Extraits

Il est là, l'intérêt de l'étiquette. Ce n'est pas s'enfermer dans une boîte , ce n'est pas chercher à tout prix la normalité , ce n'est pas couper inutilement les cheveux en quatre . C'est savoir qu'il y en a d'autres comme nous. Savoir que ce n'est pas un problème , et qu'on n'a pas à s'en vouloir de ne pas réussir à le résoudre ; c'est une identité connue. Vivre sans étiquette , c'est n'avoir aucune existence aux yeux du monde , parce que les autres ne savent pas.

Ce n'est sans doute pas un hasard si le fantastique me parle autant. C'est le genre de l'étrange par excellence, qui soulève le voile des apparences et donne la parole au monstre , à la sorcière , à ceux qui ne sont pas comme les autres et qui , parfois , ne désirent qu'être acceptés pour ce qu'ils sont.

La différence dont je vous parle tient à l'absence d'une petite chose très bête que tout être humain est censé posséder : une pulsion considérée comme la chose la plus universelle et la plus banale au monde . Celle qui pousse à chercher un partenaire , à désirer la vie de couple , les relations charnelles , celle qui incite à fonder une famille. La recherche de l'âme soeur , si vous voulez. Après tout , les contes de fées de nôtre enfance se terminaient toujours quand nos héros partaient vivre heureux et faire beaucoup d'enfants.

On vit parfois des révolutions tranquilles sous les yeux des autres , à leur insu .

Cette pulsion là, je ne l'ai pas en moi. Je le sais très bien : j'ai longtemps cherché. Pas parce que je ressentais un manque - il n'y en a jamais eu. Mais parce que les autres le ressentaient pour moi.

p.104

Nous sommes ceux qui, un jour, ont décidé de ne plus se taire.

p.96

Elle m'a demandé alors "Quel effet ça fait ?"

[...]

C'était d'une telle douceur à entendre. [...] En échangeant avec les autres, j'ai souvent cherché à me mettre à leur place, à tenter de comprendre leur point de vue si radicalement opposé au mien. Il me semble que les autres l'ont rarement fait pour moi en sens inverse. [...] Mon amie avait eu peur de me blesser en me plaçant ainsi face à ma différence. Elle ne soupçonnait pas à quel point l'attention m'a touchée. Je me suis sentie entendu, prise en compte, plutôt que niée.

Et par cette question même, elle m'apprenait que mon point de vue possédait une valeur. J'avais une forme d'expérience du monde qui était à même d'éclairer celle des autres. [...] Ça non plus, on ne me l'avait pas souvent dit.

p.74

Comment se définit-on dans une absence ?

p.55

Cette scène là, je l'ai vécue si souvent. Je suis parmi les autres, je les écoute, je ne 'es comprends pas et j'ai peur qu'ils s'en aperçoivent, j'ai peur de leur regard sur mon "anomalie".

p.51

Comment apprend-on à se connaître vraiment si l'on calque son rythme et ses besoins sur ceux d'autres personnes ?

p.34