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La chute parut à Phylassio à la fois rapide et interminable. Un vent glacé lui broyait les poumons, l’empêchant de reprendre son souffle. Quelques battements de bras plus tard il sombrait dans une inconscience ouatée bercée de mille petites voix chantantes. Son dernier cri, et le hurlement silencieux qui avait suivi, avaient néanmoins déclenché une grande agitation dans la forêt enchantée, plusieurs centaines de toises plus bas.
Quand Phylassio reprit connaissance, il était allongé sur un sol spongieux fait de mousses et de lichens. Un tas de feuilles fraîchement détachées lui servait d’oreiller végétal.
Tout autour de lui, virevoltaient de minuscules créatures, apparemment impatientes et excitées d’assister à son réveil.
Dans un concert de rires cristallins, il essaya de se relever, et à sa grande surprise retomba sur son lit de mousse. Le filet qui l’avait empêché de se fracasser les os sur le sol l’entravait à présent à la manière d’une résille trop serrée.
Il leva de nouveau le nez vers le ballet féerique des petites Reines. Phylassio se sentait embarrassé. Il ressemblait à gros poisson exhibé sur un quai par des pêcheurs fiers de leur prise.
- S’il vous plaît, commença-t-il. Soyez assez gentilles pour me libérer. Je ne sens plus mes membres, et les mailles de votre filet me blessent les chairs.
- Notre ami l’homme-oiseau a la langue bien pendue à ce qu’on dirait.
- Et il semble plus habile à piailler qu’à voler.
- Aime-t-il les vers frétillants ou sa préférence va t’elle aux graines sèches et croquantes ?
Chaque fée passant près de son visage lui adressait un quolibet suivi d’une cascade de rires très aigus.
- Par pitié, pleura Phylassio, je ne sais pas qui vous êtes, mais je peux vous jurer que je ne vous veux aucun mal. Soudain, une voix grave se détacha dans la cacophonie générale.
- Il suffit ! Vous avez assez joué avec lui. Détachez-le et retournez à vos affaires.
Depuis sa position inconfortable, Phylassio distingua une forme argentée parmi le tourbillon de taches colorées qui s’agitait au-dessus de lui.
Dans un bruissement d’ailes, Dame Alycia s’approcha du visage de Phylassio.
- Ton cri de peur nous a percé la cervelle, jeune humain. Les fées sont maintenant dans tous leurs états. Tu peux te vanter d’avoir semé le trouble dans la forêt des Reines mortes.
- Acceptez mes excuses, petite dame papillon. J’ai bien cru ma dernière heure venue. Convenez qu’en telle circonstance, on puisse avoir peine à se contrôler.
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