Extraits

— Bien, dit Marcel. Maintenant toutes les paires doivent trouver un autre couple pour que le transport puisse avoir lieu. Si les vampires sans partenaire veulent me rejoindre, je prendrais soin de vous. La chose la plus importante est de faire cela simultanément. L'explosion de magie attirera nos ennemis et les rendra vulnérables à l'attaque des volontaires. Tous les autres seront en sécurité, en dehors du chemin.

Il n'était pas sûr que cela soit aussi intense pour eux que cela l'avait été pour Orlando et lui. Il voulait regarder Orlando, sourire au souvenir de ce qu’ils avaient partagés à l’alimentation de ce matin, mais il n'osa pas croiser le regard d'Orlando, refusant de révéler l'intensité de ses sentiments à la foule assemblée. Ce qu'ils avaient créé entre eux était trop privé et n'avait rien à voir avec l'Alliance ou la façon dont les autres partenariats allaient se développer.

— L'effet est incroyable mais pas comme si tu avais à t'en inquiéter. Nous avons passé toute la journée à nous promener à pied autour de la ville et je ne suis même pas fatigué. Orlando n'était pas gêné par le soleil même après toutes ces heures. Alain sourit de nouveau aux souvenirs d'Orlando se délectant des couleurs de la ville, même en cette fin d'automne alors qu'il se tenait dans le Jardin du Luxembourg et regardait les enfants piloter leurs bateaux dans la fontaine.

Intérieurement, Alain tressaillit à la réaction d'Orlando dont le corps ne portait aucune marque, ne montrant aucun signe des mauvais traitements qu’Alain savait qu’il avait endurés. Il se demanda si c'était un effet secondaire d'être un vampire. Il aurait presque souhaité qu'il y ait des cicatrices, quelque chose pour le guider vers certains gestes, certaines caresses qu’il pouvait faire ou pas. En l’occurrence, toutes les cicatrices étaient dans le cœur et l'esprit d'Orlando et Alain ne pouvait pas voir où elles étaient pour lui offrir réconfort et soin. Tout ce qu'il pouvait faire était de tenter de transmettre son désir, son amour dans les limites fixées par Orlando jusqu'à ce qu'il puisse gagner la confiance inconditionnelle de son amant.

Alain prit les clefs des doigts d'Orlando et ouvrit la porte de l'appartement, conduisant le vampire à l'intérieur puis vers le canapé. Avant même de considérer de répondre aux préoccupations d'Orlando, il attira le vampire contre lui et l'embrassa tendrement, avec le même mélange de romance et de tendresse qui avait coloré le repas tout entier au bistrot.

Les glissements incessants d'Orlando sur sa prostate envoyèrent des étincelles danser le long des nerfs d'Alain. La force et le rythme étaient juste suffisants pour l'amener au bord de l'extase sans le faire basculer. Il pouvait sentir son paquet se resserrer, se dresser contre son corps dans un prélude à sa libération mais il avait besoin de plus de stimulation pour y parvenir.

Son premier arrêt était un club à l'ombre du Moulin Rouge. La dernière fois que Jean en avait entendu parler, c'était l’endroit où il fallait être vu pour quiconque était branché gothique. Cela signifiait beaucoup de volontaires prêts à offrir aux vampires leur sang frais. Jean espérait trouver Julien Aubert pour qu'il puisse commencer à passer le mot. Le videur le défia dans un premier temps, parce que la tenue décontractée de Jean ne correspondait pas à la clientèle habituelle du club, mais quand il découvrit ses crocs, l'homme le laissa entrer à l'intérieur. Tenue décontractée ou non, les vampires étaient toujours les bienvenus dans les clubs goths. Jean se rendit au bar et attendit. Son apparence attirerait assez d'attention pour que Julien s'il était là, vienne le voir et se joigne à lui. Jean pouvait venir dans un club chercher quelqu'un, mais il ne s’intéressait pas aux pistes de danse bondées et aux coins sombres. Ils venaient à lui, pas l'inverse.

Les yeux d'Alain se fermèrent alors qu'Orlando caressait son sourcil. Ce n’était qu'un simple toucher, à peine plus, pourtant c'était la caresse d'un amant, un frôlement qui en disait tellement plus qu'une simple relation sexuelle. C'était une promesse de tendresse, d'attention, de soins au-delà du plaisir. Puis le contact se déplaça, vers sa tempe, puis descendit plus bas, vers une pommette pour suivre le tracé de sa peau. Le doigt inquisiteur s'attarda un instant sur sa cicatrice.

— Détrompe-toi, l'informa Jean. Chavinier te fait confiance maintenant mais pas les autres. Tout ce que j'ai à faire c'est d'aller là-bas et de leur dire que tu as refusé et ils vont commencer à se demander pourquoi. Je n’aurai même pas besoin de leur dire que j'ai goûté à la magie noire dans ton sang. Ils en viendront à la conclusion que tu as quelque chose à cacher et tu n’obtiendras jamais leur confiance.

Il ne pouvait toujours pas croire qu'elle était partie. La réalité apparaîtrait quand il verrait son corps, mais jusque là, une petite part de lui voulait espérer qu'il s'agissait d'une erreur d'identité. Quelqu'un d'autre avait été tué dans la bataille, une autre femme qui ressemblait assez à Aleth pour qu'il y ait une confusion. Aleth n'était pas morte, elle se cachait, ayant peur de révéler où elle se trouvait aux sorciers de Serrier. Il la trouverait, la sauverait et peut-être que cela serait suffisant pour combler le fossé entre eux, pour lui prouver qu'il n'était pas le salaud égoïste qu'elle affirmait qu’il était. Bien sûr, le fait qu'il ait attendu si longtemps pour aller la voir, plutôt que de se précipiter dès qu'il avait appris la nouvelle, pourrait probablement contrecarrer tout le bien qu'il pourrait faire en la sauvant.