Extraits

- Comment contraindre mes frères à me rendre Coré ? reprit Déméter. C'est l'ordre du monde que je bouleverse en affamant les hommes, et Zeus ne saurait l'accepter. Mais que peut-il contre moi ? Déchaîner ses foudres ? J'ai interdit la pluie et il m'a laissé faire, lui qui assemble les nuées... Il redoute trop ma colère de mère ! Moi, je n'ai plus rien à perdre, ayant perdu ma fille.Alors, qu'il fasse pleuvoir s'il le veut, j'arracherai de mes propres mains et mes dents le moindre grain d'herbe sur la terre entière !

Tandis qu'elle prononçait ces paroles, sa voix s'était modifiée, prenant une ampleur nouvelle. Déo la vieille femme, une fois de plus, laissa la place à la déesse Déméter. Triptolème et Céléos abaissèrent le regard, ne pouvant soutenir l'aveuglante lumière.

- Courte sont la vie des humains mais si distrayante pour les dieux, et se renouvelant sans cesse ! poursuivit-elle. Sans humanité, pas de sacrifice, pas de jolie mortelle avec qui s'accoupler, pas de destins grandioses ou dérisoire à accompagner - rien qu'une éternité d'un immortel ennui !... Que Zeus me rende ma fille, sous peine de voir à jamais brisé le fragile équilibre que lui-même à mis en place et dont il est le garant !

Elle entendit le roulement d'un chars lancé à toute allure. Elle ne vit rien. Un hennissement soudain à son oreille la fit hurler de terreur. Une main invisibl eet froide lui happa alors le poignet tandis qu'une voix, plus glacée encore, lui souffla :

- Perséphone !

(4ème page de couverture)