Une tasse de thé entre les mains, je regardai par la fenêtre. Le ciel était orageux et je soupirai lourdement. Je vis la pluie crépiter contre le verre. Quand j'entendis des pas approcher, je me retournai. Mon sourire accueillant se transforma en froncement de sourcils quand je vis Kim avancer en chancelant, le pas incertain.

J'AI TOUT VU!
Berlingot la momie à enlevé Kokokoko et tous les autres chats du quartier. Pour les libérer, vous devrez jouer à un jeu horrible qui vous conduira à sa pyramide.

-Mon rêve a changé, répondit-elle brusquement. Tout à l'heure, je me suis endormie à mon bureau et... quelque chose était différent. En pire. Si vous me rendez mes souvenirs, je pourrai probablement vous expliquer.
Comment pouvait-elle dire une chose pareille? La situation était de plus en plus hallucinante.
Il lui semblait qu'il existait deux moitiés de Caldwell, la première offerte aux yeux de tous et la seconde cachée. Ces moments passés avec lui la poussaient à enjamber cette frontière, une séparation qu'elle n'était même pas censée connaître.
-Vous ne pouvez rien pour moi, dit-il en secouant la tête et en la dévorant des yeux. Laissez tomber. Si vous vous mêlez de tout ça, vous ne vous en sortirez pas.

Depuis qu'ils avaient atterri, tous les villageois en haillons qui se trouvaient à proximité s'étaient prosternés à leurs pieds, leurs visages collés au sol et leurs paumes jointes en une position de supplication qui dérangea profondément Titus.
Il gouvernait d'une main de fer, mais il n'avait jamais cherché à émasculer ou à humilier qui que ce soit, car ces gens étaient des mères et des pères, des Anciens et des guérisseurs avec leur fierté et leur dignité. Ceux qui étaient couchés devant lui, cependant, n'étaient pas comme son peuple... même s'ils dépendaient de lui désormais.
Charisemnon, se rappela-t-il, avait réussi à convaincre ses sujets qu'en prenant leurs jeunes filles dans son lit, il leur faisait un grand honneur. Que cela n'avait rien d'une perversion. Ce souvenir révulsa Titus et sa voix fut dure lorsqu'il leur cria :
-Relevez-vous! Je souhaite m'adresser à vos visages, pas à vos culs!

Le triomphe des riches n'avait point empêché la destruction d'une grande partie de la ville. Chaque nuit, d'implacables incendies rougeoyaient ne laissant qu'un chaos de ruines. Les squelettes carbonisés des arbres, les colonnes tordues des lampadaires s'enfonçaient en des perspectives de suie, en de grimaçants horizons de cendre et de plâtras, coupés de décombrales barricades, selon le pluvieux silence de l'hiver, en un pantelant qui-vive d'explosions et de meurtres.

Coz regarda attentivement Leyla. Elle croisa son regard et ne détourna pas les yeux. Ils paraissaient prisonniers du pouvoir d'une énergie invisible. Alors, Leyla brisa finalement le charme , ferma les yeux et Coz se retrouva froid et vide.
Que lui était-il donc arrivé? Soit ce gin était beaucoup plus fort qu'un gin normal, soit il avait perdu la tête. Elle était une cible, une donneuse, rien de plus.
Soudain, il se leva et partit aux toilettes. Il avait besoin de se répandre de l'eau froide sur le visage et de se remettre de ses émotions, où il foutrait complètement cette mission en l'air.
Alors qu'il contemplait la silhouette de son reflet flou, il secoua la tête et réfléchit plus clairement.
C'était la bonne. Elle serait sa captive et il la remmènerait au domaine pour qu'elle soit la prochaine donneuse. Il était obligé de le faire. Ils lui faisaient confiance.
Derrière la porte fragile, Coz entendit une volée d'applaudissements enthousiastes.
Il inspira profondément.
Il était temps qu'il capture sa proie.

