Patron ou amant ?

— Bon après-midi. Ravie de vous rencontrer…

Souriante, Lily distribuait les propositions commerciales et indiquait à chaque client sa place. Zachary, à son côté, échangeait quelques paroles de bienvenue avec chacun, mais il était distrait.Son esprit ne cessait de revenir à cet instant électrique pendant lequel ses doigts avaient touché ceux de Lily. Autant l’admettre, cette femme l’attirait. Elle lui avait même plu au premier regard. Malgré lui, il détailla la silhouette aux formes pleines et fermes, les hanches magnifiques, la taille fine, les longues jambes. Elle sentait bon le muguet. Etait-ce son parfum habituel ? Il aurait aimé enfouir son visage dans son cou, respirer à pleins poumons cette fragrance si délicate et entêtante à la fois. Comment réagirait-elle à un baiser? Avec passion? Stupeur? Il brûlait d’envie d’essayer…

— Wallace. Bienvenue. Prenez place, je vous prie, dit-il en tendant le bras vers la grande table ovale dressée pour le repas.

Le dernier client arrivait : un gros bonhomme essoufflé.

— Ah, Hardy. Soyez le bienvenu…

— Vous croyez ? dit le dénommé Hardy en échangeant une vigoureuse poignée de main. Nous verrons bien lorsque j’aurai lu la proposition que vous avez concoctée. J’espère que vous allez m’impressionner, autrement vous pouvez dire adieu à la vente ! Je ne suis pas du tout décidé, voyez-vous.

— Nous respecterons votre décision, quelle qu’elle soit.Hardy haussa les épaules avec un grognement maussade.

Ils savaient, l’un comme l’autre, que l’épouse du bonhomme avait ruiné l’entreprise dont il lui avait fait cadeau, quelques années auparavant.

— Le monde de la mode bouge sans cesse. Un renversement de tendance peut s’opérer n’importe quand.

— En effet, tout est possible.Hardy remarqua alors Lily, et son visage rougeaud prit une expression intéressée.

— Et qui est donc cette beauté ?« Bas les pattes ! » rugit intérieurement Zachary. Il s’éclaircit la gorge.

— Hardy, je vous présente mon assistante, Lily Kellaway, annonça-t-il, le regard luisant d’un éclat menaçant. Lily, voici Andrew Hardy.

Hardy ouvrit de grands yeux et hocha la tête. Avec un sourire dénué de chaleur, la jeune femme lui tendit brusquement un feuillet.

— Ravie de vous rencontrer, monsieur Hardy. J’espère que vous apprécierez la réunion d’aujourd’hui.

Zachary eut du mal à retenir un sourire narquois.