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Prologue
Une journée de printemps ordinaire. Un pâle soleil, un léger vent un peu frais, un ciel plutôt épuré. Des bourgeons aux branches des arbres, le pépiement des oiseaux dans les frondaisons et sur les toits. Des passants, des véhicules, des klaxons. Le tableau typique d’une grande ville un jour lambda d’avril 2019. Pas de quoi s’étendre, me direz-vous… Pas faux.
Tout cela est incroyablement banal, anodin et sans intérêt.
À un détail près.
Ce jeune homme vêtu d’un blouson sombre, d’un jean noir et de chaussures de ville, qui émerge du métro pour traverser la rue à toute allure au mépris de la circulation, et qui se rue au travers du double portail battant de ce grand bâtiment. Vous le voyez ?
Vous avez noté son air angoissé, la pâleur de son teint, ses cheveux châtains ébouriffés et la panique au fond de son regard bleu ?
C’est moi.
Si je cours comme ça, c’est que pour moi ce jour n’a rien d’anodin. J’ai reçu il y a trente minutes un message. Et depuis, c’est comme si mon existence entière était en suspens, jusqu’à ce que je sache.
Je ralentis à peine pour me soumettre à la fouille du vigile, puis reprends ma course dans l’enceinte de l’hôpital Saint-Antoine. Car oui, c’est là que je me suis engouffré : dans un hôpital parisien.
La fille que j’aime a eu un accident.
Le temps de m’orienter, je bifurque dans l’allée et me précipite dans l’une des ailes du bâtiment.
Dans ma tête les mots du message que l’on m’a envoyé défilent en boucle. Autour de moi, je discerne des patients, des médecins. D’ordinaire je suis attentif à tout cela, mais là, tout de suite, je m’en contrefiche.
Je dérape sur le sol carrelé du hall, hésitant sur la direction à prendre. Un panneau marqué de lettres rouges me renseigne. Haletant, je continue ma course.
Les battements de mon cœur tambourinent à mes tempes. J’atteins une salle d’attente vaste et dénudée, encombrée de malades patientant jusqu’à ce qu’on s’occupe d’eux. Je slalome entre les rangées de sièges et les gens, puis m’arrête face au comptoir des admissions.
Plié en deux. Les poumons en feu. Je pose les mains sur mes genoux, le temps de reprendre mon souffle.
Source : kobo.com
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