Extraits

« Devine qui j’ai croisé tout à l’heure ?

Je me contente de le regarder avec un air interrogatif et un sourire tordu s’inscrit sur ses traits.

‒ Notre chère voisine : Vanessa. Sans déconner, je crois que même mon chien a peur d’elle !

‒ Elle avait l’air si terrible que ça ? demandé-je d’un ton désinvolte.

Il me sourit d’un air sinistre en appuyant sur le bouton d’appel de l’ascenseur.

‒ J’ai voulu mettre une touche d’humour – sûrement à cause de mon stress – histoire de la dérider un peu. Alors je lui ai dit en la voyant : « Oyez, gente dame ! » Elle ne m’a pas laissé finir, dit-il alors que les portes métalliques s’ouvrent devant nous. Elle m’a lancé un regard hargneux et m’a dit : « Premièrement : je ne suis pas gentille. Deuxièmement : je préfère me jeter d’un pont plutôt que de t’écouter. Troisièmement : puisque, par malheur, tu n’es  pas né muet, apprends à te taire si tu ne veux pas que je t’arrache la langue et que je la donne à manger à ton chien ! »

Je m’immobilise complètement, ahuri, alors qu’il appuie sur le bouton de notre étage.

‒ Ah… »

‒ Je suis athlète, gymnaste pour être précis.

Je tombe des nues et me rassois à côté de lui, bien plus proche qu’auparavant. Il n’enlève pas sa main de mon poignet mais desserre sa poigne et trace des petits cercles avec son pouce sur ma peau. Je sens une douce chaleur envahir mon bas-ventre mais je m’accroche encore au reste de ma raison. Bordel ! Je n’aurais pas parié un centime sur le fait que Joey soit gymnaste ! La profession n’est pas commune en soi mais, même si cela avait été le cas, je n’aurais pas fait naturellement le rapprochement. J’ai probablement une image biaisée de ce sport mais…

‒ Vous n’êtes pas censé vous trimballer en collant moulant et effectuer des figures artistiques ?

D’accord, j’ai dit à Jeannette que je n’envisageais pas Joey comme mon quatre-heures mais quand même ! Ne puis-je pas avoir l’air affriolante lorsqu’un homme sexy tape à ma porte ? Ne serait-ce pas équitable ?

Vanessa

Je suis affalée dans mon canapé, boules Quiès enfoncées dans mes oreilles, lorsque les coups retentissent. Ils sont si forts que les bouchons ne sont d’aucune efficacité : j’entends le martèlement comme s’il résonnait à côté de mon tympan. L’impact se répète trois fois, nettement mais avec brièveté.

J'ai l'impression d'être dans une usine ! Fille 476 honorée, suivante !

Lorsqu'on joue un jeu dangereux, il y a inévitablement un retour d'ascenseur.

Si je dois le recroiser, je compte bien avoir toute la dignité nécessaire et une bonne dose de sexytude !

Pourquoi faut-il que ça tombe sur le seul homme sexy, indécent et dont la voix me fait chavirer ?

Pourquoi la peur donne-t-elle envie de faire pipi ? Voilà matière à dissertation.

Ce n'est plus un pétard que j'ai mis dans mes cheveux mais toutes les fusées d'un fichu feu d'artifice !