Dahlia se concentra à nouveau sur la lecture des notes. Les nouvelles règles la remplirent d'un dédain et d'une tension croissants. La première note répétait que le métissage était interdit, comme s'ils avaient besoin qu'on le leur rappelle alors que l'on ne disait que ça aux citoyens des cinq royaumes depuis le début des temps. La deuxième note parlait de la discussion des sujets relatifs à l'Assemblée des Sorcières ou au Conseil avec les étrangers. Une fois de plus, on entendait ça à chaque réunion. Ensuite, la lecture devint intéressante et Dahlia sentit ses yeux s'écarquiller, incrédule :
3.Les Sorcières ne devront en aucune circonstance nouer de relations avec des membres des quatre autres royaumes. Cela inclut les relations personnelles, d'affaires et les liens sentimentaux. Si la situation professionnelle d'une Sorcière pose problème de ce point de vue, sa situation sera évaluée par le Conseil et jugée sur un plan personnel.
4.Les Sorcières qui ont des relations amoureuses ou personnelles avec des membres des quatre royaumes existants doivent y mettre fin sur-le-champ. Cela inclut les dragons, les lycanthropes, les fées et les vampires. Tout ceux qui n'excluent pas rapidement ces êtres-là de leur vie personnelle seront punis pour trahison. Cela ne s'applique pas aux relations avec les mortels.
Face à l'absurdité de cette règle, Dahlia eut le souffle coupé. Comment donc comptaient-ils l'appliquer?

[...] Donc, je vous propose un marché. Oui, j'ai effectivement Kat... Ne vous inquiétez pas pour elle. Elle est en sécurité, heureuse, et en train de jouer. Elle va parfaitement bien. Et elle peut continuer d'aller bien ici sous ma garde, sans jamais manquer de rien dans sa vie.
-Qu'est-ce que vous dites? demandai-je
-Je dis que si Justine accepte de m'épouser, alors elle peut récupérer Kat.
-Et sinon?
-Eh bien, quoi qu'il en soit l'enfant est à présent sous ma responsabilité, dit-il.
-Allez dire ça à la police, enfoiré! cria Justine en se ruant sur lui.
Je l'attrapai par les bras, pour la retenir. Il était peut-être plus vieux, il n'était peut-être pas en forme, mais cet homme était tout de même un métamorphe.
Rogers émit un petit rire.
-Chérie, je suis riche comme Crésus. Vous ne pensez pas que j'ai la police dans ma poche?
Il ne m'en fallut pas plus. Je retirai mes chaussures, déchirai ma chemise, et défis les boutons de mon jean tout en me transformant, ma métamorphose s'occupant de débarrasser mon corps du reste de mes vêtements.
Je rugis en me jetant sur lui, lançant mes griffes dans sa direction dans un large mouvement.
Il se contenta de rire.

J'ai dédié ce livre à plusieurs personnes qui m'ont appris le métier de gestionnaire, par leur exemple positif. L'imitation est un mode important d'apprentissage, le plus important sans doute dans l'expérience humaine. De même que le jeune enfant a le désir et le modèle de la marche en voyant les adultes marcher autour de lui, de même le nouveau gestionnaire prendra ses exemples dans le milieu qui l'entoure. Mais, dans la réalité, il n'y a pas que les exemples positifs qui puissent nous entraîner. Le jeune enfant ne saura pas distinguer exemples positifs et exemples négatifs, il aura simplement tendance à s'ajuster aux comportements qu'il voit, sans les juger. En revanche, le jeune gestionnaire arrive en contexte de travail déjà lourd de modèles de ses vies antérieures, celle où il était élève, celle où il était étudiant, celle où il était professionnel. Ces vies lui ont laissé des exemples de comportements qu'il juge positifs ou négatifs et il peut donc se laisser guider par de bons modèles, mais aussi vouloir prendre le contre-pied de mauvais modèles dont on peut dès lors dire qu'ils lui ont appris quelque chose.

