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Un rapport particulier s’installe entre nous. Ce ne sont pas nos conjoints, ce n’est pas notre famille, ce ne sont pas nos amis, on ne les a pas choisis mais ils nous sont indispensables.
Afficher en entierAlain, un tétra très cultivé d’une soixantaine d’années, surnomme nos infirmières « les femmes aux mille verges ». Il est vrai que, dans une carrière de plusieurs années à notre étage, une infirmière en aura vu des vertes et des pas dures…
Afficher en entierIl y a aussi les infirmières de jour, Élisabeth, Carole, Nadine, Josy… Tout d’abord, soyons clairs, ce n’est pas pour les offenser, d’autant que certaines sont très jolies, mais quand tu passes plusieurs mois en milieu hospitalier, le mythe de l’infirmière, tu en reviens très vite.
Afficher en entierElle est marrante aussi, cette phrase réflexe : « Ne bouge pas. » Dans notre situation, elle est complètement inappropriée, mais on se la sort quand même à tout bout de champ.
C’est comme quand tu dis à un aveugle : « On se voit demain. »
Afficher en entierEt tout le monde crie bien fort qu’un handicapé est d’abord un être humain.
Alors pourquoi tant d’embarras face à un mec en fauteuil roulant,
Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement,
C’est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas,
Certains savent comme moi qu’y a des regards qu’on oublie pas.
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[...] Apparemment, en kiné, il ne montre pas beaucoup de motivation. Il y a des jours ou il n'y va même pas.
Dans ces moments-là, j'essaie de le bousculer un peu. Je lui rappelle que, dans notre cas, c'est surtout au cours de la première année qu'on peut espérer récupérer et que, passé deux ans, on a plus aucune chance de retrouver de la mobilité. J'essaie de le convaincre que s'il ne se bat pas maintenant, il est mort, qu'il aura tout le reste de sa vie pour déprimer mais que, la première année, c'est celle du combat.
Tous les médecins, tous les kinés nous mettent en garde: c'est une course contre la montre, " les prochains mois décideront du reste de votre vie".
Il me dit que j'ai raison, mais je vois bien que ça ne va pas changer grand-chose.
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Toussaint nous dit qu'il n'espère plus remarcher, que son seul souhait désormais est de retrouver de l'autonomie pour tout ce qui concerne le fait d'aller aux toilettes. Il se demande bien ou il va vivre,comment, avec qui...Il n'a pas la moindre idée d'ou il sera dans un an. Il nous dit qu'il a déjà abandonné l'idée d'avoir un jour un enfant, qu'il ne supporterait pas de ne pouvoir lui donner son biberon, de ne pouvoir l'habiller et l'accompagner à l'école, de ne pouvoir jour au foot avec lui. Il ne peut accepter l'idée qu'à l'age de deux ou trois ans son enfant soit capable de faire beaucoup plus de choses que lui, et que ce ne soit déjà plus à lui de s'occuper de son enfant, mais à son enfant de s'occuper de lui.
Afficher en entierAlain, un tétra très cultivé d'une soixantaine d'années, surnomme nos infirmières "les femmes aux mille verges". Il est vrai que, dans une carrière de plusieurs années à notre étage, une infirmière en aura vu des vertes et des pas dures...
Afficher en entierPersonne d'autre ne sait mieux que moi aujourd'hui qu'une catastrophe n'arrive pas qu'aux autres, que la vie distribue ses drames sans regarder qui les mérite le plus.
Afficher en entierLes cinq sens des handicapés sont touchés mais c'est un sixième qui les délivre, Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction,
Ce sixième sens qui apparait, c'est simplement l'envie de vivre.
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