Orfeo

Bien déçue !!! Je n'ai pas réussi à accrocher : trop compliqué !!! Le monde de la sécurité intérieure rencontre l'univers de la composition musicale classique lorsque la maison d'un professeur de musique à la retraite est perquisitionné par des agents fédéraux après avoir fait savoir qu'il a un laboratoire et expérimente des bactéries toxiques. Ce qu'il fait réellement déconcerte description, mais il se rend vite compte qu'il sera difficile de gagner une audience équitable dans un climat de paranoïa et de peur aux États-Unis. Il part donc en voyage à travers l'histoire et la géographie de sa vie. Je me suis ennuyée réellement !

Rarement l’éveil à la musique, l’apprentissage de la musique, l’expérience bouleversante de la musique, la place de la musique dans la vie humaine, auront été si bien évoquées. Romancier tenté par la surcharge et l’excès, rarement aussi Powers aura été si captivant, si maître de son art, si étonnant par la rapidité de sa pensée et les trouvailles de l’écriture, malgré quelques passages agaçants où on le perd. En fuite et recherché par toutes les polices des Etats-Unis, Els est coupable d’avoir développé chez lui une culture de bactéries, d’avoir voulu faire se rejoindre l'art et la science, d'avoir voulu donner au premier, littéralement, une nouvelle vie, un nouvel avenir. Powers a-t-il eu raison de nouer ce second fil au premier ? On en discutera longtemps. Ironie suprême, l’obscur compositeur pour initiés, oublié de tous, qui ne compose plus, intéresse enfin les médias comme bioterroriste, et il redevient à cette occasion, seul contre tous, proche des personnes (sa femme, sa fille) dont la vie l’avait éloigné. Ce livre m'a profondément ému. L'écriture est saisante, imaginative et extraordinaire. Je n'ai jamais lu une meilleure description de la façon dont les musiciens et les compositeurs utilisent les sons de leur environnement et de leurs processus cérébraux pour créer de la musique nouvelle.

Mais bien plus encore, comment l'envie de faire de l'art original et expérimental affecte non seulement le compositeur, mais aussi la société dans son ensemble ; et comment des façons aussi radicales de créer de nouvelles idées peuvent sembler une grande menace.

Malgré ses points positifs, il souffre de son inclinaison élitiste. Bien loin de vulgariser la musique classique, il la hisse à un rang scientifique, la rendant opaque. De ce fait, les descriptions deviennent un enchevêtrement de termes techniques derrière lesquelles je n’ai discerné aucune mélodie.

De plus, sa structure non-chronologique tend à complexifier la chose. En l’absence de signalisation, difficile de savoir vers quel côté de la vie de Peter la narration se tourne. Sa lenteur n’arrange rien, mais il faut reconnaître que sans ce dernier aspect négatif, ce roman possède tous les atouts d’un thriller. Dommage que l’auteur n’ait pas exploité cette possibilité.

Même si je n’en fais pas grand cas, cette réécriture reste un bon exemple de modernisation d’un mythe classique. Il transforme et transpose les passages mémorables pour que tout un chacun puisse les reconnaître, sans flirter avec le cliché.

Avec du recul, je me suis rendu compte qu’il illustre parfaitement l’état limite dans lequel se retrouve Orphée. À force de s’évertuer à repousser les frontières du bien et du possible, il finit par commettre l’irréparable. En cela, cette œuvre se rapproche d’une variante de la mort d’Orphée qui voulait qu’il fût foudroyé par Zeus pour avoir révélé les mystères divins aux hommes.

Comment différencier le bien du mal si l’intention n’est pas prise en considération ? Telle est la question que posent à la fois le mythe et sa réécriture.

Chronique HS complète :

https://biblideleona.wordpress.com/2017/10/10/hs-2-le-mythe-dorphee/

Travaillant en bibliothèque, j'ai "du" choisir un roman de la rentrée littéraire pour le présenter ensuite. J'ai opté pour celui-ci car le quatrième de couverture me garantit que l'on parlera musique. Eh bien, je n'aurai pas du.

Si l'auteur nous parle effectivement de musique, c'est de manière très pointue et ne se limitant qu'à la musique classique. Mais attention, pas n'importe laquelle car Chopin, notamment, ça ne vaut rien. Non, il faut aimer des compositeurs méconnus, il faut aimer la musique chaotique et il faut surtout aimer les longues descriptions techniques qui nous sont gracieusement offertes par Richard Powers. Oh et il faut bien sûr n'aimer que ça parce que les autres genres musicaux, c'est de la merde. Quand il s'en prend au rock, je vous assure que j'ai vu rouge.

Heureusement, il n'y a pas que de la musique, non. On a aussi de la biologie avec des informations tout aussi pointues donc, si les sciences ne sont pas votre dada, on n'y comprend pas grand-chose.

Histoire d'ajouter un peu de joyeuseté à tout ceci, on a également un peu de terrorisme. Et pour couronner le tout, l'auteur ne se prive pas de nous livrer sa petite critique sur la société à sa manière, de façon très sectaire donc.

Vous êtes perdus ? Ne vous inquiétez pas, je l'ai été aussi. Le roman est très chaotique. J'imagine que c'est voulu par l'auteur mais ça ne fait que rendre la lecture encore plus difficile encore. Par exemple, il n'y a pas de chapitres. Les seules coupures dans le récit sont délimitées par des citations prétentieuses qui ne veulent pas dire grand-chose.

Parlons un peu de l'histoire : Peter, un compositeur raté se retrouve à fuir les autorités à cause d'une expérience scientifique un peu douteuse qu'il a fabriqué chez lui. Au fil des pages, Peter se rappelle sa jeunesse qui n'a pas toujours été très facile (son frère l'obligeait à écouter du rock, vous vous rendez-compte ?), il nous parle de ses amours, de sa fille...

Le roman est ainsi ponctué de flash-back mais comme les délimitations sont très floues, on ne se rend pas compte tout de suite si on est dans le présent ou dans le passé. Ce qui, en plus de tout le reste, nous donne envie de jeter le livre par la fenêtre.

Vous l'aurez compris, je n'ai pas du tout adhéré à ce livre que l'on présente comme l'un des meilleurs livres sur la musique. Rien que ça.