« Je me frottais aux pavés crasseux, cassé en deux, pour y   nettoyer  un coin chiffonné de ma mémoire, et je donnais des noms nouveaux à toutes les choses que je voyais. Ce vice, je l’aimais comme le plus faible des animaux, l’éternelle victime  ; le souffle dans l’air qui porte les parfums. Nous étions plusieurs à marcher en ce temps-là ; il le fallait bien. Sinon c’était l’oubli. Et puis c’est vraiment trop triste, qu’on vous appelle et de n’y être pas pour dire  : « je suis là. » Il fallait aller à sa rencontre pour un dernier regard : « tu vois, je suis venu. »

Je parvins à me glisser dans l'eau et je plongeai, mouillant mes cheveux dans l'eau chaude, avant qu'elle me voit.
-Néo? demanda Jessica alors que je remontai à l'air libre, repoussant mes cheveux sur le côté pour enlever l'eau de mon visage.
-Je ne voulais te prendre par surprise, dis-je. Je t'ai vu nager, et cela m'a semblé être une bonne idée.
-Tu ne t'es pas dit que je nageais peut-être ici toute seule, dans le noir, pour une raison? demanda-t-elle, bien que son ton fasse disparaître toute trace de sérieux dans sa question.
-Non, avouai-je. Tu avais l'air d'avoir besoin de compagnie.
-On dirait que TU as décidé que j'avais besoin de compagnie, dit-elle, en riant.
C'était bon signe.
-Il faut toujours avoir quelqu'un avec soi au cas où on se mette à se noyer, dis-je avec sagesse.
-Heureusement que j'ai pied ici, dit-elle, ses jambes se tendant pour atteindre le sable dans l'eau claire de la pointe des pieds tandis que sa tête s'enfonçait un peu dans l'eau.
Je posais mes pieds sur le sable doux et humide, à plat, et m'élevai hors de l'eau d'un centimètre ou deux.
-Non, rectifiai-je. Moi, j'ai pied. Toi, tu patauges simplement.
-Je peux prendre soin de moi toute seule, dit-elle, son visage souriant éclairé par la lueur de la lune. Je suis une bonne nageuse.
Je dessinai un arc avec mon pied, mes orteils atteignant les siens et les fauchant d'en dessous elle. Elle glissa en arrière, ses bras s'agitant dans tous les sens, et je tendis le bras pour la rattraper, l'attirant vers moi.
-Ah oui? demandai-je. Il se peut que je vienne de te sauver la vie, mademoiselle la bonne nageuse.
Elle m'éclaboussa un peu en riant.
-C'était un coup déloyal.
-Ce n'est pas déloyal si tu tombes et que je te rattrape.

-L'armée travaille actuellement à habiliter un spécialiste, continua-t-elle. Quelqu'un qui peut travailler avec la chimpazée pour obtenir l'information. Mon rôle est de vous escorter jusqu'à la chimpanzée et de vous fournir un lieu pour être avec elle jusqu'à ce que l'habilitation soit effective. Et donc, bienvenue au Domaine Merriweather.
Elle fit un geste en direction de la fenêtre de la voiture. Alors que je jetai un coup d'oeil dehors, je dus marquer un temps d'arrêt devant les imposantes dimensions du bâtiment que je regardais. Il semblait faire la taille d'un terrain de football, fièrement édifié dans de la brique beige. Il avait l'air aussi vieux que le pays et semblait avoir toujours conservé sa valeur.
Mme Merriweather ne plaisantait pas lorsqu'elle disait que sa famille avait de l'argent.
Et à présent nous étions sur le point de protéger une chimpanzée pourrie gâtée dans tout ce luxe.

