Extrait

La plus belle nuit de ma vie !

C’est ce qui vint à l’esprit de Tim Fitzpeterson lorsqu’il ouvrit les yeux et la vit, encore endormie, dans le lit, à ses côtés. Il n’osait pas bouger de peur de la réveiller, mais il la regardait à la dérobée dans la froide lumière de l’aube londonienne. Elle était étendue sur le dos dans cet abandon propre aux petits enfants, et cette fragilité lui rappela sa fille Adrienne à un tout jeune âge. Souvenir malencontreux qu’il s’empressa de chasser.

La fille était rousse et ses cheveux enserraient sa petite tête à la façon d’un chapeau, laissant bien dégagées ses oreilles, qu’elle avait minuscules. Tout en elle, d’ailleurs, était fin et gracieux, le nez, le menton, les pommettes, les dents. À un moment, au cours de la nuit, il avait posé ses grandes mains maladroites sur son visage, pressant délicatement de ses doigts le creux de ses yeux et de ses joues, écartant ses lèvres de ses pouces, laissant sa beauté irradier ses paumes, comme la chaleur apaisante d’un feu.

Le bras gauche de la fille reposait mollement sur la courtepointe rejetée au pied du lit, découvrant ses menues épaules et l’esquisse d’un sein.

Ils étaient allongés l’un à côté de l’autre, sans vraiment se toucher, mais Tim percevait la chaleur de sa cuisse. Il détourna le regard et fixa le plafond, laissant une joie quasi physique l’envahir au souvenir de la passion de leurs étreintes nocturnes.