Parfaits espions: Les grands secrets de Berlin-Est
Auteur
- Luc Rosenzweig (Écrivain)
- Yacine Le Forestier (Écrivain)
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extrait
Il était une fois la RDA...
Der grösste Lump in diesem
Land Das ist und bleibt der Denunziant
(Le pire salaud en ce pays restera toujours le mouchard)
Hoffman von Fallersleben
«Mais je vous aime tous!»
Le poète allemand Hoffmann von Fallersleben, auteur des paroles du fameux «Deutschland über alles», hymne national utilisé à l'occasion de la première unification allemande, celle de 1848, connaissait bien ses compatriotes. Lui qui se plaisait à glorifier les vertus germaniques de fidélité, d'amour du terroir et du travail bien fait aurait aimé que le «peuple des poètes et des penseurs» n'apparût pas aux yeux de l'humanité comme l'empire des mouchards, le royaume de la délation.
Ses inquiétudes étaient fondées : un siècle après qu'il eut formulé sa sentence stigmatisant le dénonciateur apparaît, sur le sol allemand, un État, la République démocratique allemande (RDA), qui va, en quatre décennies, instaurer le système de surveillance réciproque des membres de la population le plus perfectionné de l'Histoire. Le SED, le Parti communiste est-allemand, et le ministère de la Sécurité d'État - en abrégé la Stasi - qui se définit comme «le glaive et le bouclier du Parti», se sont développés en raison inverse du soutien dont le régime bénéficiait dans le pays.
La RDA était, à l'origine, la zone d'occupation soviétique dans une Allemagne dont les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, États-Unis, Grande-Bretagne, URSS, auxquels était venue s'ajouter la France libérée, s'étaient partagés le territoire afin d'en extirper les restes du nazisme et d'établir sur l'ensemble du territoire un nouveau régime démocratique et pacifique. Cet objectif ne résista pas longtemps à l'affrontement est-ouest et à la fermeture de ce «rideau de fer» séparant l'Europe occidentale démocratique de l'Europe centrale et orientale soumise au joug de l'URSS de Staline.
Les trois zones d'occupation occidentales se réunirent en 1949 pour former la République fédérale d'Allemagne (RFA), provoquant immédiatement la constitution, à l'Est, de la République démocratique allemande (RDA). L'ancienne capitale du Reich, Berlin, est divisée en deux, la partie orientale devenant le siège du gouvernement est-allemand. La RDA, à l'instar des autres pays dévolus à l'influence soviétique lors de la conférence de Yalta, est alors organisée et gouvernée selon les critères bolcheviques. Le «rôle dirigeant de la classe ouvrière» se traduit par la toute puissance du SED, sur l'appareil d'État, la collectivisation à marche forcée de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, et la soumission totale à l'URSS en matière de politique extérieure et de défense. Sous la direction de cadres du Parti communiste allemand réfugiés à Moscou pendant le nazisme, la RDA tente, en vain, de concurrencer économiquement et idéologiquement la RFA, dont la reconstruction rapide, aidée par le plan Marshall, va bientôt être saluée par le monde entier comme un miracle économique et social.
Les émeutes ouvrières de Berlin-Est de juin 1953, première tentative de contestation de l'ordre établi, sont violemment réprimées, et l'hémorragie continue de citoyens de la RDA allant chercher la liberté et le bien-être en Allemagne de l'Ouest conduit bientôt les dirigeants du pays à fermer hermétiquement la frontière. Le 13 août 1961, on commence à mettre en place une triple rangée de barbelés sur les six cents kilomètres de frontières avec la RFA, et à construire un mur de béton de 3,50 m de haut séparant Berlin-Est de Berlin-Ouest. La surveillance de la population, la détection et la mise hors d'état de nuire des éléments «douteux» au sein de la population sont confiées au ministère de la Sécurité d'État (Ministerium für Staats-sicherheit), la redoutée Stasi. Véritable État dans l'État, cet organisme, placé sous le contrôle direct du secrétaire général du Parti qui est en même temps chef du gouvernement, avait l'oeil sur tout. Personne n'était à l'abri de ses interventions occultes : même les membres du comité central ou du bureau politique pouvaient être placés sous la surveillance de la Stasi, pour autant que le ministre, en accord avec le chef du Parti en ait décidé ainsi.
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Date de sortie
Parfaits espions: Les grands secrets de Berlin-Est
- France : 2007-10-11 - Poche (Français)
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Résumé
«Le KGB est brutal, mais la stasi est parfaite ! avait-on coutume de dire dans le monde du renseignement au temps de la guerre froide. L'efficacité de cette police politique est apparue pleinement après la chute du mur, lorsqu'on trouva à son siège à Berlin-Est des kilomètres de dossiers qui révélaient la surveillance constante des Allemands de l'Est par leurs propres voisins, collègues de travail et même conjoints!
Ce système généralisé de délation, sans équivalent dans aucun autre État moderne (hormis les autres pays communistes), s'appuyait sur les techniques les plus diverses, à l'instar de ces agents qui séduisaient les secrétaires des ministères de la RFA pour procurer aux dirigeants de Berlin-Est les secrets d'État de l'autre Allemagne. Ou ces «parfaits espions», dirigés à l'étranger par le légendaire Markus Wolf, qui affinèrent l'art de l'espionnage scientifique et infiltrèrent le sommet de l'État ouest-allemand, jusqu'à provoquer en 1974 la chute du chancelier Willy Brandt. En poste à Berlin au moment de la chute du mur, les auteurs ont eu accès aux dossiers secrets de la Stasi et ont rencontré d'anciens officiers et leurs victimes. Leur plongée dans ce monde d'espions, de délateurs, de manipulateurs et de maîtres chanteurs fournit une fresque passionnante de l'arrière-boutique d'un régime totalitaire.
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