grande ouverte, la silhouette imposante debout derrière la table de verre. Knox Thorne avait des cheveux foncés et des yeux sombres sous une arcade sourcilière proéminente.

Il dévisagea longuement la jeune femme et l’intensité qu’elle perçut dans son regard la fit tressaillir. Son corps réagit violemment : elle sentit un désir brûlant monter en elle, ses tétons se durcirent au point d’en avoir mal et chaque petit centimètre carré de sa peau devint hypersensible. Eh ben dis donc !

Tous les démons avaient du sex-appeal et Harper avait souvent entendu dire que Knox Thorne en possédait plus que tous les autres. Mais elle avait été

surprise par son fort impact sur elle. Il dégageait une énergie de chef, projetait une aura sexuelle capable de faire craquer toutes les filles. Harper examina plus attentivement son regard, sa façon de se tenir et l’assurance qu’il dégageait, et les mots qui lui vinrent à l’esprit furent : puissance, force, confiance, contrôle, intrépidité, détermination.

Merde ! cet homme l’intimidait.

Refusant de flancher sous la pression, Harper referma la porte et attendit. Il ne dit rien. Ne la salua pas. Ne l’invita même pas à s’asseoir. Il se contenta de la dévisager de son regard sombre, comme s’il l’évaluait, et elle sentit monter la tension. Elle n’avait aucune intention cependant de détourner les yeux. C’était sa manière à lui d’évaluer sa force et elle refusait de lui montrer quelque faiblesse que ce soit.

Enfin Knox, qui semblait sortir tout droit d’un magazine de mode, contourna lentement son bureau et marcha vers elle. « Marcher » n’était peutêtre pas le bon mot pour décrire ce qu’il fit. Il s’avança vers elle avec une grâce animale qui captait toute son attention et la conservait sans mal.

Sa démone intérieure se raidit, se sentant menacée par cet homme qui exsudait le danger. Et dangereux il l’était, sa démarche le prouvait, ainsi que sa posture, et la tension qu’elle imaginait dans ses muscles que laissait deviner son costume noir qui, elle l’aurait parié, avait sans aucun doute coûté plus cher que toute sa propre garde-robe.

— Knox Thorne, se présenta-t-il en inclinant la tête, son regard sombre toujours plongé dans celui de la jeune femme, encore plus imposant de près. Et vous êtes… ?

— Harper Wallis, répondit-elle.

Elle s’alarma qu’il trouble à ce point sa démone intérieure que rien ne perturbait habituellement. Elle n’arrivait pas à déterminer de quelle espèce de démon il était et s’en sentit très frustrée. Tous ses instincts lui dictaient cependant de faire très attention, qu’elle était en présence d’un prédateur extrêmement puissant.

— Harper Wallis, répéta-t-il.

Il n’avait pas dit son nom, il l’avait savouré, l’avait énoncé d’une voix faite de fumée, de whisky et de velours. Elle allait certainement fantasmer sur lui plus tard dans l’intimité de son appartement. Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’il ne lise pas dans ses pensées. Elle en aurait été fort gênée.

Elle ne s’offusqua pas qu’il ne lui tende pas la main pour serrer la sienne.

Les démons étaient dotés d’une importante sensibilité tactile. Leur psychisme et leur sexualité étaient très développés et, pour cette raison, ils acceptaient rarement d’être touchés.

— Ravie de faire votre connaissance. Enfin, je pense.

Sa voix n’était pas des plus sincères. Pour une raison qu’elle ne s’expliqua pas, sa déclaration lui fit esquisser un petit sourire un peu tordu qui lança sa libido dans une danse effrénée. Génial.

Eh bien. Cette petite démone l’avait surpris encore une fois.

Quand elle était entrée dans son bureau, ses yeux ressemblaient à ceux d’un chat, grands, clairs et brillants, et ils avaient la couleur du miel. Mais quand il s’approcha d’elle cette couleur se mit à tourbillonner comme un liquide en

ébullition et ses iris virèrent au gris brumeux. Il avait l’impression qu’ils allaient encore changer de couleur et il se demanda comment ils seraient. Il

était très intrigué.

Voilà.

