Extraits

Ça valait quand même le coup d’essayer. Je jetai mes épaules en arrière, tendis le bras et posai ma main à plat contre la première chose solide que je pus sentir, priant pour que cette créature, quoi qu’elle soit, ait une poitrine.

Je me donnai à fond, déterminée à ce que le canal entre ma main et l’âme de Nuage Flippant s’ouvre. Je le veux, pensai-je, mon esprit criant désespérément. J’en ai besoin.

Mes yeux s’ouvrirent brutalement, mon âme crépitant d’une chaleur aride et chargée en électricité qui affluait dans mon bras et vers mon cœur, s’échappant vers l’extérieur jusqu’à ce que chaque partie de mon corps fourmille.

La créature poussa un cri strident de surprise et de douleur. Elle recula brusquement, rompant la connexion ; j’éprouvai un léger vertige, saoulée par l’apport d’une énergie nouvelle et étrange.

Puis nous tombâmes.

Quelle bonne idée, Evie, vas-y, aspire l’énergie de la chose qui te maintient des centaines de mètres en l’air. Mais elle avait l’air de tenir bon malgré tout. Nous tournions rapide-ment, hors de contrôle, mais sans tomber aussi rapidement que nous aurions dû. Si nous pouvions descendre comme ça jusqu’en bas, tout irait bien.

Et elle me lâcha. Je hurlai, me rattrapant et m’accrochant à ses pieds. Elle cria de frustration, me donna des coups de pied, mais je n’étais pas près de lâcher. Nous étions ensemble dans cette galère. La terre arrivait à toute vitesse, un tapis d’arbres verts et orange.

Avant que j’aie le temps de m’y préparer, je m’écrasai dans les arbres, des feuilles volant autour de moi tandis que je rebondissais sur une branche, et je lâchai les pieds de mon nuage. Une autre branche percuta ma hanche, ce qui me ralentit suffisamment pour que, lorsque le sol et moi-même finîmes par nous rencontrer, j’eus seulement l’impression d’avoir heurté un camion.

Chaque os de mon corps devait être brisé. C’était impossible que j’aie aussi mal et qu’un appendice quelconque ait survécu. J’allais être plâtrée jusqu’à la fin de mes jours. Ça allait compliquer les câlins avec Lend. Au moins, je quitterais l’école un petit moment. Et je serais définitivement dispensée de cours de sport.

Poussant un soupir tremblant de soulagement, je m’appuyai de nouveau contre l’arbre. Si j’avais rêvé qu’il arrive quelque chose pour rendre ma vie plus excitante, ce n’était pas à ça que je pensais. J’avais vraiment oublié ce que le fait d’être en contact avec les paranormaux — les véritables et imprévisibles paranormaux — provoquait.

La peur.

Une très, très grande peur.

Et maintenant, je n’avais même plus Tasey avec moi pour me réconforter. J’avançai résolument, faisant le point sur ma situation. J’avais laissé tomber mon sac quand Nuage Flippant m’avait attrapée, je n’avais donc pas de téléphone mobile. Et, tandis que j’étais à peu près certaine d’être à côté de la maison quand nous avions commencé à tomber du ciel, qui sait où nous avait emmenés notre course ? De même, quelle étendue pouvait bien avoir une forêt en plein cœur de la Virginie ?

La créature poussa un cri strident de surprise et de douleur. Elle recula brusquement, rompant la connexion ; j’éprouvai un léger vertige, saoulée par l’apport d’une énergie nouvelle et étrange.

Puis nous tombâmes.

Quelle bonne idée, Evie, vas-y, aspire l’énergie de la chose qui te maintient des centaines de mètres en l’air. Mais elle avait l’air de tenir bon malgré tout. Nous tournions rapide-ment, hors de contrôle, mais sans tomber aussi rapidement que nous aurions dû. Si nous pouvions descendre comme ça jusqu’en bas, tout irait bien.

J’étais encore en train de crier quand l’air vint à me manquer. Reprenant mon souffle, je baissai les yeux vers le sol. Des bouclettes de nuage voletaient autour de moi, pas assez pour m’empêcher de voir que le paysage était beaucoup trop loin en dessous de nous.

Je ravalai un autre cri et regardai ma taille. Deux bras, dont l’aspect très peu solide était terrifiant, l’entouraient. Je ne voyais pas du tout comment quelque chose qui semblait aussi léger qu’une brise pouvait me tenir si haut, mais je ne pouvais pas y réfléchir tout de suite. J’avais des problèmes plus urgents. Comme de savoir où m’emmenait le nuage et pourquoi. Pire encore, des petits éclairs volaient autour de nous et les probabilités que j’évite l’électrocution me semblaient assez faibles. Les poils sur mes bras étaient dressés tout droit, frissonnant à cause de l’énergie qui grésillait autour de moi.

Tentant de ne pas courir, je suivis l’assistante, une petite femme avec des cheveux blonds affreusement pas naturels.

— Savez-vous qui est venu me chercher ?

— Votre tante, je crois.

Voilà qui éclaircissait les choses. Ou ça aurait pu, si j’avais eu une tante. J’envisageai la liste de femmes, toutes paranormales, pouvant se faire passer pour une parente. La liste n’était pas longue et je ne voyais pas la moindre raison pour qu’une seule d’entre elles soit ici. J’entrai précipitamment dans le bureau. Une femme avec des chaussures confortables (comprenez : affreuses) et des cheveux noirs tirés en un chignon sévère se tenait là, le dos tourné. Ce n’était pas possible.

Oh, bip, j’allais mourir.

J’allais souffrir une mort horrible, épouvantable et douloureuse.

Ma main se tourna, cherchant le pistolet paralysant rose que je savais absent. Pourquoi avais-je voulu ça ? À quoi avais-je pensé ? Travailler pour l’Agence internationale de Confinement des paranormaux avait peut-être ressemblé à de l’esclavage et il est vrai que j’avais eu droit à des rencontres assez désagréables avec des vampires, des vieilles sorcières et des fées abominables, mais cela n’était rien comparé au danger que j’affrontais à présent.

Le gymnase des filles.

Nous jouions au soccer — sans protège-tibias. La fille que j’étais censée couvrir (une créature si monstrueuse que j’aurais juré que c’était un troll) chargea dans ma direction, de la vapeur s’échappant presque de ses narines. Je me préparai à l’impact.