« Depuis toujours, son balcon était un refuge, un peu sa pièce à vivre. Il y conviait souvent sa famille, ses amis, pour lire et discuter, regarder les fleurs, les dessiner et s’enivrer. Il n’y a pas si longtemps, celui-ci était encore verdoyant. Des scientifiques étaient même venus prélever des spécimens pour les observer de près. C’était extraordinaire, vraiment : les plantes grasses de mon grand-père avaient envahi les deux immeubles – en treize jours seulement – et on ne pouvait rien y faire. […] La végétation parisienne avait disparu depuis presque dix ans déjà et un vrai miracle s’était produit, là, chez moi. »

Mais je m'étais préparée pour les gros durs.

En tout cas, j'y étais habituellement préparée. Lorsque je n'étais pas distraite par l'homme incroyablement torride et insubordonné qui m'observait dans le coin. J'avais essayé tout l'apres-midi de ne pas penser à lui, mais c'était pour le moins difficile. C'était comme si je pouvais sentir son sex-appeal qui irradiait de lui. Et de savoir qu'il était là pour moi, pour me maintenir en sécurité, et donc qu'il gardait ses yeux hypnotisants sur moi, ne faisait que provoquer dans mon esprit toutes les pensées salaces imaginables.

Ce qui rendait compliqué de me concentrer sur la réunion.

Je voulais découper Hugh en pièces. Je le lui devais pour Mauro, mon épée brisée, et les sept jours dans le trou. Mais Curran le lui devait pour m'avoir vue disparaître, pour avoir découvert où j'étais, pour avoir traversé la moitié du pays sans savoir si j'étais encore en vie, puis pour s'être frayé un chemin dans Mishmar seulement pour me trouver à moitié morte. Curran avait plus de comptes à régler que moi.

Debout à l'entrée d'un restaurant de la Cité souterraine, Raini se sentait très partagée. Elle hésitait entre ne pas prêter attention à la manière dont l'hôtesse d'accueil matait Maddox et se montrer au-dessus de ces basses préoccupations, ou bien obéir à sa démone qui la poussait à mettre le feu aux chaussures de la garce.
Ça serait une bonne manière de prévenir la fille de faire attention à l'avenir de ne pas reluquer le mec d'une cliente, une leçon de vie non sans importance. Ce serait certes un tantinet inamical de sa part mais pas très grave puisque les brûlures et les cloques guériraient en moins d'une heure et ne laisseraient aucune cicatrice permanente. Cette hôtesse y réfléchirait dorénavant à deux fois avant de refaire la même erreur. Ce serait pour le mieux, non? Ce serait même un grand service à lui rendre.

-Félicitations, dit Howard en tapotant Rajiv sur le dos. Ton village est en sécurité et la guerre est terminée.
- Elle ne l'est pas, gronda Russell. Elle ne le sera pas tant que nous n'aurons pas ramené Jia.
-Tu as raison.
Howard lui jeta un regard inquiet.
-Nous la récupérerons. J'irai avec toi.
Russell poussa un petit grognement.
-Tu ne peux pas m'accompagner. Ta femme est enceinte. Tu ne peux pas courir ce risque.
-Nous irons tous avec toi, mon gars, dit tranquillement Angus.
Howard lui donna un coup de poing sur l'épaule.
-Tu vois ce que je t'ai dit depuis le début? Tu n'es pas seul, Russell. Tu ne l'as jamais été.
Les larmes qui avaient menacé de s'écouler sur le visage de Russell le firent enfin.

-Il est vivant.
-Mon Dieu, quel soulagement! Il a sans doute apporté une réserve de sang. Ah, la voilà.
Howard éclaira un contenant de sang en plastique avec sa torche électrique. Il avait été ouvert avant d'être mis de côté, et le sang s'en était échappé pour former une petite mare.
-C'est mystérieux. Pourquoi ne l'a-t-il pas bu?
- Je pense qu'il l'a fait, dit Jimmy en éclairant une autre mare avec sa torche électrique. On dirait qu'il l'a dégobillé.
-Hein? fit Howard en regardant de plus près. Ça n'a aucun sens.

