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Pris d’une impulsion qu’il ne s’expliqua même pas, mais qu’il devait amèrement regretter par la suite, Aidan s’avança vers lui. Le bruit de l’eau couvrit ses pas, et lorsque Wade releva la tête pour se regarder dans le miroir au dessus du lavabo, il eut un léger sursaut, suivi d’un froncement de sourcils, en découvrant dans ledit miroir le reflet du nouveau venu.
— Tu m’as foutu la trouille, mon gars, dit-il, sans paraître reconnaître son souffre-douleur d’antan. Je ne t’avais pas entendu entrer.
Aidan le fixa quelques instants, avec une fascination mêlée de répulsion. La créature qui lui faisait face était venimeuse, elle l’avait prouvé jadis, et ce, dans ce même endroit.
Sa bouche s’ouvrit, mais aucun son n’en sortit.
Wade leva un sourcil interrogateur.
— Tu voulais me parler, peut-être ? On se connaît ?
Toute intention d’avoir une conversation civilisée à propos du passé déserta brusquement Aidan. La haine qui l’envahit à cet instant était de celles qui poussent les hommes et les femmes aux pires extrémités.
— Tu ne me reconnais pas ? s’enquit-il d’une voix nouée.
Son vis-à-vis parut sentir la tension ambiante, car il se redressa, cessa de fixer son reflet et se retourna pour lui faire face. Il s’adossa nonchalamment au lavabo, croisa les bras, et avec un sourire moqueur, riposta :
— Pourquoi ? Je devrais ?
Aidan s’avança vers lui, poings serrés.
— Non, pas du tout, siffla-t-il entre ses dents. Je suis juste le type qui t’a servi de punching-ball pendant notre scolarité.
Il se rapprocha encore, et les deux hommes n’étaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre lorsqu’il ajouta, la voix rauque d’une émotion que lui-même aurait été bien en peine d’identifier :
— Je suis juste le type que tu as violé ici même !
Le sourire moqueur s’accentua, tandis qu’une étrange lueur traversait le regard gris-bleu de Wade.
— Bon sang ! s’exclama-t-il. Double foyer ! Et bien ça alors, je ne t’aurais pas reconnu ! Tu as sacrément changé…
Et ses yeux évaluèrent le jeune homme de la tête aux pieds, le déshabillant littéralement. Face à cette attitude provocante, Aidan trembla de colère. Il se rua sur l’autre, le saisit par le col de son tee-shirt, et le plaqua brusquement contre le mur. Un grognement de douleur échappa à Wade.
— Hé, du calme ! Tu as pété un câble, ou quoi ?!
Aidan ramena doucement sa bouche contre son oreille, tout comme l’avait fait Mimsy quelques instants plus tôt.
— Tu sais depuis combien de temps je rêve de ce moment, Wade ?! susurra-t-il. Depuis une éternité ! Crois-moi, l’heure est venue de payer l’addition !
Afficher en entierJe t’aimais, Aidan. C’est ça, la vérité. Je t’aimais au point d’en perdre la tête.
Afficher en entierIls se dévisagèrent en silence, aussi têtus et obstinés l’un que l’autre, incapables de céder le moindre pouce de terrain.
Prisonniers de leur orgueil.
Prisonniers de leur passé…
Afficher en entier- C'est ta manière de te venger, c'est ça... m'humilier en me payant grassement et en me faisant sentir à quel point je suis une merde ?
Afficher en entier- Je me demandais juste comment deux personnes peuvent arriver à se faire autant de mal... Il est évident qu'il y avait à la base une certaine attirance entre vous deux... et vous vous êtes admirablement débrouillés pour tout foutre en l'air, je dois bien l'admettre !
Afficher en entierNon, la vérité était simple : il n'avait jamais vraiment réussi à gérer le traumatisme vécu dans ce vestiaire, il l'avait juste enfoui en lui, et celui-ci avait fini par jaillir tel un diable hors de sa boîte.
Afficher en entier- Regarde-toi ! Tu es déjà là-bas... Je me demande dans quelle mesure ce qui te lie à lui est de la haine... ou bien de l'amour ?
Afficher en entier"Aidan ne répondit pas, préférant lui laisser croire qu'il se trouvait déjà dans les bras de Morphée.
Mais la détresse le submergea aussitôt. Ces trois petits mots, qu'il avait tellement espéré entendre, avaient été prononcés à l'imparfait. Et il songea avec amertume que ce temps de conjugaison si français méritait bien son nom..."
Afficher en entier— Je vais te dire un secret, double foyer, murmura ce dernier d’un ton presque amical, comme s’il discutait avec un copain de toujours. Je te déteste. En fait… je hais tout de toi.
Les yeux exorbités, les pupilles dilatées, Aidan ne put que le fixer, impuissant, et attendre la suite de ce monologue rempli de fiel.
— Je hais ton intelligence, je hais le fait que tout te tombe rôti dans le bec, que les meilleures universités soient prêtes à ouvrir leurs bourses et à se battre pour t’avoir, et par-dessus tout… je hais l’effet que tu as sur moi.
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