Extraits

— J'estime que j'avais le droit de vous tirer dessus.

— Question de point de vue. Vous avez failli m'émasculer, à défaut de me tuer.

"– Tu ne peux pas séquestrer et violer une femme, Sean ! Même si elle t'a fait souffrir ! tonne Kell Lasseter.

– Je veux l'humilier, proteste son frère. Raven Kendrick est une dévergondée ! Elle m'a éconduit dans l'espoir d'épouser un duc. Maintenant que je l'ai compromise, il ne voudra plus d'elle !

– Qu'importe ! Tu vas la libérer."

La semaine suivante, le soleil fit enfin son apparition. Déclarant qu'il fallait qu'elle sorte sous peine de devenir folle, Raven revêtit son nouveau manteau et entreprit de braver le froid en allant marcher dans la neige, même si l'on s'y enfonçait.

Sans lui demander son avis, Kell l'accompagna.

Tapie sous sa parure cristalline, la campagne offrait un spectacle d'une beauté à couper le souffle, mais Raven voyait seulement l'homme qui se tenait près d'elle, particulièrement quand il lui prit le bras pour l'empêcher de glisser sur le chemin récemment dégagé par les jardiniers du vicomte.

Dès qu'elle se montra plus hardie, il la lâcha.

L'instant d'après, elle recevait une boule de neige sur l'épaule.

— Je parie que vous n'avez jamais fait de bataille de boules de neige, lança-t-il.

— Où diable aurais-je pu en faire ? Sur les plages antillaises ?

Il lui apprit l'art et la manière de façonner les projectiles les plus efficaces, et bientôt leurs cris et leurs rires résonnèrent dans le silence cotonneux. Ils s'amusèrent comme des enfants, jusqu'au moment où elle se retrouva sur le dos, Kell allongé sur elle pour l'empêcher de riposter.

Elle cessa brusquement de se battre et contempla les reflets du soleil dans ses cheveux, ses joues ciselées rougies par le froid, sa bouche sensuelle...

Lui aussi s'était immobilisé. Il ne riait plus, mais se noyait peu à peu dans l'océan de ses yeux. Lorsqu'il la sentit bouger légèrement sous son poids, une onde de désir électrique le parcourut. Il avait tellement envie d'elle, de lui rappeler qu'elle était sa femme et qu'il avait le droit de lui faire l'amour, de la faire crier de plaisir et de jouir en elle...

Il comprit qu'elle avait deviné son trouble à son visage soudain grave. Il roula aussitôt de côté et l'aida à se relever. L'instant d'après, ils reprenaient leur combat, mais l'entrain n'y était plus.

Kell se demandait combien de temps il serait capable de supporter cette torture et de se contrôler. Il s'était montré héroïque ces derniers jours, se couchant tard, se levant aux aurores pour réduire le temps qu'il passait trop près de Raven. Elle lui permettait seulement de la tenir dans ses bras pour se réchauffer. Rien de plus.

Au fond, mieux valait qu'elle ait érigé ce mur entre eux, se dit-il en la regardant brosser la neige de son manteau. Il risquait trop de tomber amoureux d'elle. Il lui suffisait de sourire pour qu'il se mette à manquer d'air. Le moindre de ses effleurements faisait courir des flammes sur sa peau.

Non, il ne devait pas commettre l'erreur de s'éprendre d'elle. C'était le chemin le plus sûr vers le chagrin parce que, de toute évidence, elle reconduirait sans ménagement...

Mais plus il était déterminé à nier ses désirs, plus il la désirait. Trois jours plus tard, il se réveilla en érection, Raven roulée en boule contre lui. Il la contempla un moment, envahi de tendresse pour cette femme qui était la sienne.

Son cœur bondit quand elle commença à bouger, se réveillant lentement. Elle était incroyablement belle, si vulnérable dans son sommeil. Sa crinière sauvage était déployée tout autour d'elle, telle une vague sombre.

Il décida alors de vaincre ses résistances, quelles que soient les conséquences.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux et s'aperçut qu'il la regardait, elle voulut aussitôt s'écarter.

— Ne bougez pas, murmura-t-il en plongeant une main dans ses cheveux. Tenez-moi chaud.

Une voix basse et insistante parvint à percer ses rêves torrides. Raven se figea en découvrant son amant assis près d'elle sur le lit. Non, pas son amant. Celui qui serait son mari d'ici peu. Kell Lasseter lui pressait le bras pour la réveiller.

A la lueur de la lampe, ses traits semblaient étonnamment sensuels, comme ceux de son pirate. Quand leurs regards se mêlèrent, une vague roula dans tout le corps de raven.

Elle brûlait de désir pour lui, sans pudeur aucune. Savait-il à quoi elle venait de rêver ?

Dans son sommeil, le corsage de sa chemise avait glissé sur une épaule, découvrant les rondeurs des ses seins. Elle s'empourpra violemment. Bien qu'il feignit de ne rien remarquer, elle croisa les bras sur sa poitrine.

- C'est l'heure, se contenta-t-il de dire sur le ton de celui qui s'apprête à se rendre au peloton d'exécution plutôt qu'à son propre mariage...