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Commentaire ajouté par Opi-Pro 2020-01-28T16:40:26+01:00

https://loeildopi.wixsite.com/loeildopi/post/partir-c-est-mourir-un-peu-alexandre-page

Je remercie avant toute chose l’auteur, Alexandre Page pour sa patience à mon égard et sa confiance.

C’est un ouvrage bien particulier que nous allons traiter aujourd’hui, bien loin de ceux vus jusqu’ici. L’auteur du jour nous invite pour un voyage vers une Russie en proie à de grands bouleversements, sous le regard d’Igor Kleinenberg. Un thème intéressant et original, qui peut néanmoins effrayer les lecteurs novices ou, tout du moins, n’ont pas d’accointances particulières avec les romans historiques.

Alors, défi relevé ?

« ‘J’ai dit cela, et regardez où je vous ai tous menés. Bous êtes Russe, Igor Vladimirovitch, dites moi aussi franchement que je vous parle, ai-je été un bon souverain ?’ […] ‘Majesté, vous avez la pensée généreuse et le caractère d’un grand homme. Vous avez conduit votre règne en vous considérant comme comptable du bien de ce monde envers Dieu. Je crois qu’un bon souverain ne peut pas être généreux. Il défend les intérêts des uns contre ceux des autres. Mais vous êtes un grand homme, et c’est plus essentiel. »

L’histoire que nous découvrons nous est conté par Igor Kleinenberg. D’origine estonienne, il débarque au palais impérial en 1910 afin d’enseigner l’allemand aux grandes-duchesses, les filles du Tsar Nicolas II et de son épouse Alexandra Fedorovna Romanova. Au fil des leçons, nous voyons les liens se tisser entre les quatre jeunes femmes (Olga, Tatiana, Maria et Anastasia) et leur professeur.

La première impression qui frappe lorsqu’on se lance dans « Partir, c’est mourir un peu », est celle d’une discussion entre amis. C’est comme si Igor était face à nous, bien installé dans son fauteuil, et qu’il nous racontait sa vie, empli de nostalgie. Au plus proche de la famille impériale, il assiste aux complots, aux mensonges, aux questionnements et aux déchirements. Mais bien au-delà des souverains d’un immense empire, Igor se souvient des moments de joie, des voyages à bord du Standard. Entre les matchs de tennis et les baignades, il nous décrit le quotidien d’une famille normale, trop souvent rappelé à son devoir pour être heureuse. Peu importe ce que nous savons ou non de cette histoire, Igor semble nous dire : « Voici la véritable histoire, comme moi, je l’ai vécu ». Comme un dernier hommage à ses amis, à ceux qui, malgré leurs différences de statut, lui ont toujours fait une place.

« Il n’y a que deux genres de souverains, dit-on, qui s’exposent aux révolutions et aux coups d’Etats : les trop gentils et les trop cruels. Il se trouve toujours des mauvais pour renverser les premiers, et des oppressés pour renverser les seconds. L’indulgence et le pardon, voilà les deux vertus qui causèrent d’abord la perte de Nicolas II. »

Portrait de Nicolas II (1912).

L’auteur nous dresse ici de véritables portraits de toutes les personnes déambulant autour de notre héros. En plus d’Igor, il évoque notamment le précepteur des enfants impériaux Pierre Gilliard d’origine suisse. Les deux enseignants feront un bon bout de chemin ensemble, et tisseront tous les deux de fortes relations avec la famille royale. Cette dernière est composée tout d’abord du tsar Nicolas II. Ayant reçu une éducation traditionnelle, le dernier tsar de Russie aura bien du mal à s’en défaire, malgré sa sagesse et son désir profond d’être juste. C’est un homme que l’on prend vite en affection, tant sa volonté de préserver son peuple est forte.

« Au début de son règne, le tsar avait dit : « Je veux vivre et mourir pour la Russie. Peu m’importe la façon dont je trouverai la mort ». Il avait attaché son honneur à celui de son pays, et ils souffrirent en commun les mêmes épreuves, les mêmes douleurs et une fin aussi brutale, puisque bientôt, notre Russie, elle non plus ne serait plus. »

Vient ensuite l’impératrice Alexandra, venue au monde en tant que « La Princesse Alix » en Allemagne. Cette femme forte verra sa réputation salie en période de guerre, où la germanophobie s’étend comme une épidémie à travers le monde. De plus, elle entretient une amitié forte avec le moine sibérien Raspoutine, ce qui l’a rendra encore plus impopulaire. En effet, le strannik (un pèlerin mystique) Raspoutine était le confident de la reine, et à longtemps était considéré comme celle-ci comme le seul capable d’aider son fils atteint d’hémophilie. Mais il est perçu par ses contemporains comme un charlatan, et aura donc un impact fort sur la descente aux enfers de la dernière famille impériale de Russie.

Les deux filles aînées des souverains sont Olga et Tatiana. Elles brillent toutes les deux tout au long de l’intrigue par leurs courages et leurs déterminations. Bonnes élèves, l’on s’attache vite à ses deux femmes généreuses. Peu importe les épreuves, que ce soit la guerre ou la captivité, elles se montrent les dignes héritières de leurs parents en pensant avant tout au bien des autres. Bien que très timide, la jeune Tatiana force le respect par son zèle et sa force de caractère. Olga, quant à elle, marquera sans aucun doute par sa bonté hors-normes, digne des plus grandes souveraines à travers le monde et les époques.

