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Lundi 4 août 1969
— Je vous ai avertis, Abe, je vous ai avertis, dit
Delia, mais vous avez eu, Carmine et toi, une attitude typiquement masculine… Vous n’écoutez pas les femmes, bien sûr que non !
Ils étaient au Malvolio, où ils attendaient leur déjeuner, et Abe avait mal choisi son moment : il avait estimé que la tenue de Delia – mousseline jaune moutarde et rose corail – était relativement neutre et indiquait que sa collègue, aujourd’hui, s’ennuyait un peu. Mais sa réaction à la nouvelle qu’il lui annonça démontra l’inverse : Abe soupira intérieurement et rouvrit, dans son esprit, le dossier intitulé DELIA CASTAIRS.
— Il a fallu celui-ci pour me convaincre, dit-il sur un ton ferme. Avant, les preuves étaient insuffisantes.
— Pas de preuves, et pas de cran non plus, ditelle, dégoûtée.
— Je ne vois pas pourquoi tu fais tout ce foin.
— Minnie apporte nos omelettes, dit-elle d’une voix sèche de maîtresse d’école, et je propose de manger avant de discuter.
Et voilà ! Delia avait faim, tout bêtement ! Soumis,
Abe mangea. Le cuisinier engagé par Luigi pour l’été préparait de formidables omelettes western et
Delia ne s’en était pas encore lassée.
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