-Il y a encore un problème par ici.
-Ouais, acquiesça Jesse. Il n'y a pas de filles. Je veux dire, j'ai vu quelques femmes plus âgées par ici, mais elles sont toutes enceintes.
Jimmy hocha la tête.
-Nous avons donc imaginé que cela signifiait qu'elles étaient déjà prises.
Howard poussa un petit grognement.
-Brillante déduction.

-Fais attention à ce que tu me dis. Tu n'as pas intérêt à me défier. Ne m'oblige pas à te faire honte devant tout le monde.
-Me faire honte?
-Cela ne me gênerait pas du tout de te défier, là tout de suite.
Havana esquissa un sourire et son diable en aurait eu un très sadique s'il l'avait pu.
-Quelle coïncidence! C'est pareil pour moi.

[...]

-Il vaudrait peut-être mieux qu'il le fasse, Ella, intervint Luke. Ashlynn est une vraie bagarreuse et ...
Havana repoussa violemment Ashlynn et l'envoya valdinguer. Ashlynn heurta le mur de briques, faisant tomber des articles de sport qui y étaient accrochés.
Tout le monde s'immobilisa, y compris le chat de Tate, car Havana avait fait cela d'un seul coup et sans que cela ne nécessite d'effort herculéen de sa part. Elle avait fait une belle démonstration de sa force naturelle et agi avec une telle rapidité que Tate en demeura sidéré. C'était une chose de savoir que les diables étaient extraordinairement forts mais une toute autre de les voir à l'oeuvre.

- Ma grand-mère pense que les liens d'imprégnation sont plus spéciaux que ceux qui unissent les âmes soeurs parce que les conjoints se choisissent. Ce n'est pas le destin qui les unit. La décision leur appartient. Dans un couple imprégné, les conjoints comptent plus l'un pour l'autre que leur âme soeur.
- Oui, c'est très spécial, convint Alex.
-Riley m'a dit une fois que, même si les corbeaux croient au destin, ils ne pensent pas que l'avenir d'une personne soit nécessairement lié à son âme soeur. Ils croient plutôt que lorsqu'un métamorphe tombé amoureux il doit suivre son coeur. Je suis entièrement d'accord. Je n'ai jamais cru que j'allais faire ma vie avec Paxton.
Enroulant un bras autour de Bree, Alex l'attira à lui.
-Super! Parce que tu n'es pas sienne et tu ne le seras jamais, déclara-t-il avant de l'embrasser longuement. Allez, dors maintenant. Ce ne sera pas bien long avant que je te réveille pour te baiser de nouveau.
- Je ne m'en plains pas.

-Tu lui as mis un couteau sous la gorge, Casey, lui rappela son compagnon. Un couteau, merde! Il ne s'est même pas défendu. Il n'a pas cherché à se venger. C'est Dahlia qui l'a fait. Il devait savoir que tu lui prendrais le couteau des mains.
Casey sentit ses traits se durcir.
-Tu penses qu'il voulait que je lui mette ce couteau sous la gorge? Sérieusement? J'essaie de garder l'esprit ouvert à tes idées, mais je n'arrive pas à y adhérer. Non, je ne vois pas.
-Penses-y un peu, bébé. Ignacio est célèbre pour son sadisme mais il ne t'a jamais fait de mal, même pas pour envoyer un message à Miles. Il ne t'a jamais punie malgré tout ce que tu lui as dit ou fait. Je me suis longtemps demandé pourquoi.
-Il n'a jamais levé la main sur moi parce que les visons auraient anéanti sa troupe.
- Je pense que ça l'arrangeait que tu croies cela. Mais je doute que ce soit la raison pour laquelle il ne t'a jamais fait de mal. Il aurait pu le faire indirectement sans que personne ne se doute jamais qu'il était l'instigateur de tes malheurs.

