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Un écureuil a traversé la route de droite à gauche devant la voiture. On s'arrête. Le chauffeur descend, cueille un peu d'herbe sèche sur le bas-côté, qu'il glisse sous les roues : voici comme on contrecarre le mauvais présage de l'écureuil. Repartons. Puis nous sommes à peine entrés dans Bamako qu'un policier nous dresse un procès-verbal pour dépassement de la date limite du contrôle technique. Oreille rouge règle l'amende.
Il songe avec épouvante que, sans la poignée de paille, le flic aurait tiré à vue.
Afficher en entierRoulements de tambour. Applaudissements. Une femme arrive qui porte sur la tête un ballot de vingt ou trente calebasses emprisonnées dans un filet. Et telle cependant elle se fond dans la foule. Deux exploits impossibles pour Oreille rouge. Certaines portent l'eau, d'autres la terre ou le sable. Celles qui n'ont qu'un foulard soutiennent certainement le ciel. Longues et fines,ondulantes, elles défilent le long du fleuve, top-modèles sans rivales, la collection printemps-été en boule dans la bassine en fer blanc posée sur leur tête.
Oreille rouge défend avec ardeur la cause de la femme africaine en lorgnant ses fesses hautes d'un œil fou.
Afficher en entierOreille rouge ne ferme jamais à clef la porte de sa chambre. Cela ne se fait pas dans le village. Voilà une belle leçon de confiance que nous serions bien inspirés de méditer, pense-t-il. Mais la combinaison de sa valise est brouillée, sur l'armoire, et dedans il y a tout son argent.
Afficher en entierIl a pincé les cordes d'une kora. La musique africaine n'a plus de secrets pour lui.
Afficher en entierEn attendant, il vient de recevoir son passeport. J’ai dû le faire refaire, dit-il. Mais c’est évidemment la première fois qu’il possède un passeport. Il attrape l’objet plat par un angle et l’agite devant son visage, puis tapote avec la paume de sa main gauche. Il caresse du bout des doigts la couverture lisse et luisante, très légèrement grenue. Jusqu’alors il n’avait connu ces sensations extrêmes qu’en dorlotant son livret de caisse d’épargne.
C'est pourtant le contraire. Finie l'économie mesquine.
Afficher en entierAu nom de quoi faudrait-il toujours partir ? Et s'il était plus aventureux de rester ?
Afficher en entierIl retrouve Rouki et ses sœurs pour une promenade dans la savane. C'est un gri-gri, disent les enfants en désignant une corne enveloppée dans des bandes de tissu et de plastique suspendue à une branche de manguier à l'aplomb d'un crâne de mouton. Je l'aurais parié, dit Oreille rouge. On ne doit pas y toucher disent les enfants. Mais ils rient en approchant les doigts de la chose. Cependant, ils n'y toucheront pas.Lui, vous pensez s'il s'en moque, il s'est fabriqué un gratte-dos avec l'annulaire de Catherine de Sienne dérobé dans son reliquaire.
Mais il respectera les croyances locales.
Afficher en entierAlbert Moindre croyait avoir fait le tour de l’éléphant.
Il ne lui avait fallu pas moins de quinze années, sans jamais ralentir le pas. Mais cette fois il arrivait au bout de son périple. Ne commençait-il pas à reconnaître des choses qu’il avait vues déjà, des gens et des lieux ? Il continuait pourtant. Car dès qu’il prenait la décision de s’arrêter et de poser son sac, le doute s’insinuait en lui : et s’il ne s’agissait que de ressemblances, de similitudes fortuites ? Et il repartait. Il allait voir plus loin.
Le malheureux, il marche encore.
A-t-on jamais fait le tour de l’éléphant ? se demande Albert Moindre en allongeant le pas
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