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"Mon enfance s'est arrêtée ce jour-là. Ce jour-là je suis devenue adulte, j'avais six ans."

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Le nazisme : un appel au salaud qui dort dans l’homme.

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Mon père pleurait. Il m’a tendu les bras…il m’a crié : « Robert, n’oublie jamais que tu es juif… » Et je me suis mis à rire…Parce que je n’avais jamais vu mon père pleurer…Parce que je n’allais pas bien du tout…je sais bien aujourd’hui que ce rire était nerveux, mais je me suis toujours demandé si mon père avait vu ce rire, et s’il avait compris que ce n’en était pas un…Et cette question m’obsède. Je me demande quelle image il a pu garder de moi…Et ma question ne trouvera jamais de réponse.

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Nous qui avions été cachés, nous étions des enfants miraculés. Alors que des enfants avaient été brûlés, avaient été tués, que tant de gens étaient morts, comment pouvait-on s’interroger sur nos problèmes personnels à nous ? Comment pouvions nous avoir le droit d’avoir des problèmes personnels ? Nous n’avions pas le droit d’avoir des problèmes personnels, dans le contexte, ça aurait paru indécent.

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Je crois que collectivement en France, à la Libération, il y a eu la volonté de jeter un voile, d’oublier beaucoup de choses qui s’étaient passées et nous n’avions pas à parler parce qu’il n’y avait personne pour nous entendre.

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Avec ma mère, on ne parlait pas. De toute façon, nous, enfants cachés, nous devions nous estimer contents d’être encore là. On n’avait rien vécu, on n’avait pas été dans un camp de concentration, donc on n’avait rien à dire. Je n’ai jamais parlé avec ma mère de ce que j’ai moi-même vécu. Elle, elle parlait toujours. Mais moi, je n’ai jamais parlé. Elle ne sait même pas ce que j’ai vécu…Je ne lui ai jamais raconté mes petites histoires parce qu’elle n’était pas ouverte à ça.

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Et tout a coup, on nous a arrêtés devant un lit. Un cadavre de plus. C’était celui de notre mère, qui nous regardait à peine, puisqu’elle était pratiquement aveugle ; elle n’avait pas de cheveux, pas de dents. Son crâne était encore ouvert, elle avait reçu un coup de matraque SS juste avant la Libération du camp. Elle était pourtant soignée depuis deux mois. Elle avait déjà été opérée…Mais elle était encore dans un état de dégradation innommable.

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Pour moi, la Libération fut un enfer ; je me sens un tout petit peu coupable, vis-à-vis de tous ces gens qui ont été si traumatisés de ne pas retrouver leurs parents.

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C’était un homme maigre, rabougri, complètement,…Il sortait de camp. C’était mon père, et moi j’ai eu un véritable dégoût pour cet homme.

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J’ai été violée peu de temps après mon arrivée par le frère de la personne qui nous gardait. Il a fallu cacher ce viol et transformer la réalité : « Tu es tombée les jambes écartées alors que tu jouais à chat avec Pierre, il ta poussée dans le dos. »

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