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- Mademoiselle Anderson, que me vaut cette désagréable surprise ? dis-je en essayant de remettre quelque distance entre nous.

Elle fronce les sourcils, puis sourit avant d’arborer, finalement, une moue agacée.

-       Vous vous souvenez de moi ?

-       Comment pourrais-je vous oublier…

-       Vous êtes extrêmement grossier, soit dit en passant, me coupe-t-elle en levant le menton, un air de défi sur le visage.

-       Que voulez-vous ?

-       J’avais espéré avoir une autre chance de vous convaincre de…

-       Non, statué-je.

-       Non ?

-       Vous avez très bien entendu, ma réponse est toujours non.

-       Vous n’allez même pas me laisser la possibilité de m’exprimer ?

-       Vous avez tout compris. Bonne fin de journée, mademoiselle.

Je ne lui donne pas le temps de répliquer que je la contourne et pars. Je me retiens de sourire, parce que l’air choqué qui s’est dessiné sur son visage était plutôt satisfaisant : je l’ai rendue complètement muette. Voilà un changement bienvenu. Je ne crois pas qu’elle soit capable d’imaginer à quel point je peux être froid et odieux.

Alors que j’ai bien l’intention de m’éloigner le plus loin possible, je suis stoppé dans ma lancée lorsque celle qui semble prendre très au sérieux son nouveau rôle de némésis personnelle de Preston Barlow se campe encore une fois devant moi, manifestement déterminée.

Néanmoins, ce petit air de conviction absolue me plaît beaucoup… beaucoup trop, hélas.

Elle resserre la lanière de son sac autour de son épaule, puis soupire en remontant ses lunettes sur son nez, attirant inexorablement mon regard vers ses yeux charmants et un rien excédés.

-       Monsieur Barlow, je…

-       Vous ?

-       Pourriez-vous me laisser terminer au moins une phrase, s’il vous plaît ? gronde-t-elle.

-       Pour quelles raisons ?

-       Comment ça, pour quelles raisons ?

-       Vous ne comprenez pas ma question.

C’était une affirmation, pas une interrogation.

-       Là, je vous avoue, absolument pas.

L’énervement qui illumine ses yeux me fait un effet inattendu. J’aurais, tout à coup, bien envie de lui donner une bonne raison de se taire, en glissant ma langue dans sa bouche, par exemple.

Non… Preston… ne va pas dans cette direction !

-     D’accord. Alors, puisque vous semblez être dénuée d’une certaine forme d’intelligence…

-      Je ne vous permets pas ! s’offusque-t-elle en commençant à franchement perdre son calme.

-    … laissez-moi…

-      Mais…

Je lève la main pour la faire taire et ce petit geste me vaut un regard assassin. Je ne sais pas pourquoi, mais la voir aussi irritée m’excite plus que de raison.

Je suis lentement mais sûrement en train de me transformer en taré sociopathe sadique. Et on s’étonne que je ne veuille plus rien à voir à faire avec l’institution du mariage…

-  … reformuler. Je vous demande pour quelles raisons je devrais vous laisser parler, si j’ai déjà donné une réponse à votre question.

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