Extraits

Il me conduit dans une pièce sombre dans laquelle sont fermés tous les volets.

Une fois à l’intérieur, il m’ordonne :

« Ferme la porte !

– Jeremy…

– Bon sang ! Ferme la porte ! »

J’obéis. Mon cœur tambourine contre ma poitrine.

Je me retourne vers lui. Il est installé dans un fauteuil massif situé devant un rideau à motifs. Le dossier de son siège s’étend vers le plafond, évoquant ainsi un trône d’acier.

Il m’observe de cet endroit duquel il semble exercer une sorte de pouvoir. Sa présence ; le fauteuil ; l’obscurité ambiante : tous ces éléments me font soudainement me sentir minuscule.

Plus que tout, je suis effrayée.

« J’ai trouvé quelque chose le soir où je me suis rendu dans ta chambre, à Boston. Cela m’a mis en colère, mais j’ai dû prendre soin de toi vu l’état dans lequel tu te trouvais. Maintenant que tu vas mieux et tu que progresses de jour en jour, mon esprit ne cesse de revenir à cette petite découverte. Sais-tu de quoi je parle, Lilly ? »

Je cligne des yeux, puis essaie de comprendre. J’ai l’impression d’être au cœur d’un procès, sauf que j’ignore de quoi l’on m’accuse.

L’homme en face de moi est pourtant celui avec qui j’ai passé ces journées magiques. Je secoue la tête, avant de répondre :

« Non, Jeremy…

– Je parle de ça ! »

Il jette un morceau de papier froissé avant de m’ordonner

Ramasse-le. »

Je m’exécute, tremblante. L’écart entre ce que je suis en train de faire et la façon dont j’envisageais la journée est tel que je n’arrive pas à penser correctement. Cela fait si longtemps que je n’ai pas fait face à cet aspect de la personnalité de Jeremy que j’ai oublié comment réagir. Lentement, je me relève et ouvre le billet.

« Lis-le », aboie Jeremy.

L'une de mes épaules heurte violemment la paroi. Je sens et entends un craquement dans mon bras. Ce dernier s'accompagne de la douleur la plus intense que j'ai ressentie jusqu'à présent. Et le son ? C'est peut-être le pire. C'est comme si l'on brisait une brindille, sauf que cette dernière se trouve à l'intérieur de mon bras.

Je comprends qu'il vient de me casser le bras.

- Mon esprit est sombre et mes pensées noires, Lilly. Toi, tu es la lumière qui radie à travers elles. Tu m'as percé à nue. Je suis sans défenses face à toi. (l'orthographe est celle de l'édition sans correction)

Il n’a pas abusé de moi uniquement parce qu’il en retirait du plaisir. Il ne m’a pas fait subir toutes ces choses parce qu’il

était en mesure de le faire.

Les raisons qui l’ont poussé à agir de la sorte étaient claires pour lui. Il avait un objectif en vue. Il existait une logique derrière la folie. Une logique sombre, tordue et inacceptable. Une logique de sadique, certes, mais une logique quand même.

Voici comment j’ai réussi à mettre fin au conflit que se livraient mes émotions à chaque fois que je ne me trouvais non loin de Jeremy Stonehart. Peut-être suis-je faible, moi qui suis tombée amoureuse de mon ravisseur. Peut-être est-ce moi qui délire.

« Sale monstre ! Qu’as-tu fait ?

– Pour l’instant ? Rien. Quant à la suite… »

Il pousse un bouton. Rose, Charles et Hugh sont pris de convulsions.

Jeremy Stonehart a activé le courant.

« Non, non, arrête ! Jeremy, arrête ! Non ! »

Il hausse un sourcil et appuie à nouveau sur le bouton avec un calme olympien. Charles s’affaisse ; Hugh tombe ; Rose vomit.

« Comment peux-tu faire cela ? Comment peux-tu oser me montrer cela et t’attendre à ce que je reste avec toi ?

– Je ne m’attends à rien. »

Ses yeux brillent d’une lueur diabolique. Il continue :

« Si ce n’est à que tu fasses preuve d’une loyauté sans faille. Tu en sais beaucoup trop pour que je te laisse partir.

– Tu es malade. Jamais tu ne l’auras ! Jamais ! »

Je regarde ce pauvre Charles. Il est innocent. Il n’a jamais fait de mal à une mouche !

« Quel dommage ! Tu es coincée, Lilly. Si ce que tu viens de dire à mon sujet est vrai, alors tu aurais mieux fait de me tuer lorsque tu en avais l’opportunité. »