Extraits

-C'est bien la première fois qu'ils laissent un mot.

-Exactement, chef. Cette frappe ne ressemble en rien aux autres.

Shon lut le message: "Désolé mais on ne pouvait pas rester. Nous avons d'autres surprises à mettre en place. Bises, Owen Tovar."

- Kira ? fit Marcus

Green leva son fusil pour tirer mais Kira parvint à l'arrêter d'un geste de la main et d'un non de la tête.

Kira sentit ses jambes flageoler sous elle, son estomac se nouer, son corps tendre vers cet homme tandis que sa tête lui hurlait de fuir, de le tuer, de crier. Elle s'agrippa au mur pour se stabiliser, fixa le visage qui avait hanté ses rêves et prononça le mot qu'elle n'avait pas dit depuis qu'elle avait cinq ans.

- Papa ?

- Citron ou menthe ? demanda calix

Samm s'adressa aux Partials :

- Citron ou menthe ?

Dwain secoua la tête incredule.

- Vous essayez de nous amadouer avec des bonbons ?

- On prendra menthe, dit Gorman

Calix hocha la tête et ferma la porte, et Gorman rembarra Dwain :

- Ils n'essaient pas de nous acheter, ils essaient de nous prouver quelque chose.

- Si ma vie n'avait de sens, il n'y avait aucune raison de ne pas y mettre fin.

Kira agrippa sa main dans la sienne, le coeur brisé.

- Alors tu y as mis fin ?

- Alors je lui ai donné un sens.

Elle ne savait pas quoi penser, ni si elle était capable de trancher dans un sens ou dans l'autre. Nul besoin de lien biologique pour fonder une famille ; toutes les relations familiales après le Ravage étaient fondées sur l'adoption, et l'amour donné et reçu était véritable. Cependant, aucun de ces parents adoptifs n'avait menti à leurs enfants comme on lui avait menti à elle. Aucun de ces parents adoptifs n'avaient fabriqué des enfants de synthèse ni ne les avaient élevés dans des cylindres de verre.

Aucun de ces parents adoptifs n'avait provoqué la fin du monde.

– Il y en a huit de plus en bas, précisa Samm en retirant son casque pour respirer enfin l’air frais. Et ils sont aussi décharnés que ces deux-là.

– C’est donc ainsi que le docteur Vale obtenait le remède, dit Phan en posant sa main délicatement sur le bras d’un des Partials inconscients. Nous ne savions pas, sinon, jamais nous n’aurions… Samm, Heron, je suis désolé. Si nous avions su qu’il gardait des Partials esclaves, nous aurions… je ne sais pas, mais nous aurions fait quelque chose.

– Plus de mille enfants sont nés ici depuis le Ravage, s’exclama Laura, une femme d’un certain âge devenue chef de la réserve depuis le départ de Vale. Essaies-tu vraiment de dire que nous les aurions laissés mourir ?

Phan pâlit, un exploit impressionnant étant donné sa peau foncée.

– Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, j’essaie juste de…

– Es-tu en train de dire que tu veux qu’on les ramène en bas ? demanda Heron tout en fixant Laura comme s’il s’agissait d’un serpent sur le point de frapper.

Elle portait toujours son casque, et l’émetteur radio donnait à sa voix un ton menaçant, mécanique. Samm s’interposa avant que la situation ne dégénère.

– Je vous ai déjà dit que j’allais moi-même les remplacer. Vous avez besoin du remède, et je le comprends ; alors vous pourrez l’obtenir de moi et avec mon accord. Les esclaves sont libérés et tout le monde est content.

– Jusqu’à ce que tu meures, Samm, asséna Heron.

– Vivants, nous pourrons changer, affirma Mkele. Une nation construite sur l’esclavage peut se racheter. Encore faut-il que nous survivions.

– C’est mal, conclut Tovar.

– Je n’ai jamais dit le contraire, reconnut Mkele. L’ensemble des choix à notre disposition est mauvais. Celui-ci est le moins épouvantable.

– Alors, c’est moi qui dirigerai l’opération consistant à détourner leur attention, annonça Tovar. Je donnerai ma vie pour aider les autres à fuir ; non, je la vendrai aussi cher que possible. Et puis, que diable, après tout, j’ai toujours été meilleur terroriste que sénateur.

Il les regarda les uns après les autres, droit dans les yeux.

– Mais, je vous en conjure, n’abandonnez pas déjà toute idée de bonté. Il doit y avoir une manière de s’en sortir dignement.

Il ferma la bouche puis l’ouvrit à nouveau dans l’idée de poursuivre, se ravisa et secoua la tête. Il tourna les talons, mais déclara cependant avant de sortir de la pièce :

– J’espère que nous la trouverons à temps.

La main de Tovar n’était qu’à quelques centimètres de la poignée lorsque la porte se mit à trembler, vibrant sur ses gonds tandis que quelqu’un tambourinait de l’autre côté.

– Sénateur !

Un jeune homme, pensa Haru, sans doute un soldat. Tovar lança un regard perplexe aux autres hommes du groupe et ouvrit la porte.

– Sénateur Tovar, s’exclama le soldat, manquant de trébucher dans son élan. Le message ! Le message a cessé !

"We did not want to invade, but circumstances forced our hand(...) We are looking for a girl named Kira Walker, sixteen years old, five feet ten inches tall, approximately one hundred eighteen pouts , Indian descent,light-skinned, with jet-black hair, thought she many have cut or dried it to help disguise her identity."

Samm inspira longuement.

- J'ai promis de rester.

- Mais tu ne veux pas rester.

- C'est mon choix.

- Mais pourquoi ? s'écria-t-elle en haussant le ton tandis que ces questions martelaient aussi son cerveau via le lien. Pourquoi es-tu là ? tu veux savoir ce que je me demande ? Eh bien je me demande pourquoi tu es ici ? Tu veux savoir pourquoi je suis restée ? Parce que je veux savoir pourquoi toi tu es resté. Cela fait presque vingt ans que nous nous connaissons, nous avons fait deux guerres ensemble, je t'ai suivi à travers le désert toxique parce que je te faisais confiance, parce que tu es ce qui se rapproche le plus d'un ami pour moi, et maintenant tu vas te laisser mourir en refusant d'agir ?! Ce n'est pas le genre de décision que prend une personne rationnelle. Ta date d'expiration va venir et tu mourras, et...pourquoi ? Tu crois que tu es en train de sauver ces gens, mais en réalité tu leur permets de gagner quoi, huit mois ? Quelques nouveaux-nés seront sauvés, une génération un peu plus nombreuse verra le jour,et puis tu seras mort et ils arrêteront d'avoir des enfants viables et leur génération un peu plus nombreuse grandira sans pouvoir avoir d'enfants, et le monde entier finira par mourir. Le fait de rester ne changera rien. Alors pourquoi ?

- Il n'y aura pas de mariage culturel, déclara Vale. Il n'y aura pas de tous différents, tous égaux. L'avenir, si nous en avons un, sera le théâtre d'un viol culturel d'une ampleur sans précédent. Osez me dire,les yeux dans les yeux,que cela en vaudra la peine, que ce sera acceptable à quelque degré que ce soit.

- Je...

La voix de Kira s'évanouit. Il n'y avait rien à dire.