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L' année de mes dix-sept ans, vers la fin de l'hiver, ma mère à décrété que je faisais une dépression. Tout ça parce que je ne sortais quasiment pas de la maison, que je traînais au lit à longueur de journée, que je relisais le même livre en boucle, que je sautais des repas et que je passais le plus clair de mon immense temps libre à penser à la mort.
Afficher en entier" - Je vois, ai-je dit même si je ne voyait pas, en faite."
Afficher en entierj'ai vraiment aimé ce livre. l'histoire des deux personnages est bouleversante, je trouve ça dommage qu'un des deux meurent a la fin. après c'est réaliste. pas tout le monde n'échappe a la mort ou au cancer. dès le début on sait qu'Hazel va mourir tôt ou tard, mais on ne se doute pas que c'est Augustus qui va mourir.
quand j'ai vu le film (il y a un film) j'ai été troublée de voir que les acteurs étaient ceux de divergentes. appart ça c'est un super bouquin
Afficher en entierJ'ai avalé une gorgée. Les minuscules bulles ont fondu dans ma bouche, puis elles ont pris la direction du nord et ont navigué jusqu'à mon cerveau. Doux. Frais. délicieux.
Afficher en entierUn jour viendras, ai-je dit, où nous seront tous morts. Tous. Un jour viendra ou il ne restera plus aucun être humain pour se rappeler l’existence des hommes. Un jour viendra où il ne restera plus personne pour se souvenir d’Aristote ou de Cléopâtre, encore moins de toi. Tout ce qui a été fait, construit, écrit, pensé et découvert sera oublié, et tout ça, ai-je ajouté avec un geste large, n’aura servi à rien. Ce jour viendra bientôt ou dans des millions d’années. Quoi qu’il arrive, même si nous survivons à la fin du soleil, nous ne survivrons pas toujours. Du temps s’est écoulé avant que les organismes acquièrent une conscience et il s’en écoulera après. Alors si l’oubli inéluctable de l’humanité t’inquiète, je te conseille de ne pas y penser. C’est ce que tout le monde fait.
Afficher en entierOK, a t-il dit après une éternité. Et si « OK » était notre « toujours » ?
Afficher en entier- Tu sais à quoi je crois ? Je me rappelle d’un cours de maths que je suivais à la fac, un cours extraordinaire, donné par une toute petite vieille dame. Un jour elle était en train de parler de la transformée rapide de Fourier quand elle s’est arrêtée en plein milieu de sa phrase. Et elle dit : « On a parfois l’impression que l’univers a envie d’être remarqué. » Voilà ce à quoi je crois, je crois que l’univers a envie d’être remarqué. Je pense que, de façon invraisemblable, l’univers favorise la conscience, qu’il récompense l’intelligence, en partie parce que l’univers adore que son élégance soit observée. Et qui suis-je, moi qui vis en plein milieu de l’histoire, pour dire à l’univers qu’il est -où que l’observation que j’en fais est- temporaire ?
Afficher en entier« Tant de choses
Dépendent
D’une brouette rouge
Vernie d’eau
De pluie
À côté des poulets
Blancs.
William Carlos Williams était médecin, et je trouvais que ça se sentait dans ses vers. Le poème était terminé, mais l’ambulance a continué de s’éloigner, alors j’ai écrit une suite.
Et tant de choses dépendent, ai-je dit à Augustus, d’un ciel couvert par les branches des arbres au-dessus. Tant de choses dépendent d’un tube transparent qui émerge du ventre d’un garçon aux lèvres bleues. Tant de choses dépendent de cet observateur de l’univers.
Il m’a regardé, à demi conscient, et a murmuré :
- Et tu oses dire que tu n’écris pas de poésie. »
Afficher en entier"Mes pensées sont des étoiles qui ne veulent plus former de constellations."
Augustus
Afficher en entierSPOILER
Nos étoiles contraires, chapitre 25, page 324, LETTRE DE GUS
Van Houten,
Je suis quelqu’un de bien, mais j’écris comme un pied. Vous n’êtes pas quelqu’un de bien, mais vous écrivez remarquablement. On fait une bonne équipe. Je ne veux pas vous demander ça comme un service mais, si vous avez du temps -et d’après ce que j’ai constaté, vous en avez beaucoup-, je me demandais si vous pouviez écrire l’éloge funèbre d’Hazel. J’ai pris des notes, mais j’aimerais que vous fassiez quelque chose de cohérent ou même que vous m’indiquiez ce que je dois changer.
