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"Ils franchirent la clôture pour pénétrer dans cet étrange paradis. Kira s'émerveillait, abasourdie par la vie végétale intense qui les entourait, et elle revit les lumières : des feux, elle en était certaine, mais à la différence des désastres fumants éparpillés dans la ville, ceux-là semblaient petits et contrôlés, comme Heron l'avait dit. Des feux de camp, ou des feux de joie. Ils rampèrent dans le noir... et bientôt, ils entendirent.
Des voix. Des voix joyeuses, riant et chantant, avec un autre bruit au milieu, une chose que Kira avait cru ne jamais réentendre de sa vie. Elle se mit à courir, oubliant toute prudence, et en les voyant elle tomba à genoux, trop submergée par l'émotion pour fuir, parler ou même penser.
Des enfants.
Le feu craquait et bondissait au milieu d'une clairière entourée de bâtiments bas et d'une foule de gens qui dansaient, et entre eux s'ébattaient des enfants : des petits et des préadolescents, des gamins de dix ans et des bambins. Des dizaines d'enfants de tout âge et de toute taille qui riaient, criaient et tapaient dans leurs mains, chantant au son d'un petit orchestre de flûtiaux et de violons à la lueur des flammes. Kira se laissa tomber dans l'herbe et pleura à chaudes larmes tout en essayant de parler, mais sans pouvoir former le moindre son. Samm s'agenouilla à côté d'elle et elle s'accrocha à lui, le retenant, désignant les enfants. Il tentait de l'en éloigner mais tout ce qu'elle voulait était se rapprocher, les regarder de près, les toucher, les prendre dans ses bras."
Afficher en entier-Pardon de nous avoir amenés ici, pardon pour tout ce que j'ai fait, dit-elle. Je suis désolée.
-J'ai choisi de te suivre, répondit-il d'une voix grave et riche. Et je te retrouverai.
Ils s'embrassèrent encore une fois, après quoi les soldats Partials la poussèrent vers l'avion. Elle se retourna pour le regarder depuis le marchepied, et il lui rendit son regard, parfaitement immobile.
Les portières se refermèrent et les rotors géants se mirent en route avec une vibration qu'elle ressentit jusque dans ses os.
Afficher en entierC'est juste que... tout se dégrade, une chose après l'autre. Des voitures qui ne roulent plus. Des avions qui ne reverront plus jamais le ciel. Des systèmes informatiques que nous pouvons à peine utiliser, et encore moins recréer. On dirait que... que le temps s'est inversé. Nous sommes des archéologues préhistoriques fouillant les ruines du futur.
Samm, Chapitre 28 page 313
Afficher en entierL’immeuble de bureaux avait eu autrefois des portes et une façade vitrées, mais le verre n’avait pas tenu le coup bien longtemps après le Ravage : le rez-de-chaussée était entièrement exposé aux éléments. Il ne s’agissait pas là du siège social de ParaGen – qui se trouvait quelque part vers l’ouest, à l’autre bout du pays –, mais c’était déjà quelque chose. Une antenne financière, installée à Manhattan uniquement pour assurer l’interface avec celles d’autres firmes. Il avait fallu à Kira des semaines de recherches rien que pour découvrir l’existence de ces bureaux. Elle s’avança prudemment entre les éclats de verre, les plâtras et les fragments de revêtement tombés des étages supérieurs. En onze années de désolation, une couche de terre s’était déposée à l’intérieur, sur une épaisseur suffisante pour que des herbes folles commencent à y pousser. Le capitonnage en skaï des banquettes, altéré par le soleil et la pluie, semblait avoir été déchiqueté par des griffes de chats. Le large comptoir de l’accueil était à demi effondré, à l’épicentre d’une jonchée de badges d’identité jaunis. Une plaque vissée au mur énumérait les noms des dizaines d’entreprises implantées dans l’immeuble, et Kira déchiffra cette liste délabrée jusqu’à trouver ParaGen, qui occupait le vingt et unième étage. Derrière le comptoir s’alignaient trois portes d’ascenseurs, dont une pendait de travers dans son cadre. Kira, sans y prêter attention, rejoignit directement celle de la cage d’escalier, dans un coin au fond. À côté de la porte, un boîtier noir commandait une serrure magnétique, mais l’absence d’électricité le rendait bien sûr obsolète. Kira pesa de l’épaule contre le battant, poussant doucement au début pour tester sa résistance, puis plus fort, luttant contre les charnières grippées. Celles-ci finirent par céder, et, pénétrant dans la cage, elle leva les yeux vers le haut de ce puits immense, prit sa lampe torche dans son sac et l’alluma.
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