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Extrait ajouté par bellajessica 2013-06-26T15:15:07+02:00

Carter eut un petit rire discret. Bien qu’il fût comme à l’accoutumée tiré à quatre épingles, on voyait que derrière ses lunettes ses yeux étaient cernés de fatigue. Sa chevelure était également plus clairsemée, un peu plus blanche que grise. Cela lui allait bien, mais pour ceux qui le connaissaient, le changement était perceptible. L’effondrement du marché était arrivé au mauvais moment pour Carter. On disait au bureau qu’il aurait pris sa retraite à la fin de l’année si le marché était resté stable. À présent, ses horaires de travail – sept jours sur sept, et parfois seize heures d’affilée – ressemblaient davantage à ceux d’un jeune analyste qu’à ceux d’un P-DG.

« Visiblement, Lily et Adrian s’apprêtent à partir, dit Merrill en jetant un coup d’œil par-dessus l’épaule de Paul. Je vais leur dire que finalement, on n’ira peut-être pas à la soirée. Ne vous avisez pas de parler boutique pendant mon absence. » Elle leur adressa un sourire tendre, puis s’éloigna.

Beau-père et gendre se retrouvèrent face à face dans un silence gêné qui leur était habituel.

« Agréable, cette petite soirée, dit Paul.

– N’est-ce pas ? » renchérit Carter, visiblement soulagé que la conversation ait été lancée.

Pour Paul, deviser avec Carter était un exercice d’autant plus délicat maintenant qu’ils travaillaient ensemble. Parler du boulot aurait été trop sérieux, et ne pas en parler trop léger. Il sentait que Carter non plus ne savait pas vraiment comment gérer cette nouvelle configuration.

« Inès n’a pas ménagé sa peine, poursuivit Carter. Cette année, ça n’a pas été facile d’obtenir des gens qu’ils sortent leur portefeuille. En plus, les grands établissements ne sont pas venus – les années précédentes, Lehman Brothers réservait toujours une table, et c’était la même chose bien sûr pour Howary. C’est incroyable, de se dire que ces boîtes ont disparu. »

Paul hocha la tête. Il se souvint avoir vu son ancien patron, Mack Howary, au même gala l’année précédente, trônant à la table Howary LLP en compagnie de quelques clients accompagnés de leurs épouses. Mack était ridiculement gros et bruyant pour un avocat d’affaires, et son ego avait encore plus enflé depuis la publication d’un petit article dans Barron, le grand magazine financier, le bombardant « personne la plus influente et la plus puissante de Wall Street ». Mack avait fait signe à Paul de le rejoindre et l’avait présenté (« l’une de nos étoiles montantes », avait-il déclaré à ses compagnons), mais uniquement après l’avoir vu en compagnie de Carter Darling et de Morty Reis, le fondateur de Reis Capital Management.

Paul se demanda où était Mack ce soir. D’après les rumeurs, il se trouvait en résidence surveillée dans son domaine de Rye, lequel était de dimensions telles que ce genre de mesure n’avait pas grand-chose de restrictif. Howary LLP avait fermé il y avait tout juste dix semaines, moins de deux mois après l’inculpation de Mack pour fraude fiscale et détournement de fonds. La fin de l’état de grâce avait été brutale. Depuis plus de dix ans, Howary LLP était la star des cabinets d’avocats d’affaires. Mack, le fondateur, faisait partie de ces rares avocats qui jouissent d’un statut quasi mythique auprès de leurs jeunes collègues et des étudiants en droit. Paul l’avait vu s’adresser à un amphithéâtre archicomplet à NYU, des étudiants venus s’entasser sur les marches uniquement pour l’entendre parler de transactions structurées. Lorsque Paul, alors en deuxième année de droit, avait sollicité un stage, les places à Howary étaient de loin les plus convoitées.

Howary avait toujours été un établissement à part. Avec seulement cent cinquante collaborateurs, c’était une petite structure, mais elle jouait dans la cour des grands. Elle s’était spécialisée dans les questions de fiscalité d’entreprise et de transactions de capitaux et conseillait ses clients sur les offres de produits dérivés et structurés, les opérations transfrontalières et la privatisation d’entreprises publiques. C’était un cabinet extrêmement lucratif qui s’occupait de questions délicates, le meilleur dans son domaine.

Malheureusement, on s’était aperçu qu’en fait, la spécialité de Mack, c’était l’évasion fiscale. Les autorités le surveillaient depuis plusieurs années, attendant qu’il fasse un faux pas. Lorsque l’un de ses plus gros clients reconnut avoir blanchi près d’un milliard de dollars d’argent des cartels colombiens à travers une banque de Montserrat, dans les Antilles, la fin fut rapide et brutale. En l’espace de quelques jours, le fisc, le ministère de la Justice et le procureur général de l’État de New York tombèrent sur les bureaux d’Howary tels des vautours, saisissant dossiers, ordinateurs, rapports de dépense et mails, bref, tout ce qui n’était pas cloué au sol. Les dossiers clients furent abandonnés. Collaborer avec les enquêteurs devint un boulot à temps plein, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Paul se mit à dormir sur un canapé dans son bureau, rentrant chez lui uniquement pour se doucher et embrasser sa femme endormie. Toute terrifiante qu’elle soit, il fut soulagé de voir prononcer la mort de l’établissement. Il avait eu l’impression d’être à la barre d’un navire en train de couler.

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