Je pensai à lui, aux multiples occasions où il avait risqué sa vie depuis que je l'avais rencontré. L'image qui m'était venue à l'esprit quand j'avais évoqué le souvenir de ma caravane en flammes, celle de son corps couvert de brûlures, ne m'avait pas quittée. Il m'avait crue prise au piège de cet enfer et n'avait pas hésité à y plonger pour me sauver. Il avait failli mourir pour moi. Pourtant, les loups-garous sont difficiles à tuer.
Je devais croire en cet homme-là, me dire que certains éléments de contexte m'échappaient et m'empêchaient de comprendre pourquoi il avait pris ses distances avec moi. S'il n'avait pas tout simplement cessé de m'aimer.
Je lui avais à peine accordé un coup d'oeil lorsqu'il m'avait rejointe. Je ne lui avais même pas expliqué ce qui s'était passé. Le fait qu'il ne m'ait posé aucune question en disait long sur la détérioration de notre relation. Comment en étions-nous arrivés là? Pourquoi n'avais-je pas réagi avant? Car il faut être deux pour communiquer. J'étais aussi responsable que lui de la situation.

Syn s'écarta et se mit à marcher, les mains sur les hanches, la tête baissée, le coeur battant. Il n'aille pas loin. Ses bottes heurtèrent quelque chose. Un torse plié en arrière, dont les membres bougeaient au ralenti, comme un robot télécommandé dont les piles seraient presque à plat.
Du coin de l'oeil, il se rendait compte que tout le monde le scrutait, et il savait quelles questions on se posait. Dommage, putain ! Les seules qui lui importaient venaient de Jo, et il n'avait pas de bonne réponse pour elle.
Le bras du tueur à ses pieds se retourna tout seul, et il observa la main trempée de sang noir griffer en vain ses bottes.
N'ayant plus rien à perdre, et Jo ayant déjà vu le pire, il dégaina une de ses dagues d'acier, la lança en l'air avant de rattraper le manche dans sa paume. Tenant la pointe acérée vers le bas, il la leva au-dessus de son épaule tout en mettant un genou à terre pour poignarder...
Rhage lui saisit le poignet.
-Non. On attend Butch.

-Sers-toi de moi de toutes les façons que tu le souhaites, dit cette Flèche qui était à elle.
La puissance de ses mots coupa le souffle de Selenka. Même si la Destinée, cette garce, se riait d'elle en la liant à un compagnon qui était un inconnu, elle le lui avait aussi envoyé au moment le plus difficile de sa vie.
Ses loups les regardèrent avec insistance quand elle apparut avec Ethan à son côté, mais personne ne le défia, il était avec leur chef. C'était suffisant pour tous les membres de sa meute, sauf son père. Ceux qui décelèrent le lien olfactif qui révélait leur statut de couple uni lui décochèrent des regards désorientés et stupéfaits, mais eux aussi étaient trop accablés de chagrin pour commenter le fait qu'elle était apparue avec un compagnon alors qu'elle avait quitté la tanière ce matin-là sans même avoir d'amant.

-Nous n'avons pas réussi, répondit Kadan. Nous avons visité deux camps dans lesquels il est censé avoir été retenu, mais chaque fois, nous sommes arrivés trop tard. Le dernier était sens dessus dessous, comme si une bataille avait eu lieu. Nous avons trouvé des corps, et beaucoup de sang, mais aucune trace d'Ekabela ni de Jack.
-Et Briony Jenkins? Est-ce qu'il est possible de la contacter?
-Nous devons découvrir un moyen de procéder à l'extraction de Jack. Si nous avertissant Briony...
-Alors, vous allez vous servir d'elle, cracha Flamme en relevant brusquement la tête, les yeux étincelant de colère. C'est ce que nous représentons pour toi, Kadan? Elle se réduit à ça? À un appât qui te permettra de récupérer ton Ghostwalker?
Lorsque Gator lui posa la main sur le bras afin de l'analyser, elle le repoussa. Elle jeta un regard noir à Kadan, situé à l'autre bout de la table.