Extraits

Spoiler(cliquez pour révéler)– Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ?

– J’ai veillé sur toi.

Mon cœur a un nouveau raté sous la tendresse de sa voix.

– Et à part ça ? dis-je, tremblante d’émotion.

– Je t’ai suivie.

Je ris et déglutis longuement.

– Et à part me suivre ?

– Je t’ai désirée.

– Mais encore ?

– Je t’ai espérée.

Mon cœur éclate et l’envie de me jeter à son cou me tiraille.

– J’aurais pu me trouver quelqu’un d’autre, tu sais ?

– Qui ça ? Le pêcheur ? ricane-t-il amèrement.

– Tout à fait ! Tu es aussi au courant de ça ?

– Évidemment.

– Sérieusement, Sean ? m’agacé-je. Qu’as-tu fait tout ce temps ?

– Tu sais bien que je ne suis jamais sérieux avec toi.

– Je sais, mais je te demande de l’être une seule seconde.

Son visage s’assombrit un peu.

– Je me suis reconstruit et j’ai fait du ménage dans ma vie.

Ma gorge se noue face à son regard intense et sa voix si tendre. Les larmes aux yeux, je quitte la pièce, toujours un peu chancelante et ne sachant plus très bien quoi penser de lui.

Je passe le pas de la porte et me retourne une dernière fois pour lui jeter un dernier coup d’œil. Il est resté au même endroit, debout fixant tristement le bijou laissé sur la table.

Oui ! Je l’aime bien. Il est rafraîchissant, bien plus que tous ceux qui ont croisé ma route ces derniers temps. Parfois son humour est limite, mais il me fait rire. Il a le don de me mettre dans tous mes états aussi. Là d’ailleurs, je suis rouge comme une tomate, j’ai honte de mon comportement de tout à l’heure. Cela ne me ressemble pas. Mais oui, j’aime être avec lui, j’aime sa présence et je me sens revivre, comme jamais depuis deux ans. Bien sûr, il est inconcevable que je lui dise. Il est bien trop prétentieux et cela ne ferait que gonfler son ego déjà surdimensionné.

– Vous voulez bien m’expliquer où vous m’emmenez et ce que vous aviez de si urgent à me révéler ?

– Non. À vrai dire, je ne sais pas où nous allons, lâche-t-il tout en restant concentré sur la route. Peut-être dans les bois pour vous faire des tas de vilaines choses, qui sait ? On ne vous a jamais dit de ne pas suivre les inconnus ?

Alors que mon visage devient livide, il me jette un regard de biais et affiche un sourire espiègle avant de me décocher un clin d’œil.

– C’est une boutade ! Restez zen.

– Très drôle. Vous êtes un marrant, en plus, dis-je, tout de même craintive.

Comment va-t-il réagir face à tout ça et surtout qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui dire ?

« Bon ! Écoute, Matt, j’ai volé une voiture avec un inconnu, puis nous avons filé en discothèque, ensuite nous avons été sur un bateau que nous avons aussi emprunté et, pour terminer, j’ai fini ma nuit en cellule. Et toi, ta soirée ? »

Je ricane silencieusement face à l’absurdité de la situation.

« Mais je te promets, Matt, nous n’avons rien fait ensemble. Il n’a pas voulu. Moi, si, je voulais ! J’en crevais d’envie et c’est toujours le cas, d’ailleurs. »

Mon Dieu ! Qu’est-ce qui m’arrive ?

Dans un gémissement, je lui demande :

- Pourquoi ?

- Je veux que vous draguiez un de ces types.

Je sens ma poitrine se gonfler contre mes omoplates. Mes jambes flageolent de plus belles.

- Mais pourquoi ? insisté-je.

Il glisse ses doigts sous mon chemisier au niveau de ma taille et dépose sa main sur mon ventre. Je frémis.

Je souris. Je ne me force pas. Je suis bien. Vraiment. Le regard des autres m’importe peu. Au milieu de cette foule, je suis à ma place, puisque je suis sur cette terre, vivante.

Alors voyez plus grand, plus loin. Dépassez les barrières que vous vous êtes mises et enterrez vos habitudes. Lâchez-vous et vous pourrez imaginer ce qu’est devenue notre vie.

– Ça vous exciterait que j’allume un homme devant vous, dans ce bar, c’est ce que vous essayez de me faire comprendre ?

Oui, je perds tout contrôle, avec lui. Cette phrase ne me ressemble pas. Je mords ma lèvre inférieure et ferme les yeux comme pour ravaler ce que je viens de dire, mais c’est trop tard.

– C’est exactement ça.

Il me lâche. Estomaquée par sa réponse, je pivote rapidement sur moi-même pour me retrouver face à lui.

– Et qu’est-ce qui vous fait dire que j’en ai envie ?

– Vous mourez d’envie de me faire plaisir.

Je ricane car même s'il n'est pas loin de la vérité, je pencherai plutôt pour une envie de le surprendre. Me surprendre moi-même, sans doute aussi.

Je hausse le menton et affirme :

– Vous êtes bien sûr de vous.

Il pose son doigt sur la base de mon cou et le descend entre mes seins et, d’un regard défiant, il avance son visage pour le caler contre ma joue. Je sens ma peau se hérisser. Un frisson me traverse et j'apprécie ce contrôle qu'il exerce sur mon corps.

– Vous m’auriez déjà giflé, si ce n’était pas le cas.