« Je n’oublierai jamais ce geste d’Olga qui, à Tobolsk, voyant un de ses geôliers se blesser en descendant d’une échelle, s’était portée à son secours pour examiner la blessure comme s’il s’agissait d’un soldat de son cher hôpital. »

Elles sont accompagnées de Maria et Anastasia, les cadettes. La plus inoubliable des deux étant bien sûr cette chère Nastia – surnom affectueux qu’elle permet à Igor d’utiliser. Contrairement à ses sœurs, elle n’a rien – et ça ne l’a dérange pas, au contraire – d’une princesse impériale. Elle est espiègle et insolente, et transmet sans mal autour d’elle sa bonne humeur et son sourire à toutes épreuves. Si Maria paraît plus discrète dans l’ensemble du livre, elle reste nécessaire dans les moments de drame, où sa joie et son amour du jeu rendent le sourire à quiconque la croise sur son chemin.

Enfin, il y a le petit tsarévitch Alexis. Atteint d’hémophilie, le jeune héritier cause bien du souci à sa mère, et rend la présence de Raspoutine encore plus indispensable pour celle-ci.

Les relations qui lient chaque membre de la famille royale sont décrites avec brio. Ils deviennent nos amis, tout comme ils sont ceux d’Igor. Et quand la fin approche, inexorable, quand l’histoire se déroulent sous nos yeux sans que nous ne puisons rien y faire, nous sentons nous aussi, lecteur, notre cœur se briser.

« Nous avions tous eu l’opportunité d’abandonner la famille impériale, mais aucun de nous ne l’avait fait, non à cause de l’assurance d’une issue favorable, mais parce que nous avions la certitude qu’il n’existait nul autre endroit où notre présence aurait eu autant de sens. Quoi de plus doux que de vivre, même le pire, aux côtés d’être aimés auxquels on peut apporter aide et soutien dans les épreuves et qui vous les rendent avec une gratitude infinie ? »

Bien que le sujet soit dense, et peut paraître complexe pour des novices, ce n’est pas du tout le cas. La plume d’Alexandre Page est accessible, et les plus de 700 pages s’écoulent sans problème. Le style est beau, tout en restant accessible et fluide. C’est une prouesse importante, qui souligne que n’importe qui peut lire cet ouvrage. Que l’on soit amateur ou non d’histoire, que l’on aime ou non lire de gros ouvrages, « Partir, c’est mourir un peu » est une expérience à tenter.

Les grandes-duchesses Maria, Olga et Tatiana en 1916.

Les descriptions des lieux aussi sont très agréables. Les détails des bâtiments, des lieux et des événements permettent de donner vie à une véritable fresque de la Russie de l’époque. Les références artistiques et littéraires aussi sont très appréciables tout au long de l’ouvrage (mention spéciale pour « Pécheur d’Islande », un roman de Pierre Loti que j’apprécie beaucoup et que j’ai été ravi de retrouver ici).

« Nous ne sommes que des hommes. Il nous faut affronter les épreuves, mais il est illusoire d’espérer les surmonter sans fléchir »

Ce qui est particulièrement est pertinent dans cette œuvre, c’est de voir comment un événement à un instant T, peut influencer à la fois la vie d’un homme – en particulier Igor – et celle d’un pays. La petite histoire se mélange à la grande, rendant les deux interdépendantes.

L’atmosphère qui se dégage de l’histoire fonctionne à merveille. À mesure que le temps s’écoule, et alors que le lecteur est bercé dans le cocon familial, l’on sent la Russie qui gronde en arrière-plan. Les tragédies, petit à petit, viennent troubler le quotidien de ce grand pays. Attentats, complots et maladies entraînent dans leur sillage le destin de l’empire.

« Leur folie meurtrière – leur seul code de loi – dégoûtait jusqu’à certains révolutionnaires de la première heure. Nous constations chaque jour un peu plus à quel point nous avions eu la chance de servir et de rester fidèle à un « tyran » qui avait dit « personne ne mérite la mort ». Nous savions encore un peu plus pourquoi nous étions là, aux confins de l’Oural, dans le danger et la misère. Nous suivions, au milieu de l’anarchie sanglante et des ténèbres obscurantistes, la seule petite lumière qu’offrait encore la Russie, et les derniers hommes et les dernières femmes d’honneur qui n’avaient pas quitté le pays. »

Les dénouements de l’histoire ne sont pas une surprise pour quiconque connaissait déjà l’histoire de cette famille – comme ce fut mon cas. Mais vivre ces derniers moments aux côtés d’Igor apporte un vrai plus. L’émotion peut paraître un peu contenu, mais nul doute que derrière les mots du professeur d’allemand, derrière les souvenirs de celui qui accompagna la famille du tsar jusqu’au bout, se cache un chagrin indescriptible.

C’est donc un grand oui pour ce roman incroyable que nous offre Alexandre Page. A la fois instructif et accessible, il permet à quiconque est un peu curieux d’apprendre à connaître ce moment bouleversant de l’histoire de la Russie. De plus, il fait naître l’envie de se renseigner encore plus, d’aller plus loin pour approfondir ses connaissances. C’est un ouvrage d’une grande qualité, d’une richesse incroyable et même important, qui rappelle avec beaucoup d’émotion que derrière chaque institution, chaque événement, il y a des hommes et des femmes de courage qui tentent d’écrire la meilleure version de l’Histoire.

« Lorsque les mensonges auront été dissipés, que les impostures auront été démasquées, que le chagrin aura passé, l’humanité se souviendra. »

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