C’était une sensation toute simple mais qu’il n’avait pas éprouvée depuis bien longtemps, jusqu’à ce qu’il aperçoive cette petite démone dans l’aire de combat. Ses traits étaient doux et féminins. Exception faite de sa bouche.

Pulpeuse, brillante, elle était couleur cerise, correspondant parfaitement à ses fantasmes. Il s’imaginait enfouissant son membre entre ces lèvres tout en empoignant cette magnifique chevelure sombre aux reflets dorés.

Son démon intérieur s’était redressé en la voyant entrer dans son bureau. Il s’était assoupi avant son arrivée mais il était à présent bien réveillé. Il avait toujours été attiré par tout ce qui était joli, brillant, unique, et cette description convenait parfaitement à Harper.

— Comment allez-vous ?

— Ça va, répondit-elle.

Ses blessures étaient déjà presque toutes guéries, mais elle les sentait encore. Les démons ne craignaient pas le feu normal. Mais les flammes des enfers étaient extrêmement dommageables. Elles pouvaient réduire n’importe qui ou n’importe quoi instantanément en un petit tas de cendres. Et cet homme en face de Harper avait peut-être le don de les faire apparaître. Le destin vous réservait parfois de ces surprises !

— Vous êtes une Wallis, alors vous êtes sans doute membre du clan de

North Las Vegas, non ? Êtes-vous une parente de Jolene ?

Tout en parlant, il s’était approché un peu plus de Harper avec sa démarche de grand fauve et la démone de cette dernière se raidit encore davantage.

— C’est ma grand-mère, répondit-elle.

Jolene Wallis était la Grande Maîtresse de son clan et une vraie garce. Elle

était complètement cinglée et avait par le passé réduit des bâtiments en tas de gravats simplement parce qu’elle était de mauvaise humeur. Jolene, elle, préférait le titre d’« experte en démolition ».

— Je suis un de ses alliés, expliqua Knox.

Il avait toujours aimé les elfes. Pourquoi ? Eh bien, parce qu’on savait à

quoi s’en tenir avec eux. Ils étaient capables de vous subtiliser tous vos biens si vous n’étiez pas vigilant. Avec eux, il fallait poser les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses. Pas la peine non plus d’espérer qu’ils vous obéissent, vous finiriez par vous sentir totalement frustré ! Mais cette jeune femme, là devant lui, qui mettait tous ses sens en alerte…

— Vous n’êtes pas une elfe, dit-il.

Il ne parvenait pas à deviner de quelle espèce de démon elle était. Pourtant, la famille Wallis était très connue et il avait toujours pensé qu’elle ne comptait que des elfes.

— Non, c’est vrai, confirma Harper, impressionnée qu’il l’ait senti.

Knox fut très étonné de constater que cette réponse vague, typique d’une elfe, l’amusait énormément. Harper avait tout de cette espèce.

— Asseyez-vous, lui dit-il en indiquant la chaise en face de lui.

La jeune femme balaya la pièce de ses yeux étranges avant d’obtempérer.

Knox devina qu’il ne lui avait fallu que ce bref instant pour déterminer la valeur de ses biens, détecter l’endroit où se trouvait son éventuel coffre-fort ainsi que toutes les issues existantes. C’était une question d’instinct pour une

Wallis.

Il remarqua qu’elle se déplaçait silencieusement. C’était un talent d’elfe qu’elle avait acquis même si elle n’en était pas une.

— Qu’est-ce que vous êtes ?

— Et vous, qu’est-ce que vous êtes ? lui demanda-t-elle, lui renvoyant la balle en le regardant s’installer dans son fauteuil.

La vivacité de la jeune femme fit glousser le démon intérieur de Knox.

Comme lui, il n’appréciait pas beaucoup les faibles et les timorés. Cette fille n’était pas du genre facile à intimider. Il aurait pu la mettre un peu plus à

l’épreuve, mais il aimait bien l’idée de l’observer, de l’étudier et de chercher à

percer son mystère.

Harper fut étonné de le voir prendre un air amusé, s’attendant plutôt à de la colère de sa part. Il ressemblait à un grand félin qui avait décidé de bien se comporter pour l’instant mais qui risquait de changer d’humeur à tout moment.

