Extraits

« Rachel est peut-être morte, mais son esprit reste plus vivant que moi dans cette maison. »

Car il existe toujours une raison de vivre, de se réjouir, une raison d’espérer.

« C’est exactement ainsi que je me vois en ce moment, un paquet de miettes assemblées par mes parents. »

« Je ne pensais qu’au lendemain. Chaque jour me rapprochait de ma libération. On n’est jamais en cage pour la vie, Beth. Je cherchais toujours la petite chose qui me permettrait de survivre jusqu’au soir, comme ces dix minutes supplémentaires dehors, ou ces travaux à l’extérieur comme quand on ramassait les poubelles, ou ces glaces qu’on avait parfois au dessert. C’est comme ça que j’ai gardé la raison, en me concentrant sur une bonne chose au lieu de ne penser qu’aux mauvaises. Un petit rien. »

« Quel est ton petit rien de la journée?

-Toi. »

« -Sans vouloir dédramatiser, je peux t’assurer que ça ne ressemble pas à de la prison.

-Pas loin, quand même.

-Si, très loin. D’accord, cette histoire de porte est nulle, mais tu n’es pas non plus enfermée dans une minuscule cellule, avec une cuvette dans un coin pour pisser et trois repas par jour dans une cantine remplie d’abrutis prêts à te planter leur fourchette dans le dos. Aucune liberté entre les cours. Impossible de profiter du soleil quand il faut beau. Et on peut te demander à tout instant de baisser ton caleçon pour vérifier que tu ne caches rien entre tes fesses… On ne t’appelle jamais par ton nom. Tu n’es qu’un numéro. « Numéro trois cent dix, tu viens nettoyer par terre. »… Je comprends que tu trouves ta vie horrible, reprend-il, mais ça n’a rien à voir avec une détention. Du moins pas une vraie. »

« Eh merde! Je veux vivre ma vie. Je veux m’amuser. Tous ces gens m’étouffent à force de me dire ce que je dois faire ou ne pas faire… »

« -C’est nous qui payons tes études, donc tu iras où on te dira d’aller, à la fac de Darling. Et tu n’as pas besoin de t’y inscrire, c’est déjà fait. »

« J’ai perdu une sœur. On aimait tous Rachel et elle nous manque, à moi plus qu’à personne… Et je suis toujours vivante. J’y tiens, je veux vivre. Est-ce trop demander? »

Je n'arrête pas de pleurer et ne saurais dire combien de temps s'écoule ainsi. Mais il ne tente pas de m'arrêter, il ne s'éloigne pas. Le rythme de sa main ne faiblit pas. Et ses palpitations me résonnent dans l'oreille. Il est vivant. Je suis vivante. Rachel est partie.