Ajouter un extrait
Liste des extraits
Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés
Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues
Ô jours luisants vainement retournés !
Ô tristes plaints, ô désirs obstinés,
Ô temps perdu, ô peines dépendues,
Ô mille morts en mille rets tendues,
Ô pires maux contre moi destinés !
Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts !
Ô luth plaintif, viole, archet et voix !
Tant de flambeaux pour ardre une femelle !
De toi me plains, que tant de feux portant,
En tant d'endroits d'iceux mon coeur tâtant,
N'en est sur toi volé quelque étincelle.
Afficher en entierJe vis, je meurs, je me brûle et me noie,
J'ai chaud extrême en endurant froidure,
La vie est trop molle et trop dure.
J'ai de grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure,
Mon bien s'en va , et à jamais il dure,
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène,
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine.
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Extrait de Poèmes Par cœur .
Afficher en entierSonnets, VIII
Je vis, je meurs; je me brûle et me noie;
J'ai chaud extrême en endurant froidure;
La vie m'est et trop molle et trop dure;
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène;
Et quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis quand je crois ma joie être certaine
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Afficher en entierPour contenter celui qui me tourmente,
Chercher ne veux remède à mon tourment:
Car, en mon mal voyant qu'il se contente
Contente suis de son contentement.
("Rymes" - Pernette du Guillet)
Afficher en entierOn voit mourir toute chose animée
Lors que du corps l'âme subtile part.
Je suis le corps, toi la subtile part :
Où es-tu donc, ô âme bien-aimée ?
Afficher en entierÔ doux regards, ô yeux pleins de beauté,
Petits jardins pleins de fleurs amoureuses
Où sont d'Amour les flèches dangereuses,
Tant à vous voir mon œil s'est arrêté !
Ô cœur félon, ô rude cruauté,
Tant tu me tiens de façons rigoureuses,
Tant j'ai coulé de larmes langoureuses,
Sentant l'ardeur de mon cœur tourmenté !
Doncques, mes yeux, tant de plaisir avez,
Tant de bons tours par ces yeux recevez ;
Mais toi, mon cœur, plus les vois s'y complaire.
Plus tu languis, plus en as de souci,
Or devinez si je suis aise aussi,
Sentant mon œil être à mon cœur contraire.
Afficher en entierAprès qu'un temps la grêle et le tonnerre
Ont le haut mont de Caucase battu,
Le beau jour vient, de lueur revêtu.
Quand Phébus a son cerne fait en terre,
Et l'Océan il regagne à grand'erre ;
Sa sœur se montre avec son chef pointu.
Quand quelque temps le Parthe a combattu,
Il prend la fuite et son arc il desserre.
Un temps t'ai vu et consolé plaintif,
Et défiant de mon feu peu hâtif ;
Mais maintenant que tu m'as embrasée,
Et suis au point auquel tu me voulais,
Tu as ta flamme en quelque eau arrosée,
Et es plus froid qu'être je ne soulais.
Afficher en entier