Cela ne l’empêcha pas de se demander sottement si les cheveux courts et noirs de Knox étaient aussi doux qu’ils en avaient l’air. Ouais, bon, elle n’était pas nécessairement très maligne.

Constatant que le grand miroir au verre sans tain donnait sur l’aire de combat, Harper devina que Knox avait assisté à son duel contre Mona.

— Si c’est de Mona que vous vouliez m’entretenir, laissez-moi vous dire qu’elle n’a eu que ce qu’elle méritait.

— Et qu’a-t-elle eu exactement ? Vous avez la capacité d’infliger une douleur à l’âme par simple contact, devina-t-il quand il vit que Harper ne répondait pas à sa question. C’est formidable.

Cette fille possédait donc un don exceptionnel.

Cela avait toujours été facile pour Harper. Quand elle était en colère ou qu’elle se sentait menacée ou effrayée, elle sentait monter en elle une sorte de force sombre et protectrice qui lui donnait des picotements dans les doigts.

Elle avait eu du mal à contrôler son pouvoir quand elle était petite mais cela ne lui posait plus aucun problème.

— Si vous pensez qu’elle méritait de souffrir autant, dit-il en tambourinant sur le plateau de son bureau, j’en déduis que Mona vous a fait quelque chose de grave. Pouvez-vous me révéler ce qu’il en est ?

— Non, répondit-elle.

Elle n’était pas du genre à balancer à un Grand Maître.

— Non ? répéta Knox, incrédule.

Il ne devait pas souvent se voir refuser quoi que ce soit. Mais bon, Harper aimait bien faire découvrir de nouvelles expériences aux autres. C’était presque une vocation pour elle. L’atmosphère se refroidit sensiblement quand les yeux du Grand Maître virèrent au noir, communiquant le vif mécontentement de son démon. Elle aperçut l’enfer dans ses prunelles noires et un frisson d’appréhension courut le long de son échine.

— Si un de mes démons a fait quelque chose qu’il ou elle n’aurait pas dû

faire, il m’appartient d’intervenir.

— Le problème est déjà réglé, déclara Harper en haussant les épaules.

— Ce combat était personnel. Je veux savoir pourquoi.

Ce mec était vraiment tenace.

— Posez la question à Mona.

— C’est à vous que je le demande.

— Et moi, je refuse de répondre. Tant pis pour vous.

Son démon était très impressionné. Il aimait bien qu’elle se défende ainsi et il pensa qu’elle ferait pour lui une proie délicieuse. Elle n’était ni faible ni sans défense. Ce serait très amusant.

— Vous êtes très têtue.

— Oui, acquiesça-t-elle.

C’était d’ailleurs une de ses plus grandes qualités.

— Vous êtes un sphinx, lança alors Knox, ses instincts lui ayant soufflé la clé du mystère.

La réponse lui était venue spontanément et il en était sûr, comme du fait que le douloureux besoin de la posséder ne s’évanouirait pas de sitôt.

Un point pour le Grand Maître.

— C’est vrai, répondit-elle.

Pas étonnant qu’elle soit aussi têtue, pensa Knox. Comme les oiseaux, les sphinx avaient des ailes. Ils étaient donc rapides, gracieux et difficiles à cerner.

Et du lion ils avaient la force, la témérité, et le courage. Ils étaient capables de traquer leur proie sans jamais dévier de leur route. En d’autres termes, il n’y avait pas de démon plus persévérant, insaisissable et téméraire que le sphinx.

Knox se releva alors et s’approcha de Harper. Elle se leva aussi et lui rendit son regard avec impudence. La couleur de ses yeux changea encore une fois.

De gris brumeux, ils passèrent au bleu argent. C’était fascinant.

— Vous refusez de répondre à ma question sur Mona mais peut-être accepterez-vous de me dire si vous êtes en couple avec le démon qui vous accompagne ?

Knox ne partageait jamais ses conquêtes amoureuses et il était bien déterminé à remporter Harper Wallis.

— Pourquoi voulez-vous le savoir ? demanda-t-elle, perplexe,

Ce type semblait aimer poser des questions sans aucun lien entre elles.

