Extrait

Je me recule et le regarde droit les yeux ; ces yeux magnifiques, sublimes et pleins de tendresse dans lesquels je ne vois pas l’ombre de Stonehart. Ce n’est que Jeremy. Cette compassion, cette sympathie, cette chaleur, cette gentillesse et cet amour sont propres à Jeremy ; à ce petit garçon qu’il a jadis été ; à la personne qu’il a dû cacher afin de devenir cet homme destiné à dominer le monde.

Dans un murmure, je dis :

« Tu ne fais pas semblant lorsque tu es avec moi, n’est-ce pas ? Tu ne te retiens pas. Tu penses réellement tout ce que tu dis. Tu m’aimes réellement.

– Oui. »

Il se penche pour m’embrasser.

Nos lèvres se scellent dans un baiser à la fois tendre et passionné. J’ai été éloignée de lui trop longtemps. Nous avons été séparés trop longtemps. J’ai l’impression que des années se sont écoulées depuis notre dernier baiser.

La lune donne un côté magique à celui-ci.

Il se recule et appuie son front contre le mien.

« Oui, répète-t-il. Je t’aime vraiment. Je ne peux pas étouffer ce sentiment, Lilly. Pour la première fois de ma vie, je n’ai pas envie de me cacher. Je n’en ai pas besoin. Je suis prêt à m’abandonner pour toi, si seulement tu m’y autorises.

– Oui. Bien sûr, Jeremy. Je t’y autorise et… »

Je marque une pause, prends une profonde inspiration et poursuis :

« Je crois que moi aussi, je t’aime. »

Jeremy écarquille les yeux. Je ne l’ai jamais vu aussi surpris.

« Tu…quoi ?

– Je crois que je t’aime, Jeremy. »

Comme il est bon de prononcer ces mots presque libérateurs. D’une certaine manière, je fais mes adieux aux derniers doutes et aux incertitudes qui m’éloignaient de Jeremy. Ce sont les mots les plus importants que j’ai dit de toute ma vie. Il sourit. Son sourire est doux, plein de compassion. Son pouce caresse le coin de mes lèvres.

« Je sais », dit-il.