Extraits

Croyez-vous que l'on puisse écrire un roman en dix minutes par jour ?

Si vous le croyez, et que vous avez acheté ce livre parce que vous le croyez, ou plutôt, parce que vous voulez croire que l'on peut écrire un roman en n'y consacrant que dix minutes par jour, alors vous croyez une fiction. Vous avez cru un mensonge. Ce n'est pas très grave. Sauf si vous teniez vraiment à l'argent que vous avez donné en échange de ce livre. En ce cas, je suis désolé de vous avoir délesté. Consolez-vous en vous disant que c'est une leçon utile que vous avez reçue : il ne faut pas croire les gens qui aiment raconter des histoires. Leur rapport à la vérité est parfois… élastique !

Et puis, croire à la fiction, c'est utile si on veut écrire un roman. Et je suppose que si vous lisez ces lignes, c'est que vous voulez écrire un roman. Donc, vous n'avez pas complètement perdu votre argent.

Je vous ai indiqué que le meilleur moyen d'apprendre à écrire, c'est d'écrire. Mais, comme la vie est toujours affaire de surprises, et que tout bon récit est truffé de retournements de situation, ce chapitre vous propose donc d'oublier ce que j'ai dit, et de considérer que le plus important, avant d'écrire, c'est lire. Et là, tout de suite, deuxième retournement de situation, je me souviens qu'il est très dangereux de dire à des écrivains en herbe qu'il faut lire avant d'écrire. Car ils ont parfois une forte tendance à la procrastination et que la lecture frénétique peut être un moyen de ne pas écrire, de différer l'écriture.

Très souvent, je reçois des manuscrits de personnes qui sont des non-lecteurs. Des personnes qui ne lisent jamais. Mais qui, un jour, se disent, pour des raisons qu'elles n'ont souvent pas interrogées, qu'elles veulent écrire. Or je pense qu'on ne peut pas être un bon auteur si on ne lit jamais. Tout comme il me semble impossible d'être un bon cuisinier si la nourriture vous dégoûte.