La jeune femme et sa démone s’immobilisèrent en constatant que ses yeux viraient de nouveau au noir. Le démon intérieur de Knox la dévisagea et lui fit froid dans le dos. Ces yeux étaient si glacials, si menaçants, et si terriblement vieux. La pièce sembla se refroidir d’au moins cinq degrés en un seul instant.

Le démon s’approcha d’elle à la toucher et lui tapota la joue d’un doigt.

— Répondez, petit sphinx, dit-il d’une voix froide, désincarnée, menaçante même. Cessez d’éluder mes questions.

Le démon intérieur de Knox avait beau être effrayant, il n’était pas question pour Harper de se laisser intimider. Personne n’avait le droit de la traiter comme si elle n’était qu’une petite proie sans défense.

— Ma vie privée ne regarde que moi. Dites-moi d’abord de quelle espèce de démon vous êtes et on verra pour le reste.

Il ne dit rien pendant un long moment et elle sentit une certaine tension. Le regard d’obsidienne de Knox n’était plus aussi froid. Elle y détecta une lueur d’amusement et de défi. Puis le démon disparut et Knox reprit sa place.

— Votre démon refuse de répondre à ma question, déclara Harper. Vous

éludez les questions autant que moi, n’est-ce pas ?

L’audace de la jeune femme le fit sourire.

— Vous pouvez toujours essayer de deviner.

— Me le direz-vous si je trouve ?

Elle sentit son ventre se nouer en voyant le sourire tordu qu’il lui adressa de ses lèvres magnifiques. Il était tellement canon que c’en était injuste.

— Non.

— Mon petit doigt me dit qu’il vaut mieux que je ne sache pas à quelle espèce de démon vous appartenez.

Son démon intérieur lui semblait en effet beaucoup trop dangereux.

Cette démone avait apparemment le chic pour le surprendre.

— Vous avez entièrement raison.

La sonnerie de son téléphone les interrompit, et Knox le sortit de sa poche.

Il s’éloigna pour prendre son appel et Harper put se détendre un tantinet.

C’était étrange, mais sa démone avait commencé à se tranquilliser quelque peu.

Elle était intriguée par sa grande assurance, sa virilité sombre, la puissance qu’il dégageait et son aura de fruit défendu. Quelle idiote ! Vraiment !

Knox revint vers elle et Harper sentit ses muscles se raidir de nouveau. Il parlait toujours au téléphone, promettant à son interlocuteur d’arriver tout de suite. Tant mieux, parce que Harper ressentait le besoin de s’éloigner le plus vite possible.

— Je dois partir, déclara Knox en lui ouvrant la porte de son bureau. J’ai trouvé notre rencontre des plus intéressantes, Harper Wallis.

Son démon enrageait de devoir la quitter. Il désirait ce joli petit sphinx et son corps affriolant sous lui, ou sur lui, ou plaqué contre un mur tandis qu’il le baisait sauvagement. Peu importait la position.

— Pareillement, dit-elle.

Elle fut abasourdie de le voir lui tendre la main. C’était une invitation. Il l’autorisait à franchir la barrière du contact physique. Si elle acceptait même une seule fois, elle lui rendrait son invitation. Elle lui donnerait la permission de la toucher quand il le souhaitait, pas uniquement sur le plan physique mais aussi psychique. C’était très sérieux, mais Harper n’avait jamais reculé devant le danger.

Elle rencontra son regard sombre et lui serra la main. Elle ne s’était pas attendue à la décharge de chaleur intense qui l’assaillit quand leurs paumes se rencontrèrent. Son cœur s’emballa quand il posa le pouce sur son poignet et il sentit vraisemblablement l’accélération de son rythme cardiaque. Elle n’avait pas l’intention de se reprocher ce petit moment de faiblesse. Il lui relâcha la main et elle sentit son esprit – le sien ou celui de son démon, elle n’était pas sûre – caresser le sien.

Puis quelque chose d’incroyablement bizarre se produisit.

Une sorte de pression ou d’énergie magnétique lui traversa l’esprit comme si quelque chose titillait son cerveau, cherchant à fusionner avec lui. Elle fut certaine d’avoir vacillé, et pas uniquement parce qu’elle se sentit désorientée tout d’un coup, mais plutôt parce qu’elle comprit ce qui lui arrivait. Elle croisa le regard de Knox et y vit la confirmation de son intuition.