Le truc important chez Hazel, c’est ça : à peu près tout le monde est obsédé par l’idée de laisser une trace derrière soi, de léguer un héritage, de survivre à sa mort, de marquer les mémoires. Je n’échappe pas à cette règle. Ce qui m’inquiète le plus, c’est de devenir une énième victime oubliée de cette vielle guerre sans gloire contre la maladie.
Je veux laisser une trace.
Sauf que, Van Houten, les traces que les homme laisse sont souvent des cicatrices. On construit un centre commercial hideux, on fomente un coup d’État, on devient une rock star en se disant : « On se souviendra de moi », mais a) on ne se souviendra pas de nous et b) on ne laisse derrière nous que de nouvelles cicatrice. Le coup d’État mène à une dictature, le centre commercial devient une lésion urbaine.
(D’accord, je n’écrit peut-être pas si mal que ça, mais je n’arrive pas à rassembler mes idées, Van Houten. Mes pensées sont des étoiles qui ne veulent plus former une constellation.)
Nous sommes comme une meute de chiens qui pissent dans des bouches d’incendie. On empoisonne la terre avec notre pisse toxique, pour marquer « À moi » partout et sur tout, dans l’espoir ridicule de survivre à notre mort. Je ne peux pas m’empêcher de pisser sur les bouches d’incendie. Je sais que c’est idiot et inutile -ô combien inutile dans mon état-, mais je suis un animal comme les autres.
Hazel est différente. Elle se déplace avec légèreté, mec. Elle effleure le sol de ses pas. Hazel connaît la vérité : on a autant de chance de nuire à l’univers qu’on en a de l’aider, et on n’est pas près de faire ni l’un ni l’autre.
Certains pourraient trouver triste qu’elle laisse une plus petite cicatrice que les autres, qu’on se souvienne moins d’elle, qu’elle ai été aimée profondément mais par peu de gens. Mais ce n’est pas triste, Van Houten. C’est glorieux, c’est héroïque. N’est-ce pas justement ça, le véritable héroïsme ? Comme disent les médecins : « Avant tout, ne pas nuire. » De toute façon, les véritables héros ne sont pas les gens qui remarquent les choses, qui y prête attention. Le type qui a inventé le vaccin contre la variole n’a rien inventé du tout. Il a juste remarqué que les gens qui avaient la variole bovine n’attrapaient pas la variole.
Après mon PET scan, quand j’ai su que j’avais des métastases partout, je me suis faufilé en douce dans le service des soins intensifs et je l’ai vue alors qu’elle était inconsciente. Je suis entré derrière une infirmière et j’ai réussi à rester dix minutes près d’elle avant de me faire choper. J’ai vraiment cru qu’elle allait mourir avant que je puisse lui dire que j’allais mourir aussi. C’était terrible : la litanie incessante des machines de soins intensifs, l’eau sombre et cancéreuse qui s’écoulait de son torse, les yeux fermés, l’intubation, mais sa main restait sa main, toujours chaude, les ongles vernis en bleu foncé presque noir. Je lui ai tenu la main en essayant d’imaginer un monde sans nous. Et, l’espace d’une seconde, j’ai fait preuve d’assez d’humanité pour espérer qu’elle meure, afin qu’elle ne sache jamais que j’allai mourir aussi. Mais ensuite, j’ai voulu plus de temps pour qu’on puisse tomber amoureux l’un de l’autre. Mon vœu a été exaucé. J’ai laissé ma cicatrice.
Un infirmier est entré et m’a dit de partir, les visitent n’étaient pas autorisées. Je lui ai demandé comment elle allait, et il a répondu : « Elle continue à prendre l’eau. » Une bénédiction pour le désert, une malédiction pour l’océan.
Quoi d’autre ? Elle est si belle qu’on ne se lasse pas de la regarder. Ça ne vous ennuie jamais qu’elle soit plus intelligente que vous : parce que vous savez qu’elle l’est. Elle est drôle sans jamais être méchante. Je l’aime. J’ai tellement de chance de l’aimer, Van Houten. Dans ce monde, mec, ce n’est pas nous qui choisissons si on nous fait du mal ou non, en revanche on peut choisir qui nous fait du mal. J’aime mes choix. J’espère qu’elle aime les siens.
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Je les aime, Augustus.
Je les aime.
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