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Nier la tristesse ne l'éfface pas, on peut l'enfouir aussi profondément que possible, elle finira toujours par remonter
Afficher en entierTu sais ce que je retiens de ces années de coloc, ma Lou ?
Il n'existe pas un permis d'exister,
Il y a des autorisations que l'on doit s'octroyer soi-même.
Afficher en entierTu sais, Lou, plus les années passent et plus je me dis...
Nos âmes ont grandi ensemble.
A l'unisson.
[...]
Mais Sonia,
évoluer ensemble,
à l'unisson, ne pouvait pas se faire sans fausses notes.
Afficher en entierEssoufflée, Sonia marche d'un pas lent sur le bord de la piste. Des points lumineux verts et rouges balayent le plafond. Elle les contemple, leur trouve une certaine poésie, puis marche vers le bard.
C'est alors qu'elle le voit.
Accoudé au comptoir, qui tente d'interpeller le serveur, la main levée.
Son profil conquérant se découpe dans les lueurs mouvantes. Ses yeux clairs, son nez arrondi, ses lèvres pleines.
Gabriel.
Sonia reste plantée parmi les fêtards. Son cœur cogne à grands coups désordonnés, menace de faire exploser sa poitrine Un jeune homme renverse de la bière sur sa robe, s'excuse. Elle ne réagit pas, silencieuse et immobile.
Gabriel récupère sa pinte, échange un mot avec deux autres garçons. Le revoir la chamboule. Lui rappelle combien cet amour est encore vivace, présent. Son intuition lui souffle de s'éloigner, de partir. D'ignorer cette coïncidence. Alors qu'elle commence à reculer, Gabriel tourne son visage vers le sien. Leurs regards s'aimantent.
Sonia fait volte-face et marche d'un pas pressé vers le cœur de la piste de danse. Lou lève les bras en l'air, un sourire béat au lèvres.
- Il fait chaud, non ? clame Sonia. On y va ?
- Tu rigoles ? Je commence tout juste à aimer danser n'importe comment !
Sonia sent une présence dans son dos. Pas n'importe laquelle.
- Salut, jolie écrivain !
Cette voix. Timbre grave, à la couleur chaude.
Lou fixe Gabriel avec étonnement. Sonia attend quelques secondes, comme pour rassembler ses forces. Très lentement, elle se tourne pour lui faire face. Le jeune homme a trop bu. Ses yeux sont voilés d'alcool et d'excès. Comme quoi, peu importe les filles qui se succèdent, il en est toujours au même point : faire la fête dans les bars, encore et toujours.
- On se connaît ? fait sèchement Sonia.
Gabriel se rapproche.
- Tu déconnes ?
Sonia se sent perdue. Deux images se superposent. Le Gabriel qu'elle a connu, qu'elle trouvait si malin, si beau, qu'elle idéalisait tant. Et puis ce gars croisé ce soir au Violon Dingue, qui titube presque, qui n'a que sa beauté comme atout.
- Laisse-moi, réplique-t-elle.
La phrase est sortie toute seule, sans qu'elle ait eu le temps de la formuler. Une colère profonde, trop longtemps enfouie, monte dans son ventre. Une colère volcanique.
- Sonia, c'est Gab ! insiste-t-il. Allez, ça fait longtemps...
- Ca fait longtemps, oui.
Lou reste quelques pas en arrière, mais surveille attentivement l'échange. Sonia se sent plus forte de la savoir à ses côtés.
- Tu sais, clame-t-il pour couvrir la musique, j'ai beaucoup pensé à toi ses derniers mois... Je me disais, c'est trop con qu'on ne se parle plus. On avait un truc spécial, toi et moi.
Sonia le jauge, l'observe se débattre avec sa tentative maladroite, sans intérêt.
- Dommage que tu n'aies pas su l'apprécier au bon moment.
- Quoi ?
- Ne t'inquiète pas, je te vois tel que tu es à présent. Et je vais te dire une chose : m'embobiner alors que j'étais loin, encore au lycée, était tellement, tellement facile.
Gabriel a un léger mouvement de recul, comme s'il prenait sa réplique en pleine figure. Sonia attrape la main de Lou.
- Viens, on n'a plus rien à faire ici...
Sonia se dirige vers la sortie du Violon Dingue d'un pas déterminé. Tout en elle flambe. La colère enfin exprimée brûle les souvenirs.
Elle l'a aimée.
Elle ne l'aime plus.
Elle est libre d'aimer de nouveau.
Afficher en entierÂmes jumelles lorsque nous créons.
Âmes rebelles lorsque nous vivons.
Âmes plurielles lorsque nous changeons.
Afficher en entierTu sais, Lou, la mort de quelqu'un, au-delà du vide qu'elle laisse dans son sillage bouleverse tout un équilibre
Afficher en entierLes probabilités, elle en a croisé de nombreuses fois durant son parcours en S.
On peut toujours donner tort aux statistiques.
Afficher en entierCertaines personnes se tatouent la peau. Empreintes physiques. Ses romans à elle sont des tatouages d'esprit, des marques indélébiles.
Afficher en entierA-t-elle vraiment le temps de patienter ? Non. La vie s'écoule, passe, puis s'éteint.
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