Oh, merde !

— Mon alter ego, lâcha Knox, persuadé d’avoir l’air aussi étonné qu’elle.

Il l’avait dit comme une accusation, comme s’il la mettait au défi de le nier.

— Votre alter ego, répéta Harper calmement.

De nombreux démons auraient sans doute été ravis que cela leur tombe dessus. C’était une bonne chose après tout de trouver son alter ego, non ? Mais pas vraiment. Ce n’était pas toujours facile. Sa démone intérieure n’était pas inquiète. Cet homme lui appartenait et elle souhaitait nouer des liens psychiques avec lui.

C’était étrange de voir Knox perdre un peu de son sang-froid tant il semblait partagé entre l’envie de rester avec elle pour discuter de la situation entre eux et celle de partir régler le problème, quel qu’il soit, dont il avait discuté au téléphone.

Après un long silence, il eut un soupir et déclara :

— Je dois partir. Nous en reparlerons demain. J’irai vous trouver.

Puis il disparut avant qu’elle ait eu le temps de répondre à ce qui ressemblait à une promesse mitigée d’une menace. Harper comprit que toute sa vie allait être chamboulée.

Merde !

pour lire ce livre : http://ekladata.com/MbFDBxt2AML7vzFztphumGnU6NM/EBOOK-Suzanne-Wright-Noirs-demons-Tome-1-Tout-ce-q.pdf

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Alethea se pencha vers elle.

— Saviez-vous que dans le dictionnaire votre nom se trouve sous le mot « salope » ?

— J’ignore pourquoi vous souriez. Ce n’est pas moi qui ai dû chercher la définition de ce mot.

Alethea prit une inspiration, comme pour aboyer un autre truc ; mais les hommes avaient terminé leur petite conversation.

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- Je ferais mon possible pour ne pas le tuer.

Jolene ricana.

- Je suppose que c'est le mieux que je puisse espérer.

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- Tu veux que j'invoque les flammes pour qu'elles brûlent la photo ?

- Tu aurais peut-être préféré que j'amène une personne vivante ? Ma préférence irait à ton ex.

- Le dauphin serait la mienne.

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- Saviez-vous que dans le dictionnaire votre nom se trouve sous le mot «salope» ?

- J'ignore pourquoi vous souriez. Ce n'est pas moi qui ai dû chercher la définition de ce mot.

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- Comme je te l'ai précisé plus tôt, je ne conclurai aucun marchait avec toi. Tu ne pourras pas plus vite si tu m'avoues tout de suite la vérité. Je ne t'épargnerai aucune souffrance... pas après ce que tu as fait à ma compagne. Mais il est dans ton intérêt de répondre en toute sincérité.

Il déglutit.

- Pourquoi ?

- Parce que mon démon veut jouer avec toi, lui aussi, dit Knox, et j'ai décidé de m'y autorisé.

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- Ça n'avait rien de personnel. C'était juste les affaires.

- Les affaires ? gronda Knox.

Levi grimaça d'un air théâtral.

- Bordel, chasseur, tu creuses ta tombe, là.

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« Knox cogna du poing à la porte de Talia avec une telle violence qu’elle trembla presque. Le bruit de pas lourds et de jurons en provenance de l’intérieur fut bientôt suivi par l’ouverture brusque de la porte.

— Quoi ? aboya une grande blonde squelettique.

Puis elle examina plus attentivement Knox et blêmit.

— Je suis vrai-vraiment désolée, monsieur Thorne, je-je ne savais pas que c’était vous.

— Ce n’est rien, Talia, dit Knox. Nous aimerions vous parler.

Elle cligna des yeux et passa la main dans ses cheveux détachés d’un blond terne.

— Hum, ouais, d’accord, bien sûr. Entrez.

Le plancher sous la fine moquette grinça quand ils s’avancèrent à l’intérieur. Harper avait eu hâte d’échapper à la puanteur de la cage d’escalier. Franchement, ce n’était guère mieux dans l’appartement. Il y régnait une odeur de poussière. D’aliments avariés. De fumée de cigarette. Et d’un parfum écœurant. »

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