Extraits

- Oh, je ne suis pas seulement dingue, mademoiselle Hughes. Je suis aussi brisé par la vie, mais je n'ai pas besoin qu'on me sauve. Je ne veux pas être sauvé. (Il l'enferma entre ses bras.) J'aime les morceaux et les éclats déformés qui me constituent. Ils me définissent. Ils sont la preuve que je suis bien réel. La vraie question, c'est si oui ou non, tu peux le supporter.

Lucian ne pensait pas qu'elle allait répondre, ni même entrer dans ses appartements. Pourtant, après quelques secondes de réflexion, elle passa la porte. Il ferma les yeux et envoya une prière de remerciement à n'importe quel Dieu susceptible de l'écouter, puis referma derrière elle.

Il était tellement beau qu'elle en avait le cœur serré. Au fond d'elle, elle avait encore du mal à croire ce qui s'était passé entre eux. Malgré le temps qui s'était écoulé, rien ne lui semblait réel. La scène lui revenait comme un rêve. Pourtant, le souvenir de son corps dur contre son dos était impossible à occulter.

Peu importait.

Julia était à lui.

Et il était à elle.

Il ne savait pas quel avait été l’élément déclencheur. C’était peut-être un tout. Ou alors le fait qu’elle soit revenue, tout simplement. Elle se tenait devant lui et voulait se battre pour lui, pour eux. Personne n’avait jamais fait ça pour lui.

À présent, il était trop tard.

Il savait qu’il aurait pu l’avoir hier.

Il la désirait toujours.

Et Lucian obtenait toujours, mais alors toujours, ce qu’il désirait.

- Mademoiselle Hughes ? s'enquit-il d'une voix douce.

Elle prit une grande inspiration, puis sembla prendre une décision. Lucian sentait son cœur battre bizarrement dans son torse. Alors, avec une lenteur presque douloureuse, elle posa sa main dans la sienne

Il sourit.

Le premier contact de ses lèvres sur les siennes ne fut ni timide, ni hésitant. Au contraire, la pression de sa bouche fit s'envoler la moindre inquiétude qu'elle aurait voulu formuler. Lucian lui mordilla la lèvre inférieure. Quand elle hoqueta de surprise, il en profita pour approfondir le baiser. Plus rien d'autre ne comptait que son goût et la sensation de son corps contre le sien.

- Il y a beaucoup de non-dits dans votre famille, pas vrai ?

Son cœur battait la chamade. La façon dont il avait pris le contrôle de son corps en se servant uniquement de ses mains et de ses doigts lui coupait le souffle. Elle était également étonnée par la rapidité avec laquelle elle s’était laissée aller et avait cessé de réfléchir.